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EAN : 9782343026763
224 pages
Editions L'Harmattan (17/01/2014)
3.42/5   26 notes
Résumé :
Alors qu'il met en ordre les éléments épars d'une possible future biographie d'une star du cinéma muet qu'il a fréquentée dans sa jeunesse, un écrivain reçoit la visite d'une étrange journaliste qui le presse de lui en dévoiler davantage sur la fameuse Eve Whitefield, plus connue sous le nom de Lilith... Dès lors, filmographie, notes manuscrites, souvenirs brumeux se mêlent pour tisser un canevas qui ne parvient pourtant pas à dresser un portrait fidèle d'un personn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Je vais être honnête, lorsque l'auteur m'a contactée pour me demander si j'acceptais de lire son livre et d'en faire la critique, je n'ai pas sauté de joie. Il est tombé dans une période où je n'étais pas vraiment disponible. de plus, le titre et la couverture du roman ne m'emballaient pas plus que ça. Vous voyez un peu l'atmosphère... Pourtant, la quatrième de couverture me plaisait bien, elle.

Très gentiment, Philippe Pratx a accepté d'attendre. Pourquoi tout ce laïus ? Pour que vous compreniez dans quel état j'étais lors de ma lecture. Oui, il fallait vraiment que ce livre associe tous les talents pour que je le lise jusqu'au bout. Et c'est bien le cas. L'écriture est magnifique. L'histoire ne l'est pas moins. La structure du récit, polymorphe, est bien trouvée. Pourtant (oui, je sais, j'ai décidé de râler), en général, je n'aime pas vraiment ça.

À la fois roman noir et scénario, ce texte nous emmène dans le monde cinématographique des années folles. Un retour en arrière permettant des références culturelles. Et puis, n'oublions pas ce titre : Lilith, référence à la première femme d'Adam, un démon, une femme fatale, révoltée. Et Ève, bien sûr, l'officielle... Il fallait le trouver et l'on comprend le titre une fois l'oeuvre lue. Au final, tout s'agence : titre, couverture... On voit là tout le travail d'orfèvre de l'auteur. Je salue sa performance !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Comme une pierre que l'on jette
Dans l'eau vive d'un ruisseau
Et qui laisse derrière elle
Des milliers de ronds dans l'eau
Au vent des quatre saisons
Tu fais tourner de ton nom
Tous les moulins de mon coeur.

