AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 15 notes
5
2 avis
4
4 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Ayacucho, le Recoin des Morts en quechua, doit son nom à un massacre remontant à l'époque de l'empire Inca. Quelques siècles plus tard, dans les années 80-90, cette ville des Andes péruviennes s'est à nouveau trouvée à l'épicentre du champ de bataille, coincée malgré elle dans une guerre silencieuse entre l'armée et la guérilla du Sentier Lumineux.

Or donc, nous avons à ma gauche les communistes du Sentier, « troupes fantasmagoriques d'un parti maoïste, aussi primaire, aussi caricatural et aussi déliquescent qu'un épiphénomène asiatique implanté en Amérique ». A ma droite, l'Etat péruvien, « dignement » représenté par son armée « endoctrinée et, surtout, armée par les puissances qui commandent réellement dans ce monde, comme d'habitude ». Et ces deux extrêmes sont tellement extrêmes qu'ils se rejoignent, hallucinés et sanguinaires, pour encercler ceux qui ne demandaient que la paix, les villageois, les paysans, désormais pris au piège de leurs oppresseurs des deux bords. Car s'il est risqué de choisir un camp, il est deux fois plus dangereux de ne pas le choisir : « souffrir les assauts des bourreaux pervers qui ne veulent qu'une chose, éviter que tu t'allies avec leur ennemi. Mais que se passe-t-il si les bourreaux ne te veulent pas non plus à leur côté et te tuent ? » Choisir ou ne pas choisir n'est pas la question. Bienvenue dans la paranoïa et la terreur péruviennes. Dans cette guerre sale et sournoise qui ne laisse entendre que quelques coups de feu dans la nuit et ne laisse paraître que de rares cadavres au petit matin, le troisième camp, celui des victimes, préfère « ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire ». A la marge de cette troisième voie, quelques courageux, audacieux, insensés, qui rêvent de rendre compte de ce qui se passe : trois journalistes, deux locaux et un Espagnol, Vicente Blanco (personnage fictif mais manifestement l'alter-ego ibérique de l'auteur). Celui-ci, narrateur, arrivé à Ayacucho avec une certaine candeur pour enquêter sur la guérilla, sera bien vite déniaisé par ses collègues péruviens, Luis et Max, et par ses entretiens avec les représentants de l'intelligentsia locale, l'Armée et l'Eglise. Inexorablement engagés dans le camp des innocents anonymes, Vicente, Max et Luis sont lancés corps et âme dans un jeu de plus en plus serré et dangereux.

Terrorisme aveugle, répression aveugle, victimes lucides mais impuissantes, tout cela est au coeur de ce « grand roman de la violence péruvienne », entretenue par des idéologies bancales et un profond racisme à l'égard des Indiens. Une histoire pesante qui parvient jusqu'à nous, un « J'accuse » andin qui dénonce la folie maoïste, la barbarie militaire et la lâcheté, voire la complicité, de l'Eglise catholique. Le style aurait gagné à être moins répétitif et moins pédagogique, plus concis, plus aéré et allégé en points d'exclamation un brin naïfs, mais on ressent parfaitement le dilemme désespéré du narrateur (et de l'auteur), qui a dû se résoudre, la mort dans l'âme, à fuir le Pérou et à y abandonner ses amis, pour sauver sa peau et le produit de ses investigations, et témoigner. Un travail de mémoire essentiel.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          460
Ce que j'ai ressenti:

Depuis le commencement de la répression, contre le Sentier Lumineux, l'armée a fait disparaître les gens, mais au début ils n'étaient que quelques-uns et on pouvait les identifier.

