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Citations sur Rationalité (13)

Et qu’on réserve un cercle spécial dans l’enfer des journalistes aux scribouillards qui, en 2021, alors qu’étaient déployés des vaccins contre le Covid efficaces à 95 %, ont sorti des articles sur des vaccinés ayant contracté la maladie. Par définition, cela n’avait rien d’une nouvelle – on savait bien qu’il allait y en avoir – tout en garantissant de faire fuir des milliers de personnes loin de ce traitement salvateur.
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La disponibilité, bien sûr, n’est pas le seul facteur de distorsion de la perception du risque. Paul Slovic, un collaborateur de Tversky et Kahneman, montre que les gens surestiment également le danger des menaces qui sont nouvelles (le diable inconnu est pire que le diable familier), hors de leur contrôle (comme s’ils pouvaient conduire leur voiture de manière plus sûre que le pilote de ligne aux manettes de l’avion), créées par l’homme (ils évitent donc les aliments génétiquement modifiés mais avalent les nombreuses toxines qui ont évolué naturellement dans les plantes) et inéquitables (lorsqu’ils ont le sentiment d’assumer un risque au profit de quelqu’un d’autre)
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Personne n'est suffisamment rationnel pour trouver du sens tout seul: la rationalité émerge d'une communauté de raisonneurs qui détectent leurs erreurs respectives.
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Une version plus lapidaire de l’argument bayésien contre les affirmations paranormales a été énoncée par l’astronome et vulgarisateur scientifique Carl Sagan (1934-1996) dans le slogan qui sert d’épigraphe à ce chapitre : « Les affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires. » Une affirmation extraordinaire a une faible probabilité a priori bayésienne.

Pour que sa confiance a posteriori soit supérieure à la confiance a posteriori de son opposé, la vraisemblance des preuves étant donné que l’hypothèse est vraie doit être beaucoup plus élevée que la vraisemblance des preuves étant donné que l’hypothèse est fausse. En d’autres termes, les preuves doivent être extraordinaires.
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Ils peuvent prétendre qu’aucun Écossais ne met de sucre dans son porridge, et lorsqu’ils croisent Angus, qui met du sucre dans son porridge, y voir la preuve qu’Angus n’est pas un vrai Écossais. Le sophisme du vrai Écossais permet également d’expliquer pourquoi aucun authentique chrétien n’a de sang sur les mains, pourquoi aucun authentique État communiste n’est répressif et pourquoi aucun authentique partisan de Donald Trump ne cautionne la violence.
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De nombreux faits bien sur sont blessants : l'histoire raciale des États-Unis, le réchauffement climatique, un diagnostic de cancer, Donald Trump. Mais ce sont tout de même des faits, et nous devons les connaître pour mieux y faire face.
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Mais les lois de la logique sont générales : elles s’appliquent que le contenu soit d’actualité, obscur ou même absurde. C’est ce point, et non une simple fantaisie, qui a conduit Lewis Carroll à créer les « sots-ligismes » (sillygisms) dans son manuel de logique symbolique de 1896, dont beaucoup sont encore utilisés dans les cours de logique aujourd’hui. Par exemple, à partir des prémisses « Un chiot boiteux ne vous dirait pas merci si vous proposiez de lui prêter une corde à sauter » et « Vous avez proposé de prêter une corde à sauter au chiot », on peut déduire que « Le chiot n’a pas dit merci4 »
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Et puis il y a Irwin, l’hypocondriaque qui dit à son médecin : « Je suis sûr d’avoir une maladie du foie. » « C’est impossible, répond le médecin. Si vous aviez une maladie du foie, vous ne le sauriez pas – on ne sent rien. » Irwin répond : « Ce sont exactement mes symptômes ! »
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En définitive, même les relativistes pour qui une vérité objective est impossible et toute proposition le récit d’une culture située n’ont pas le courage de leurs convictions. Les anthropologues culturels ou les théoriciens littéraires qui prétendent que les vérités de la science ne sont que des constructions culturelles préféreront toujours que l’infection de leur enfant soit traitée par des antibiotiques prescrits par un médecin plutôt que par le chant de guérison d’un chaman. Et bien que le relativisme se pare souvent d’un halo moral, les convictions morales des relativistes dépendent d’un engagement envers la vérité objective. L’esclavage était-il un mythe ? L’Holocauste n’a-t-il été qu’un récit parmi d’autres ? Le changement climatique est-il une construction sociale ? Ou bien la souffrance et le danger qui définissent ces événements sont-ils vraiment réels (des propositions dont nous savons qu’elles sont vraies en raison de la logique, des preuves et du savoir objectif) ? Voilà que les relativistes cessent d’être aussi relatifs
Pour la même raison, il ne peut y avoir de compromis entre la rationalité et la justice sociale ou toute autre cause morale ou politique. La quête de la justice sociale commence par la conviction que certains groupes sont opprimés et d’autres privilégiés. Il s’agit de propositions factuelles, qui peuvent être erronées (comme le soulignent les défenseurs de la justice sociale eux-mêmes lorsqu’ils rétorquent que non, les hommes blancs hétérosexuels ne sont pas opprimés).
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Lorsqu’il s’agit d’argumenter contre la raison, dès que vous commencez, vous avez perdu. Disons que vous affirmiez que la rationalité n’est pas nécessaire. Est-ce que cette proposition est rationnelle ? Si vous admettez qu’elle ne l’est pas, alors il n’y a aucune raison pour que je la croie – vous venez de le dire vous-même. Mais si vous voulez que j’y adhère parce qu’elle est rationnellement convaincante, vous avez concédé que la rationalité est le mètre-étalon de l’acceptation des croyances, auquel cas cette proposition-là est forcément fausse. De la même manière, si vous prétendiez que tout est subjectif, je pourrais demander : « Cette proposition est-elle subjective ? » Si c’est le cas, alors vous êtes libre de la croire, mais je ne suis pas obligé de le faire. Ou supposons que vous affirmiez que tout est relatif. Cette proposition est-elle relative ? Si c’est le cas, alors elle peut être vraie pour vous, ici et maintenant, mais pas pour quelqu’un d’autre ou après que vous vous êtes tu. C’est également la raison pour laquelle le cliché de l’« ère de la post-vérité » dans laquelle nous vivrions ne peut être vrai. S’il était vrai, il ne le serait pas, car il affirmerait quelque chose de vrai sur l’ère dans laquelle nous vivons.

Cet argument, exposé par le philosophe Thomas Nagel dans The Last Word, est certes non conventionnel, comme devrait l’être tout argument sur l’argument lui-même. Nagel le compare à l’argument de Descartes selon lequel notre propre existence est la seule chose dont nous ne pouvons douter, car le fait même de se demander si nous existons présuppose l’existence de quelqu’un qui se pose la question. Le fait même d’interroger le concept de raison à l’aide de la raison présuppose la validité de la raison. Étant donné cette inconventionnalité, il n’est pas tout à fait juste de dire qu’il faut « croire en » la raison ou « avoir foi en » la raison. Comme le souligne Nagel, c’est « une pensée de trop ». Les maçons (et les francs-maçons) ont vu juste : nous devrions suivre la raison.
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