Confluence, tome 1 : Ce qui naît des abysses

Ta colère, ton chagrin, ton deuil, ils sont tout ce qu’il y a de plus naturel. Je ne pense pas qu’on se remette jamais vraiment d’un deuil. Ni que ce souhaitable, en fait. À quoi ressemblerait le monde si l’on oubliait ceux qui nous sont chers, si l’on ne souffrait pas de leur disparition ?

 Être empathe, c’est une responsabilité énorme. Comprendre les émotions d’autrui peut être un savoir dangereux si on se laisse aller à les partager, parce qu’on risque de perdre toute impartialité et d’employer ce savoir à mauvais escient. Protégez-vous. Protégez votre intégrité. Gardez de la distance. Soyez empathes, mais ne laissez pas l’empathie vous égarer.

Nemo pratiquait la torture de la même façon qu’elle régnait sur les Açores : avec une brutalité méthodique. Une efficacité vicieuse. Et sans rechigner à s’y salir les mains. 

Dites ‘défense’ à un Atlante et il vous construit un bunker…

Tu n’as pas l’impression qu’il y a déjà quelque chose qui s’est invité sous ton crâne sans que ton avis te soit demandé ? Quelque chose qui influence tes actions, tes émotions ? Est-ce que tes pensées sont vraiment les tiennes ? 

À Providence, lorsque quelqu’un laissait hurler ses émotions comme cela, c’était une façon radicale de demander de l’aide, le dernier stade avant l’irréparable. 

Il les regarda tous les deux, l’adolescente submergée par le deuil et le soldat par la culpabilité. Curieux destins auxquels il se trouvait maintenant mêlé.

De près, la communauté abyssale de Providence ressemblait à un oeuf énorme posé sur son flan aplati. La lumière émise devenait d'un blanc rosé lorsque la distance ne filtrait plus les couleurs chaudes. L'arrondi de l'enveloppe empêchait d'appréhender ses dimensions une fois qu'on se trouvait à son pied. Wolf considéra prudemment la surface fluorescente de la muraille hermétique qui le dominait. Il n'y avait pas d'accès visible.

… vous vivez les uns à côté des autres, en vous débattant chacun contre vos blessures ! Vous pourriez vous entraider, mais non ! Vous préférez vous blesser mutuellement pour vous venger de vos souffrances ! Comment faites-vous pour vivre ainsi ?

Les soldats évoquaient d’étranges hybrides de crustacés et de titans.