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Critique de Patlancien


Sans vouloir parodier mon ami BazaR, je peux dire sans hésitation que j'ai bien apprécié aussi ce petit Rossignol. L'auteur Audrey Pleynet s'essaie à la science-fiction poétique comme Amal El-Mohtar dans les oiseaux du temps ou comme Sigbjørn Skåden avec son roman "Oiseau". La collection « Une Heure-Lumière » des éditions le Bélial sert de magnifique écrin à cette belle plume qui vous prend par la main en vous emportant loin, très loin…

Nous sommes dans une station spatiale perdue dans l'immensité du Cosmos. Après plusieurs guerres, les différentes races de l'univers ont décidés de s'unir pour mieux se connaître et vivre enfin en paix. Et pour cela rien de mieux que cette station qui sait réunir tout ce beau monde. La technologie qui avait servi dans un premier temps à créer des armes et par manipulations génétiques, des super guerriers ; permet aujourd'hui à toutes les espèces extra-terrestres de se croiser et de vivre ensemble. C'est cette explosion de races et de formes plus exubérantes les unes que les autres que l'auteur s'efforce de décrire avec un vocabulaire riche en diversité et précis dans les détails. Pierre Christin et Jean-Claude Mézières avec leur BD Valerian dans l'ambassadeur des ombres font bien pâle figure devant le récit d'Audrey Pleynet.

Dans cette nouvelle où les mélanges génétiques sont la norme, les êtres qui la parcourent sont souvent le produit d'une mixité interraciale faisant face aux espèces pures qui tentent souvent de s'opposer à celles métissées. Les Spéciens qui prônent un retour à la pureté, luttent contre l'universalité voulue par les Fusionnistes. C'est au travers d'une narratrice mi-humaine mi-alienne que cette bataille se révèle dans toute sa complexité. Et pour être complexe, Rossignol l'est par son univers étrange et exotique. La construction du récit qui s'appuie sur des Flash-back temporels comme dimensionnels désorientent fortement le lecteur en lui demandant un petit effort de concentration. Mais après les premières pages absorbées, le plaisir de les parcourir revient rapidement.

Audrey Pleynet est une autrice exigeante qui sait poser le problème de la diversité raciale avec des mots forts, biens choisis et d'une intensité exceptionnelle. La multitude des sentiments qu'elle arrive à transmettre dans le schéma aussi court de la novella, montre son professionnalisme. Sa réflexion se fait toujours de façon juste et sensible pour un sujet d'actualité qui reste toujours difficile à aborder. Les questions de race et de métissage sont exprimées sans tabous, avec conviction et sincérité. Elle se fait l'avocate d'un discours universaliste sur une échelle galactique. Elle va même plus loin en créant dans sa station spatiale une sorte de Melting-pot cosmique où se retrouve pêle-mêle toutes les essences du vivant, des êtres de chair humanoïde aux entités vaporeuses, des éthérées aux monstres tentaculaires en ignorant les contraintes biologiques ou physiques de la nature.

Le Rossignol d'Audrey Pleynet ne pourra pas vous laisser indifférent, il fait partie de ces livres que l'on aime ou que l'on déteste. Pour ma part, j'ai aimé son message plein de poésie et sans concession vis-à-vis de la xénophobie. C'est un vrai hymne à la diversité universel. C'est aussi le premier prix du meilleur roman de SF aux Utopiales 2023 pour une autrice qu'il faudra suivre désormais de plus près.

♫ Chante, rossignol, chante, toi qui as le coeur gai. Tu as le coeur à rire, moi je l'ai à pleurer… ♪
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