Si seulement vous pouviez voir mon exemplaire de Ayacucho, rien qu'à l'oeil nu, vous pourriez voir que ce livre ne m'a pas laissée indifférente…C'est très souvent le cas avec les lectures de la collection Metailié, et quand je le feuillette une énième fois pour écrire cette chronique, je le vois maintes fois corné ( c'est quand un passage me bouleverse…), des phrases sont surlignés en fluo (c'est quand la poésie s'y glisse), et puis, il y a toutes les recherches en post-it que j'ai faites pour mieux m'imprégner de l'ambiance du livre…Oui si seulement, vous pourriez voir tout cela, il a vécu ce livre: en couleurs et plissage, en émerveillement et émotions…Ce n'est pas une lecture qui laisse indemne: il m'a fait prendre conscience, que dans le monde, il y a des lieux maudits et Ayacucho porte bien son nom: le Recoin des Morts…

« Mais quand je voyage, je retrouve la liberté et mon vice de toujours, le papier, les crayons, l'encre. »

Le talent d'un auteur se déniche dans les détails. Alfredo Pita en étant journaliste, écrivain et poète nous dévoile dans une prose magnifique et bouleversante, tout un contexte historique, politique et social au Pérou: il a l'art et la manière d'utiliser les mots qui parle au coeur, de suggérer plutôt que de heurter, de dépeindre avec une beauté sensitive, les malheurs d'une population. Une plume à l'image de la violence péruvienne: dissimulée à un oeil non averti, il en reste pourtant l'odeur, encore plus intrusive… le cadre de vie de Ayacucho est irrespirable, les horreurs bien dissimulées aux regards d'autrui, et ce qui est encore pire, car c'est dans l'ombre que les monstres se révèlent, les plus cruels…En créant son personnage de Vicente Blanco et ses deux acolytes un peu téméraires Luis et Max, Alfredo Pita lance son intrigue dans une enquête journalistique pour comprendre les massacres qui s'y déroulent, pour rendre justice aux victimes de ses pairs tués à Uchuraccay, mais surtout pour faire enfin la lumière, sur ces milliers d'anonymes, disparus dans le néant…Une enquête qu'on ressent comme une urgence, au péril de leurs vies, avec toutes les menaces sourdes ou énoncées…La tension dans ses lignes est oppressante, et pourtant, l'auteur arrive à nous atteindre avec de la douceur et de la poésie…

« Tout au long de l'histoire du Pérou la vie d'un indien n'a jamais rien valu. Elle n'est bonne qu'à arroser la terre des autres de sueur et de sang. Et je ne parle pas de ses larmes parce qu'il y a longtemps qu'il n'en a plus! »

Je ne croyais plus jamais revoir écrit, et surtout dans l'actualité des années 80, les mots tels que « Camps d'extermination ». Mes yeux se sont brouillés… Comme j'ai été naïve de croire que l'Histoire aiderai les Hommes à ne pas reproduire les horreurs du passé… Ayacucho, théâtre macabre et lieux de perdition pour tous ses habitants, victimes d'une guerre silencieuse entre la folie terroriste du Sentier Lumineux, l'Etat Péruvien et quelques arrangements flous avec l'Eglise: un cocktail détonnant qui a vu mourir des milliers d'innocents dans les hauteurs andines…Voilà pourquoi cette lecture, restera longtemps dans mon esprit, parce que tout le contexte est réel dans cette fiction, et qu'on ne peut décidément pas rester de marbre devant de telles souffrances…C'est d'abord un coup au coeur, avant d'affirmer que c'est un coup de coeur. Une histoire qui mérite de sortir des sombres sentiers, où la cruauté a cru agir impunément. Un livre magnifique pour ne pas oublier cette tragédie ignoble…

« Alors la logique s'impose: ce qui est invisible n'existe pas,et s'il arrive quelque chose à ce qui n'existe pas, aussi dramatique que cela soit, quelle importance. »