L'arbre s'en souvient, les cercles de sa mémoire nourrissent les branches et l'arborescence s'ouvre à l'infini, se multiplie, se reproduit en jouant des sacrés tours au temps, l'anachronisme lui fait échec et la danse tourbillonnante entraîne tout dans son passage. Nous, lecteurs, sommes au premier rang.
Les lumières s'éteignent, noir total dans la salle. Un premier carton : "mon âme n'est pas assez vide, il y reste quelque chose de moi".
Chronos, magicien hors pair, tourne en rond et avance en même temps, paradoxalement paradoxal, et il le fait avec brio ! Mais, pas plus, je dirais, que le coup de maître de Philippe Pratx qui, dans un peu plus de 200 pages, nous emmène dans un voyage surréaliste, expressionniste, noir de suspense, tendre de nostalgie, on ne peu plus bavard pour parler des films muets.
La littérature raconte un film muet, avec beaucoup de mots, le film muet n'a besoin que de quelques cartons, la magie des regards, des gestes, des gros plans, des fondus noirs...
L'essence du cinéma est surréaliste et dans son roman polymorphe, Philippe Pratx l'est aussi, et nous entraîne sans aucun effort dans le labyrinthe des souvenirs et de la réalité, dans le réel des apparences, où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, sont perçus sous un autre éclairage, dans une harmonie toute naturelle.
Le suspense fait surface 40 ans après la disparition de Lilith, et la biographie d'Eve Whiteland, son nom de star, se retisse par ce qui reste comme brins, éclats, mémoires, lettres, comme dans un rêve, ou un cauchemar. Une boîte de Pandore s'ouvre, le passé revient et se perd dans le noir...
Le Soir, Lilith, et la nuit tombe pour éclairer cette femme ténébreuse, pas pour la rendre plus claire, cela n'est pas possible, mais pour la rendre encore plus mystérieuse, plus désirante encore, vénéneuse et venimeuse créatrice d'incroyables personnages, insaisissable, fuyante, météore, étoile filante. Lilith, comme Pandore, femme de terre et d'eau, dotée de tous les dons.
Le roman est comme une plongée en apnée dans le monde intérieur de Lilith qui est Ève et pas Ève, qui est l'Ogresse et la Nuit, le noir et l'éclat de la lumière. Biographie du caché, vue de l'intérieur, où toi, biographe et narrateur, t'es faufilé à son insu. Filou !
Lecteur et narrateur se partage la caméra subjective et l'oeil de Keaton pour voir au-delà des apparences, au-delà des brouillons d'une vie, de ses éclats et ses cassures, pour voir ses lumières et ses noirceurs, ses envols et ses effondrements, ses rires et ses pleurs. La caméra voit le comment de la vie d'une star, en ardeur, en mystère, en jeu carnavalesque hollywoodien, masqué et démasqué, en miroirs à la surface de l'eau qui ne rendent que l'opacité de la nuit. En exil d'une folie, les exilés sont en quête éreintante qui les éloigne de ce qu'ils cherchent, le fruit tant convoité. "Partir en quête de soi et de l'absolu c'est les quitter."
Les souvenirs structurent le roman, ils s'amoncellent, se superposent, se télescopent, deviennent incohérents, la dissemblance règne tout en incitant une recherche de cohérence, mais "on ne cherche que ce que l'on croit chercher." Tod Browning nous attire dans Les Cavernes blanches, la réalité est illusoire, la vérité, celle de Lilith est "dans le vertige attirant et tragique de l'art",.. qui survivra à ses ruines.
Une vie qui revient comme un souvenir, une étoile est appelée, elle revient en écho et chute après, chut. "Ceux qui tombent ont des ailes" et reviennent en vol d'oiseau, en mouvement perpétuel.
Le soir, Lilith, une fête, un carnaval, comme une vie antérieure, après, c'est l'exil, loin de ce qu'on cherche. Il y a des "tranches d'humanité à travers chacune de ces Lilith" et ses transformations anamorphiques. "Combien est brouillée la frontière de l'être et du paraître".
Multiple Lilith, sensualité et danger, Mata Hari et l'ensorcelante "vràjitoare" des Carpates, la nuit et ses mystères emportés par le vent.
Toujours cette introspection au-delà des apparences, le cinéma joue le jeu, la littérature aussi, et Lilith est dans le jeu, la vie en est un. Danseuse sacrée devant Shiva, atteinte par le mal.
Ouverture vers l'image somptueuse du Tombeau hindou qui se superpose en transparence.
Images et personnages se métamorphosent et se transforment comme les nuages, sitôt apparues, sitôt disparues, images belles et frustrantes tellement elles sont éphémères, transitoires, rapides et changeantes. Je m'acharne à les poursuivre en envol périlleux.
Philippe Pratx transforme les images des films muets en mots sorciers, comment peut-on faire autrement en littérature ? "Le pouvoir poétique des mots sur les choses, le pouvoir de changer le monde."
Des histoires sans nombre, comme leurs personnages, et si je m'évade de leur emprise ce n'est que pour y revenir aussitôt.
A chaque page, le surréalisme nous salue, malicieux et jongleur en gardant son couvre chef, juste trois lettres qui font toute la différence.
Les contraires et les extrêmes vivent ensemble, à laquelle se fier ? Laquelle est vraie ? Les deux, bien sûr !
Antonin Artaud passe en éclair, une fulgurance, présence assez forte pour décomposer l'espace en désordre, prouvant ainsi la réalité du surréalisme où des bouffons sans visage jouent Triboulet, Chicot, Chaplin et Linden. Pendant ce temps Chirico range ses toiles pour en faire une. le double de chacun de nous.
Un travelling arrière croise un travelling latéral, des plans séquence donnent des champs contrechamps où les visages en gros plan racontent des vies par le charme de leur silence et par le fabuleux et somptueux jeu des mots qui font la littérature.
Fondu noir sur Lilith. "Day for night", La nuit américaine reste suspendue à un filtre.
Carton : "ce vide n'a ni couleur, ni forme, et il fait peur, tellement peur !" "Mon amour ? Mon âme ?"
Au vent des quatre saisons
Tu fais tourner de ton nom
Tous les moulins de mon coeur.

Merci Philippe pour cette belle découverte, Le Soir, Lilith a failli m'avoir, mais je m'y suis tenue.
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Merci à Monsieur Pratx de m'avoir gentiment fait découvrir l'univers de Lilith Hevesi, tout comme je le remercie pour son indulgence, sa compréhension et sa patience...

Rien de tel que le bouche à oreille pour ces auteurs méconnus d'inverser la tendance, encore faut-il, que le lecteur "tiré au sort" émette un avis positif, c'est donc sans complaisance, obséquiosité, hypocrisie et condescendance de ma part que je vais donner mon avis.

Le soir Lilith est un livre qui n'aurait en toute franchise pas trouvé place dans ma bibliothèque, car ni le titre, ni la couverture n'ont éveillé de la curiosité dans mon esprit. Je serais donc, comme tant d'autres, passée à côté d'un livre, d'une histoire envoûtante.

Il m'aura tout de même fallu quelques pages afin de m'acclimater à la structure, car, passer d'un extrait de journal à un scénario à un brouillon de biographie à un scénario à un extrait de journal et ainsi de suite, ça eut perturbé la lectrice lambda que je suis. Cet hétéroclisme un tant soit peu perturbant, a eu pour autre effet, de mettre en exergue le fait que Lilith Hevesi est un personnage insaisissable, trouble, énigmatique..

