Elles emploie des mots qu'il faut lire en pensant à sa mère, brûlée vive : " j'ai vécu dans ces images. Elles sont l’abîme où je fus précipitée. La seule idée d'aller les voir me remplissait d'appréhension. On n''aime pas laisser des mains, souvent malhabiles, s'approcher d'une blessure, où peut-être veut-on oublier qu'on a été blessé."
Malgré le grand courage et l’héroïsme de ceux qui les assurent, les juifs polonais sont assassinés, abandonnés de tous et dans l'indifférence.
"celui qui reste silencieux devant un meurtre se fait complice de l'assassin. Qui ne dit mot consent. (...) Nous ne voulons pas être des Pilate". Par ces mots, l'écrivain catholique polonaise Zofia Kossak conclut, en août 1942, une longue "protestation" contre l'assassinat du ghetto de Varsovie.
Qu'elle agisse au sein d'une communauté, d'une classe, d'un groupe, ou qu'elle infléchisse un destin individuel, qu'elle prenne la forme de l'horreur ou celle de la plus banale misère, le visage de la peur ou celui du dévouement, qu'elle révèle la lâcheté ou la corruption ou qu'elle cristallise les plus hautes vertus humaines, la guerre remet tout en question. La guerre proclame l'instabilité de notre monde et son désordre fondamental.
Sans doute se trouvera t'-il des gens pour dire : on n'a pas le droit de faire du théâtre pour cela. Moi je pense que s'il est bon de rire, il est parfois utile de pleurer, et que s'il est dur de dire des vérités pénibles, elles n'en sont pas moins bonnes à rappeler. Et la discrétion avec laquelle Anna Langfus a traité son sujet, me semble digne de l'art dramatique. N'es-ce pas déjà beaucoup ?
ses romans ne se réduisent pas à des témoignages historiques. Anna Langfus ne nous raconte pas "ses histoires". En présentant des situations, des atmosphères, des images elle s’adresse à notre sensibilité propre. Certes, elle trouve un certain apaisement en se délestant de ses obsessions, de ce qu'elle a appelé, en s'inspirant d'un vers d'André Breton, ses "bagages de sable", (...)