Ma note Plaisir de Lecture 10/10

Chronique complète sur le blog ;)
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          296
Une très sale guerre. Elle a ensanglanté le Pérou durant des années, dans les campagnes notamment, avec pour principales victimes des paysans qui n'avaient que le tort de se trouver entre le Sentier lumineux et les forces militaires lesquelles, avec l'aide des autorités et de l'Eglise, rivalisaient avec leurs opposants dans les exécutions expéditives, faisant régner un climat d'horreur. C'est ce que le héros de Ayacucho (une ville dont le nom signifie le recoin des morts, en langue quechua), un journaliste espagnol un peu candide, va découvrir au fil de son séjour au coeur du cyclone de violence. en 1991. le paradoxe est qu'il ne voit pratiquement rien au début, avant de comprendre, avec la fréquentation et l'amitié de journalistes locaux, l'étendue des atrocités de cette "guerre invisible". C'est tout l'intérêt du roman d'Alfredo Pita que de coller aux basques de ce reporter naïf et inconscient dans une enquête minutieuse et patiente où l'on apprécie notamment les entrevues avec l'évêque d'Ayacucho, une canaille absolue dont la personnalité n'est pas sans rappeler le rôle des ecclésiastiques dans la guerre d'Espagne, le parallèle entre les deux conflits étant souvent établi par l'auteur. le livre n'est pas exempt de répétitions ni d'atermoiements mais sa richesse documentaire est indéniable de même que son intensité dramatique. Journaliste, poète et auteur de nouvelles et de contes, Alfredo Pita n'a écrit qu'un autre roman. Nul doute que Ayacucho est pour lui le livre le plus important de son existence, ce qui explique sa force malgré un style que l'on pourrait assez souvent qualifier de journalistique.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
Commenter  J’apprécie          170
L'auteur, péruvien, décale son regard sur son pays en confiant la parole à un narrateur, journaliste espagnol. Celui-ci mène une enquête au Pérou sur les disparitions et assassinats de journalistes et de paysans dans la région d'Ayacucho, du fait à la fois des militants maoïstes du Sentier lumineux et de l'armée péruvienne.
Les maoïstes, voulant être dans le peuple "comme un poisson  dans l'eau" s'acharnent à éliminer toute opposition de la part des paysans, et de son côté l'armée sème la terreur en voulant annihiler toute tentative de complicité des paysans avec le mouvement maoïste.
Pris entre deux feux, c'est tout un pan du peuple péruvien qui trinque, les morts et disparitions se comptant par milliers.
Le livre prend la forme d'un roman noir et sensible, où s'affrontent de beaux personnages et de beaux salauds.
A lire absolument si l'histoire de l'Amérique latine vous intéresse.
Commenter  J’apprécie          141
Caliméro le résumait bien : C'est trop injuste ! Voilà un roman qu'une copinaute m'avait donné envie de découvrir, je mets la main dessus (enfin !), je commence à le lire et là, bardaf, c'est l'embardée.

Pas moyen d'entrer dans l'histoire, ou du moins, pas assez longtemps que pour arriver à me concentrer plus de 15 pages.

Impossible de m'attacher aux personnages, même au principal, Vicente Blanco, le reporter espagnol qui nous livre brut de décoffrage ce qui se passe devant ses yeux, ou les témoignages qu'on lui confie car devant ses yeux, il ne se passe pas grand-chose, tout est larvé, caché sous les tapis.

Qui se font la guerre ? D'un côté du ring, l'armée de l'état Péruvien et de l'autre côté, les combattants du Sentier Lumineux. Oui, dis ainsi, leur nom fait plus penser à une espèce de secte pour le bien-être qu'a des guérilleros !

Problème c'est que pour les combattre, on torture des gens, on les tue, puis on dit que de toute façon, c'était des vilains terroristes communistes du Sentier Lumineux.

Qui veut la paix prépare la guerre et les deux factions sont aussi dingues l'une que l'autre, aussi azimutées, aussi extrémistes, bref, il ne fait pas bon se trouver entre le marteau et l'enclume (à défaut de la faucille) et ceux qui se font taper dessus, ce sont les pauvres paysans qui n'ont rien demandé, ou presque.

Parfois, on souhaite une chose et ce qui arrive n'est pas toujours ce que l'on a désiré.

Ici, faut faire un choix : soit tu as avec l'armée, soit tu es avec les communistes maoïstes (et toutes les définitions en "istes"), ne pas choisir est mauvais pour la santé et pour sa vie. Mais faire le mauvais choix l'est aussi et parfois on se demande ce qu'il faut faire puisque les bourreaux ne te veulent pas de leur côté.

Même jouer au trois singes, celui qui ne voit pas, n'entend pas, ne parle pas, n'est pas la garantie de la vie sauve.

