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Critique de Pecosa


Recherche Ana María Martínez Sagi désespérément…
C'est en ouvrant un livre de César González Ruano, prolifique journaliste et écrivain espagnol, chantre de la collaboration (qui fournissait entre autres des visas à des juifs puis les dénonçait à la Gestapo), que le romancier Juan Manuel de Prada découvre l'existence et l'oeuvre de celle qui va désormais le hanter.
Qui est la poétesse Ana María Martínez Sagi , née en 1902 à Barcelone, qui fut une athlète accomplie (javelot et disque), championne d'Espagne, membre de la direction du F.C. Barcelone, journaliste, fervente militante des droits des femmes, Républicaine exilée en France, où elle rejoint la Résistance, puis réfugiée aux Etats-Unis, amoureuse d'une autre femme et condamnée par sa famille à taire ses sentiments ?

La curiosité de Juan Manuel de Prada, piquée au vif, va se muer en une quête d'autant plus difficile que la poétesse semble s'être envolée sans laisser de trace, ni dans la littérature espagnole d'avant-guerre, ni dans les mémoires, alors qu'elle fut l'une des femmes les plus remarquables de son temps, de par ses talents, ses combats et ses actes.

Les lointains de l'air (vers tiré de l'un de ses poèmes « Voix perdue ») est une oeuvre hybride qui mêle biographie, enquête policière menée par l'auteur et deux acolytes (un libraire anarchiste et une femme rencontrée dans une foire du livre) et surtout autobiographie du romancier qui se laisse phagocyter par la quête de son Graal puisque qu'il finit par céder la parole à Ana María Martínez Sagi qui visiblement a enfin pris toute la place à l'intérieur de lui.

Juan Manuel de Prada enrichit son texte de lettres, de poêmes, et de photographies. On retrouve dans l'ouvrage la prose caractéristique de l'auteur, riche, qui sait se faire lyrique, et aussi caustique. Et surtout on redécouvre l'extraordinaire destin d'une catalane singulière, dans un pays où les femmes, dans leur grande majorité analphabètes, n'avaient guère de marge de manoeuvre.
Ana María Martínez Sagi est sortie de l'oubli.
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