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Citations sur Faux passeports (10)

Cet homme qu'on allait juger était de ces assassins particulièrement lâches qui tuent de loin avec les mains des autres. Sa disparition devait sauver beaucoup de vies et les meilleures. Mais de penser qu'il fût d'avance condamné et que je fusse l'un de ses accusateurs me faisait regarder le monde autrement. D'une âme assez tranquille, j'avais parlé de guerres, de révolutions, mais est-ce que je me représentais ces choses, ou si seulement je remuais des mots plus lourds, plus tragiques. Pour la première fois je réalisais ce que pèse une vie humaine.
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Mais je ne vis jamais femme plus abandonnée, plus adorante. Vraiment, oui, elle trouvait tout bien et beau. Qu'elle n'eût jamais connu de vrai plaisir, de vrai désir, j'en pouvais au moins douter. Si c'était son esprit seulement qui se vouait à cet homme, ah ! comme cet esprit devait pousser ses racines dans la chair pour qu'elle sourît ainsi de ce sourire de femme apaisée.
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Carlotta reprochait à Alessandro d'être lâche et livré à mille faiblesses bourgeoises : le goût des mots, la peur des responsabilités, cette complaisance pour ses amis qui est la pire forme de la trahison. Elle disait qu'il pouvait, oui, risquer les Îles, la prison, le poteau ; que c'était bien facile de finir ainsi en une fois, d'avoir du courage ; mais qu'il avait peur des remords, comme un enfant du loup-garou.
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En fait, je disais que je venais au communisme par les voies de la doctrine, mais je sais maintenant que ce qui me persuadait, c'étaient les tristes images de la vie : une ouvrière éblouie devant de faux bijoux, l'air content d'un garçon livreur mal lavé, les queues des cinémas, tout ce qui montrait la bourgeoisie appâtant les pauvres avec son matérialisme veule et l'appétit de la perdition.
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C'est environ ce temps que je quittai le parti communiste. Santiago haïssait cette machine en forme d'armée où les statuts s'apprennent comme un règlement militaire, où l'on commente la doctrine comme des ordres de service, où les ouvriers ont changé de généraux. Il disait que ceux-ci préparent une nouvelle servitude et les nommait candidats-dictateurs et politiciens.
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N'est-ce pas ainsi ? Un jour que nous cherchions une explication de ce monde étrange qui se détruit sans cesse et qui va, aujourd'hui, menaçant ses valeurs les plus pures, nous avons lu Marx et compris cette révélation. N'êtes-vous pas, comme moi, venu au communisme par le jeu de votre raison ?
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Soudain, il dit :
- Je demeure dans Moabit. Nous ne sommes pas loin. Venez chez moi. Nous dînerons.
Je crois que si cette invitation se fût formulée de n'importe quelle autre manière, je l'eusse refusée d'un prétexte. Mais il avait prononcé sa phrase tout d'une traite, trop haut, avec ce courage des timides qui font leur vie à coups de petits irréparables et n'arrivent à s'obéir qu'ainsi.
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[...] ; je mesurais cette révolution qui s'acharnait à briser les siens, à saccager leurs songes les meilleurs et leurs œuvres, et je la prenais en haine. Mais, contradiction étrange, pour ce Iégor, qui l'incarnait si durement, je ne trouvais en moi qu'affection et tendresse. Avait-il suffi que je voie en lui un vivant semblable aux autres, capable de souffrir, de jouir, d'oublier les temps, de garder une main dans la sienne ? Et au contraire, une telle antinomie n'était-elle point faite, comme tout ce qui témoigne de l'inhumain, de l'anormal, pour m'inspirer effroi et colère ?
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j'admirais comment cet homme, par deux fois, avait brusquement trouvé la phrase, l'intonation, le geste qui changent un étranger en ami.
Il posa son casque sur le banc, à côté de lui. De noirs cheveux bouclés jouaient sur son front de cire.
Et cette face que j'avais vu travaillée par l'ivresse laissait voir maintenant les accent de la nostalgie
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Et le poète, en moi, n'avait pas toujours su dominer cette lâche tendresse qu'inspire au témoin le malheur.
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