Anybref, il ne fait pas bon se balader au Pérou. On est loin de ♪ Esteban, Zia, Tao, les cités d'or ♫ mais on a mis les pieds dans du racisme primaire, dans des disparitions à la pelle, des tueries, des assassinats politiques ou autre, dans la répression aveugle, qu'elle soit commise par le pouvoir politique en place ou par les zozos du Sentier Lumineux, quant à l'Église, on n'en parlera pas, elle regarde ailleurs, bien entendu.

Après tout ceci, vous vous demandez toujours où le truc a foiré, où la couille est apparue dans le potage.

Tout simplement à cause du style d'écriture que j'ai trouvé répétitif, mal fichu, un peu comme si nous relisions les notes écrites à la volée par la journaliste.

Journaliste qui n'a pas oublié d'être professoral aussi, ajoutant de l'ennui à ma lecture. le récit est lourd, lent et n'avance pas.

Manque de dynamisme, manque de rythme, le côté mon "reportage en direct" ou "notes pas corrigées" m'ont fait soupirer et ralenti ma lecteur, sans compter que tout cela manquait de séparations bien nettes des dialogues,… Aah, ces petits guillemets qui étaient parfois aux abonnés absents.

Tous ces petits détails qui ont alourdis le récit, l'empesant inutilement et le rendant aussi lourd à digérer qu'un porridge froid.

Dommage, j'en attendais beaucoup et ça me fait râler d'être passé à 20.000 lieues de ce roman. Je ne le coterai même pas, tiens.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          142
Un journaliste espagnol , lesté du souvenir lointain de la guerre civile, débarque dans les montagnes péruviennes , à Ayacucho , pour enquêter sur les batailles anciennes qui libérèrent le pays de l'emprise coloniale mais surtout sur l'affrontement présent entre l'armée et la guérilla du Sentier lumineux . Sous des dehors paisibles et lénifiants il découvre peu à peu que la petite ville mérite bien son funèbre surnom : « le coin des morts » . Militaires et guérilleros tels des meules de granit broient la population indienne dans une tuerie sournoise sous le regard complice d'une église au service des puissants . Vicente va peu à peu s'engager à la recherche d'horribles vérités cachées , avec l'aide de journalistes locaux et l'appui de la population . Mais quand rôdent dans l'ombre les escadrons de la mort , le journaliste est une cible…. Un roman qui nous porte au coeur des « veines ouvertes de l'Amérique Latine »
Commenter  J’apprécie          30
Plutôt qu'un long reportage le journaliste A.Pita a préféré un roman. Mal lui en a pris car son écriture assez plate et redondante affaiblit son sujet.
La guerre civile au Pérou aurait mérité un meilleur traitement. Certes on apprend l'essentiel, à savoir que la guerria maoïste du Sentier Lumineux et l'armée Péruvienne emploient la terreur contre la population avec une cruauté insupportable, qu'il faut baisser la tête ou mourir,qu'être journaliste est un chemin direct vers le martyre et que l'Eglise ne fait pas preuve de charité chrétienne.
Mais avec des personnages manquant d'épaisseur et une narration didactique et sans surprise le lecteur s'ennuie ferme.
Commenter  J’apprécie          30
Avec les éditions Métailié, le lecteur est toujours sûr de lire un roman bouleversant, passionnant et unique, ce fût encore le cas avec Ayacucho.

Ce roman est véritablement une mine d'or : j'ai à la fois énormément appris tout le long de ma lecture mais j'ai aussi été très émue. Alfredo Pita est un journaliste et un écrivain, on le ressent dans ce livre : on ressent tout le travail de recherche, on sent la vérité à chaque phrase, à chaque mot; on est témoin d'une prose magnifique qui souligne les drames omniprésents d'une terrible guerre.

Je ne connaissais pas vraiment l'histoire du Pérou mais ce livre a su m'apporter énormément au niveau de mes connaissances et il a su aussi me donner envie d'aller plus loin, de faire mes propres recherches. Un livre d'une grande puissance narrative où l'auteur décide de nous dévoiler tous les tenants et aboutissants via les yeux d'un journaliste encore candide : Vicente. Ce dernier était le héros idéal pour un tel livre : il va être confronté à l'horreur, perdre ses dernières traces d'innocence et découvrir cette peur liée à une guerre aveugle : des disparitions de corps, une enquête, la mort au bout du "Recoin des morts".

