Ce recueil de huit nouvelles est pour le moins atypique, tant par son contenu que par sa couverture. Couverture d'ailleurs dont il faut s'y prendre à deux fois pour tout distinguer, tellement elle recèle d'éléments. On ne dirait pas comme ça à première vue, figurez-vous d'ailleurs que je n'avais pas vu le serpent tout de suite, alors qu'il est au premier plan. Mais cette couverture est à l'image de son contenu, atypique donc et quelque peu étrange. Pourtant, j'ai pressenti immédiatement que la plume de
Philippe Pratx me plairait beaucoup. Et je ne m'étais pas trompée : il manie les mots à merveille !
Je m'étais également préparée à une lecture exigeante, l'expression "Récits rousséliens holorimés" ne mettant pas vraiment en confiance. Elle l'est en fait bien moins que ce que j'avais imaginé. Ces huit textes furent un régal, autant que les holorimes insérées ici et là. Je ne savais d'ailleurs pas ce qu'était qu'une holorime avant d'ouvrir ce recueil, mais comme on dit chez moi : je me coucherai moins bête ce soir ! Sachez, pour ceux et celles qui, comme moi, découvrent ce terme, que des vers holorimes sont en fait des vers qui riment d'un bout à l'autre.
Exemple même de l'auteur :
« Ah ! Laurel, calamistré, s'est mis à m'user ! »
Alors ell' cala, mi-« stressée », mi-amusée
Mais ce n'est pas tout, il faut bien évidemment que ça ait un sens et surtout que ça colle à l'histoire.
Philippe Pratx y arrive, à la perfection.
Mais en dehors de cette plume travaillée derrière laquelle on devine une main (et une tête) cultivée, il me faut également parler des huit nouvelles en elles-mêmes. Truffées de références en tout genre, elles nous emmènent toutes ou presque vers des destinations différentes à des époques différentes. Certaines penchent davantage vers l'étrange et le paranormal alors que d'autres se rapprochent plus de la satire ou de l'ironie, parfois c'est un mélange de tout ça. Il peut être question de spiritisme ou de mort-vivant par exemple mais toujours plantés dans des domaines réalistes ou d'actualité, politique ou sociétal, religieux ou artistique. L'auteur aborde également dans chacune de ses nouvelles des sujets plus terre à terre, comme l'amour, la mort, l'adolescence ou encore les racines culturelles par exemple.
Mélange entre l'étrange et la réalité, il n'y a pas d'autres mots que "atypique" pour qualifier ce recueil. Ajoutez à cela des jeux de mots (en plus des holorimes), une pincée d'humour et d'ironie, quelques personnages qui ont réellement existé (comme Stan Laurel ou
Jean-Martin Charcot), des messages cachés (ou pas) et quelques opinions bien senties sur notre gouvernement actuel (notamment sur la gestion de la crise sanitaire par le "Monarque" de la République), on ne peut que passer un bon moment.
Avec ce recueil qui demande un minimum de concentration pour pouvoir déceler et apprécier toutes les subtilités, je me suis fort éloignée de mes lectures habituelles, ce qui ne m'a pas empêchée d'en apprécier toutes les saveurs. Je remercie
Philippe Pratx pour l'envoi de son manuscrit et pour m'avoir permis cette découverte hors du commun.