Ces silences et ces non-dits sont des erreurs d'appréciation puisqu'on se tait par peur du conflit alors que c'est parce qu'on s'est tu que le conflit est né.
L’une des caractéristiques principales d’un conflit est la prédominance de l’émotionnel sur le rationnel : ce sont moins les « faits » (les mots prononcés, les gestes effectués…) qui sont en cause que les réactions affectives qu’ils provoquent. La raison essentielle en est qu’il renvoie souvent à des situations douloureuses de l’enfance (se faire gronder, être pris en faute, se sentir coupable, être rejeté…) qui n’ont pu être comprises et dépassées à l’époque, et qui resurgissent dans ces moments pénibles. À cet égard, on peut dire que le conflit a un aspect « régressif » qui rend d’autant plus difficiles, pour celui qui le vit, sa compréhension « intellectuelle » et son analyse.
Comme dans le couple, les conflits en amitié tendent à refléter la structure profonde de la relation. Or, celle-ci est marquée par le décalage entre le fantasme et la réalité, ainsi que par le déséquilibre entre les attentes et les comportements. D’où la facilité avec laquelle s’installent l’amertume et le sentiment d’avoir été déçu.
Communiquer avec les autres oblige donc à gérer des exigences parfois contradictoires : s’ouvrir aux autres et se protéger d’eux ; en être proche et les tenir à distance ; communiquer pour maintenir la relation tout en sachant taire ce qui peut lui nuire ; être authentique dans ses émotions tout en abordant les situations rationnellement ; être à la fois autonome et dépendant… Et cette gestion est d’autant plus délicate et potentiellement conflictuelle que ces besoins sont tous fortement teintés d’affectivité.
Les membres d’un groupe ont tendance à se comparer les uns les autres ; chacun cherche à vérifier, notamment, si le rapport entre les « rétributions » (le salaire au travail, les marques d’affection dans une fratrie, les notes en classe…) et les « contributions » (les « mérites », les efforts déployés, les résultats obtenus…) est le même pour tous
Lorsque la relation est vécue comme un rapport de forces, l’écoute et la compréhension deviennent des « faiblesses » : s’ouvrir à l’autre revient à « baisser la garde » ; admettre son point de vue, « se faire avoir » ; reconnaître sa responsabilité, « perdre la face »…
la quête de reconnaissance identitaire une des dynamiques essentielles des relations interpersonnelles.