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Critique de Nastasia-B


Luigi Pirandello avec sa pièce la plus célèbre, Six Personnages En Quête D'Auteur, ne nous invite pas AU théâtre mais DANS le théâtre. Il nous fait nous pencher sur le processus de création théâtrale, tant sur le plan de l'écriture que sur la mise en scène.

Le sujet, pourtant fort, disparaît complètement derrière cette réflexion sur le théâtre en tant que spectacle et tirant sa moelle du drame quotidien des gens. Cette réflexion devenant, pour le coup, le véritable sujet de la pièce.

Il y a en fait beaucoup de questions, clairement posées ou latentes, dans cette oeuvre. Les personnages de fictions sont-ils moins réels que les personnages réels qui jouent la fiction ? Est-ce l'auteur qui écrit la pièce ou n'est-il que le transcripteur de ce que les personnages ont à dire lorsqu'on les laisse interagir entre eux ? Les drames humains qui nourrissent le théâtre et la création fictive en général peuvent-ils et doivent-ils devenir de simples divertissements, de simples activités " comme une autre " pour tous ceux qui en vivent ? Où se situe la limite entre la scène et la vie ? La vie n'est-elle pas un théâtre au même titre, à plus juste titre même, que le théâtre ?

On pourrait multiplier comme ceci les interrogations buissonnantes et quasi métaphysiques soulevées par Luigi Pirandello mais telle n'est pas mon intention. Je tiens simplement à dire ou redire le distinguo que font beaucoup personnes à propos du théâtre et vis-à-vis duquel je ne suis pas toujours (voire, pas souvent) d'accord.

En substance, beaucoup me disent : « le théâtre, ça ne se lit pas ; ça doit se voir sur scène. » Personnellement je ne partage pas du tout ce point de vue. Pour moi, il y a des pièces qui gagnent à être lues plutôt que vues, il y en a pour lesquelles les deux sont à peu près équivalentes, il y en a pour lesquelles les deux se valent mais pour des raisons différentes (complémentarité) et enfin, seulement, il y en a pour lesquelles la représentation sur scène est très supérieure et souhaitable par rapport à la lecture.

Une fois cette distinction faite, je tiens à signaler que cette pièce gagne beaucoup à être vue plutôt que lue. Elle est vraiment fondue dans le lieu même d'un théâtre et l'ambiguïté voulue entre scène de théâtre et scène de la vie réelle n'est parfaitement rendue qu'au théâtre.

Je ne sais pas si le fait de parler du sujet qui est débattu dans la pièce a beaucoup de sens ou beaucoup d'importance, eu égard à ce qui me semble être le principal projet de l'auteur. J'en dirai donc simplement deux mots.

Lors d'une répétition dans un théâtre où divers gens de troupe sont présents (directeur, accessoiriste, acteurs, etc.) six personnes (presque sept en fait) arrivent de façon impromptue et se disent à la recherche d'un auteur pour transcrire le drame de leur histoire. le personnel du théâtre, d'abord importuné, se montre peu à peu intéressé par le drame " réel " vécu par ces " personnages ".

Il est alors rapidement convenu que les personnages vont jouer leur propre rôle devant les acteurs afin que ceux-ci s'en infusent avant d'assumer eux-mêmes les rôles. Mais très vite, ce sont des discussions sans fin entre les personnages, le directeur et les acteurs. Les uns prétendants être mieux informés que quiconque de la façon de jouer leur propre vie et les autres prétendants être mieux informés que quiconque de la façon de jouer dans un théâtre.

Je me permets de ne rien révéler du noeud de l'intrigue mais qui, je le rappelle, ne constitue sans doute pas (à mes yeux) le plus important de ce que cherche à nous dire l'auteur.

De mon point de vue, il s'agit d'une pièce intéressante mais pas du tout captivante. Une curiosité, devenue quasiment l'archétype de la mise en abîme (au théâtre ou ailleurs) et qui a probablement fait des petits à bien des endroits, au cinéma ou ailleurs. (Je pense par exemple au film Dogville de Lars von Trier où le réalisateur nous invite à réfléchir sur le décor et sur la fiction.) Mais, bien entendu, tout ceci n'est qu'un minuscule avis en quête de hauteur, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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