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Critique de Brooklyn_by_the_sea


"Non mais vraiment, qu'est ce qui t'a pris d'aller mourir à Rimini ?" chantait Didier Wampas dans son hommage à Marco Pantani (1970-2004, cycliste italien, l'un des meilleurs grimpeurs de l'histoire du vélo, surnommé "le Pirate").
Dans ce roman, Fred Poulet lui rend un autre hommage, en s'imaginant dans sa tête lors de "la nuit d'avant", celle qui a précédé l'étape de l'Alpe d'Huez du Tour de France 1997. Nuit d'insomnie pour Pantani qui, pour tenter de s'endormir, visualise au rythme de son souffle les 21 virages de cette montée. Mais son esprit s'égare dans les souvenirs, réflexions, doutes, regrets, bribes de chansons populaires, somnolences et rêves bizarres. Ces 21 chapitres sont ponctués d'extraits du journal de bord artistique de celle qui deviendra sa compagne.
Même si je ne suis pas fan de cyclisme (mais des Wampas, oui !) et même s'il s'agit d'une fiction (toutefois bien documentée), j'ai été énormément touchée par ce récit et profondément émue par le personnage de Marco Pantani, écorché vif redoutablement lucide, solitaire happé par la foule, et toujours complexé par son apparence et son manque de culture : "Pourquoi la vie me tend-elle des pièges, pourquoi m'a-t'elle donné un physique d'ouvrier agricole pour faire de moi une star, pourquoi m'a-t'elle faite naître dans un endroit plat pour que je la passe à grimper ?" Il est aussi question d'amour dans ce roman, celui que Pantani porte à sa compagne, mais l'écart de style entre les envolées oniriques du cycliste et les comptes- rendus détachés de la future artiste m'a brisé le coeur.
C'est donc une belle lecture, même -et surtout, peut-être, pour ceux qui n'aiment pas le cyclisme. Car il en est finalement peu question, et lorsque la course est évoquée, c'est de façon poétique et presque mystique. On reste avant tout dans l'introspection d'un homme plus doué pour pédaler que pour vivre, mais qui voulait néanmoins "mettre le feu à la montagne". J'ai trouvé ça fascinant.
"Tu allais plus haut, plus vite que les autres, j'espère que tu n'as pas raté le paradis." chantait encore Didier Wampas. Si le paradis existe, je l'espère aussi.

Un chaleureux merci à Babelio et aux Editions En Exergue pour ce bel envoi.
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