C'est un roman qui ne peut vous laisser indifférent, c'est un roman qui est nécessaire, c'est un roman qui parle des victimes, des journalistes, de la volonté de lever le voile sur la vérité, de se battre pour cette vérité, c'est un roman qui témoigne, qui frappe en plein coeur, qui met le lecteur face à la réalité.

En définitive, Ayacucho est indéniablement un grand roman et je vais de ce pas me procurer le Chasseur absent, autre roman de cet auteur.
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
Commenter  J’apprécie          30
Dans une prose parfois un peu plate, Alfredo Pitalivre un exposé implacable de la violence meurtrière, militaire et discriminatoire déchirant le Pérou des années 80. Ayacucho nous plonge dans cette lutte sans visage où le terrorisme devient un prétexte à une répression sans visage. Réquisitoire justifié, nécessaire indignation, ce roman trouve toute son ampleur quand il parvient à radiographier le Pérou.
Commenter  J’apprécie          30
Alors que certains médias sont dans la tourmente aujourd'hui à tort ou à raison n'oublions pas le rôle des véritables journalistes d'investigation - pas ceux qui répètent pendant des heures des propos insipides histoire de combler le temps qui leur est dévolu sur les chaînes d'information continue - ceux qui couvrent les conflits au péril de leur vie , à fin de montrer au monde la vérité des horreurs quotidiennes qui parsèment la planète . Vincente Blanco est un de ceux-là . le journaliste espagnol se retrouve en ce début des années 90 à arpenter les rues d'Ayacucho , cette ville du haut Pérou . Cornaqué par deux journalistes locaux , Max et Luis , il va découvrir une terrible guerre civile qui ne dit pas son nom , opposant le Sentier Lumineux , un groupuscule communiste maoïste et l'armée régulière péruvienne . le pire ce ne sont pas les victimes combattantes mais les milliers de victimes collatérales, pour la plupart innocentes, torturées, tuées et ensevelies dans des fosses communes et dont les bourreaux sont autant du côté du groupuscule rouge que de celui de l'armée, sensée protéger ses citoyens non les massacrer. Des victimes pour la plupart paysans ou autochtones d'origine quechua , mais aussi des témoins plus gênants.
Les trois amis n'ont alors plus qu'un objectif : témoigner , briser le silence qui semble être la règle à Ayacucho , faire éclater la vérité sur le drame qui se cache derrière ces immondes exactions et ses disparitions de masse dont les militaires semblent vouloir garder le secret à tout prix ..même s'il s'agit de la vie d'un journaliste.

Ce roman narré par Vicente c'est d'abord et avant tout le témoignage de l'auteur péruvien , Alfredo Pita , qui s'est enfuit d'Ayacucho au péril de sa vie , avant de se réfugier en France.
Il nous fait découvrir , à travers un style d'une grande efficacité , de magnifiques personnages , hauts en couleur, comme Doña Domitila , cette femme qui érige l'hospitalité et la solidarité en symboles , la mère Begoña , une femme avec un coeur gros comme ça , qui , dans son institution , aide les enfants orphelins et parmi les plus pauvres en leur offrant l'hébergement et un enseignement de qualité ou le père Esteban dont le parcours spirituel ne peut cautionner les connivences abjectes de l'Eglise catholique , symbolisé ici par l' évêque Crispin , avec les autorités militaires qui fomentent ces crimes contre l'humanité.
Ce roman rend un vibrant hommage au courage de ses hommes et de ses femmes qui continuent de vivre malgré le danger , qui continue de faire leur travail d'investigation malgré les menaces .
Un récit poignant et émouvant comme un devoir de mémoire envers toutes les victimes innocentes au sein des populations civiles et pour tous les reporters morts lors des conflits passés ou futurs .
Commenter  J’apprécie          00

Autres livres de Alfredo Pita (1) Voir plus

Lecteurs (43) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
371 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *}