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Critique de Berthelivre


Altos de la Cascada : une réserve dans les années 1990-2000. Pas une réserve d'Indiens, non, une réserve de gens nantis, riches, privilégiés, en Argentine. A l'abri des risques et dangers de la vie dans un immense quartier clos, sécurisé par des codes et des vigiles, de jour comme de nuit. Dans ce cadre paysagé idyllique, de grandes maisons modernes, fonctionnelles et luxueuses, des cours de tennis, un golf de dix-huit trous. Des habitants vivant entre eux, se recevant, participant à des associations oeuvrant pour la résidence, se connaissant tous. Coulés dans le même moule économique et social.

Dès les premières pages, on apprend que trois hommes de la résidence viennent de mourir noyés dans une piscine. Et puis on n'entend plus parler de ce drame jusqu'aux dernières pages : l'auteur raconte longuement ce qu'est la vie à La Cascada, comment elle a évolué avec les années, les normes, explicites ou sous-entendues, qui doivent y être respectées, les relations et les affinités qui se sont créées.

« Il y a des gens qui se méprennent, qui croient que, parce que nous vivons dans ce type d'endroit, nous finissons toutes par nous ressembler ».

Mais de chapitre en chapitre, on retrouve différentes familles, l'histoire de chacune, les circonstances de son arrivée à La Cascada, son intégration dans ce milieu qu'elle a imaginé de rêve. Chacune a apporté avec elle ce qui la rend unique. Unique et tristement banale souvent. le décor aseptisé ne protège pas du chômage, de l'alcoolisme, de la violence maritale, du snobisme ou de la bêtise. Il ne guérit pas des névroses incrustées, des ambitions déçues, des préjugés imbéciles.

L'auteur décrit avec finesse, juste en les illustrant de détails au jour le jour, les failles, les défaillances, les faiblesses, plus ou moins graves, de chacun des personnages. Deux seulement sauvent la pureté et l'exigence. Deux adolescents magnifiques, insensibles à la perversion des valeurs que leur milieu, trop favorisé, a suscitée chez leurs parents sans même qu'ils en prennent conscience.
Deux adolescents qui rachètent, par leur soif d'absolu et de vérité, les accommodements frauduleux que les adultes prennent avec la réalité.

La structure du livre est surprenante au début de la lecture. Certains chapitres sont d'un narrateur omniscient, d'autres donnent la parole à une femme qui vit à la Cascada depuis longtemps. Ils changent aussi de temporalité, sur une trentaine d'années. Mais comme un puzzle, l'ensemble construit peu à peu la fatalité révélée dès les premières pages. Une construction longue mais fouillée et parfaitement convaincante.

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