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Critique de frandj


René-Victor Pilhes a écrit plusieurs très bons romans, mais celui-ci est sans aucun doute le plus original et le plus ambitieux. le lecteur pénètre immédiatement à l'intérieur d'une grande entreprise multinationale, très puissante et fière de sa puissance. Un jour, ses cadres, pourtant performants et de haut niveau, se trouvent gravement déstabilisés par un inconnu. Celui-ci vient les provoquer par des "imprécations" bizarres: leur activité est persiflée, la finalité de leur business est remise en cause, leur rôle social est questionné. Ces textes vaguement menaçants pourraient être méprisés, mais ils inquiètent les dirigeants de l'entreprise, sans doute en raison de leurs sous-entendus et de leur ton très ambigu. Et ça se corse quand le lecteur comprend que l'imprécateur fait partie de la "maison" ! Plus l'histoire avance, plus les protagonistes deviennent déraisonnables. Et l'affaire prend un tour rocambolesque, presque fantastique; L'ultime partie du livre est à la fois ridicule et terrifiante; c'est comme un crépuscule des Dieux caricatural.

Le propos de l'auteur, qui lui aussi avance partiellement masqué, n'a pas la clarté triviale d'un texte de propagande anti-capitaliste. Mais il est clair qu'il conteste - avec virulence, mais d'une manière intrigante - l'omnipotence des multinationales dans notre planète. En particulier, le dénouement suggère symboliquement les dangers et la (paradoxale) fragilité de ces entreprises. Quand on repense à certains grands événements économiques postérieurs à la parution du livre (par exemple la crise des "subprimes" de 2008), on se dit que Pilhes nous avait tous prévenus d'une façon détournée mais implacable.
Mais ce qui me semble le plus remarquable, sur le plan littéraire, c'est le style: ampoulé, trop "précieux", plein de périphrases et de tics d'écriture; il est associé à une sorte d'hypocrisie sous-jacente empesée et irritante. D'ailleurs, les textes de l'imprécateur représentent la quintessence de ce type d'écriture. Bien entendu, ce choix est volontaire, et assumé par l'auteur. Il contribue pour beaucoup à faire de ce roman un OVNI littéraire particulier et difficile à oublier.

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