Il se dégage de cette histoire, de ce livre un sentiment oppressant, de malaise, d'ensorcellement, comme dans ce film japonais "Histoire de fantôme japonais".

L'auteur manipule parfaitement le lecteur, rien ne laisse présager une telle fin. Et pourtant, avec le recul je me rends compte que l'auteur avait semé deci delà quelques présages.

Un livre a l'écriture érudite, pure et poétique à lire de préférence au calme.

Une très agréable surprise que je recommande aux puristes de la langue française.
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Un grand merci à Philippe Pratx, qui m'a permis de découvrir ce premier roman très réussi.

Le Soir, Lilith est un roman que j'ai trouve très visuel. Hommage factice à une actrice créée de toute pièce par l'auteur, le texte est entrecoupé, entre autres, par la correspondance de Lilith Hevesi / Eve Whiteland avec divers proches ainsi que par des extraits de scénarios des films dans lesquels la star a joué.

De ce fait, les scènes du roman de Philippe Pratx ressemblent elles-mêmes à un scénario. On a l'impression d'assiter aux répétitions et au tournage d'un film, de visionner un long métrage dont Lilith Hevesi est la vedette.

Le Soir, Lilith n'est pas pour autant un roman facile. Au contraire, je le qualifierais plutôt d'exigeant. Il faut rentrer dans le récit, accepter de se laisser emmener par l'auteur et le narrateur dans la vie de leur héroïne. Pour suivre les pas de Lilith Hevesi, il est nécessaire de se concentrer et d'avoir du temps devant soi. Pas question de lire ce roman comme on lirait un livre "détente", en parcourant une page par-ci puis trois pages par là. Non seulement cela compliquerait la lecture mais, en plus, ce serait dommage car cela gâcherait le plaisir que l'on peut ressentir en découvrant ce récit.

Car la prose de Philippe Pratx est extrêmement soignée. Chaque mot semble choisi avec soin par l'auteur pour s'insérer dans des phrases fluides et harmonieuses. Grâce à cela, même les passages les plus compliqués se lisent avec plaisir. Et l'on savoure les jolis mots qui composent l'histoire pourtant tragique de Lilith Hevesi jusqu'à la dernière page.

J'ai apprécié chaque instant de ce récit qui est parvenu à me tenir en haleine grâce à certains éléments de suspense très bien dosés par l'auteur. Que viennent faire, dans l'histoire de Lilith Hevesi, une journaliste très étrange et son psy ? Cela ne nous est révélé qu'à la fin.

Le vocabulaire élégant, les descriptions de l'éclat hollywoodien (parfois très éphémère) des années '20, l'impartialité du narrateur (qui écrit la biographie de Lilith) qui n'hésite pas à reconnaître (et dévoiler) les défauts de la star... sont autant de facettes agréables de ce récit. Et que dire du graphisme de la couverture ? Il est parfaitement en phase avec le ton et le sujet du roman.

Je conseille vivement la lecture de ce roman. Il est certes plus ambitieux que certains romans contemporains mais est parfaitement maîtrisé par son auteur.

Le site Internet consacré à Le Soir, Lilith est aussi soigné que le roman et permet de découvrir la biographie de Lilith, des extraits sonores et des affiches. Un bon point de plus pour ce roman hors du commun.
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Ce livre m'est parvenu curieusement. Son auteur, Philippe Pratx, m'a contacté, me proposant de le lire en téléchargement. Il pensait que le soir, Lilith pouvait m'intéresser de par son thème et son climat très cinéma muet. Il avait bien raison.Je l'ai donc lu ainsi, une première pour moi et puis par principe j'ai tenu à l'acheter à l'auteur lui-même, nanti d'une gentille dédicace. Au passage, quelle différence de toucher le livre, le poser, le retourner, le chercher. Vous m'avez compris,je suis un fossile.

"23 novembre 1924. Lilith Hevesi, star hollywoodienne du cinéma muet, est retrouvée morte dans le château où elle s'est retirée au fin fond de la campagne hongroise. Quarante ans plus tard, alors que le narrateur, ancien ami, amant, mentor de l'actrice aux multiples visages, tente de dépoussiérer son passé, ses recherches sont perturbées par une femme qui éveille rapidement ses soupçons."

le soir,Lilith est une splendide incursion fantasmée dans le monde du cinéma muet, entre expressionnisme viennois et artifices hollywoodiens. Mais attention, on ne pénètre pas dans le monde de Lilith, un tantinet labyrinthique, sans s'armer de patience pour décrypter les arcanes d'une histoire racontée sous plusieurs angles, voix du narrateur, journal de Lilith elle-même, chroniques des films de la diva sous le nom de Eve Whiteland.Déjà ce pseudo, Eve Whiteland, nous emmène en pays de mystère, particulièrement en ces années où le cinéma muet dispensait un imaginaire souvent fantastique qu'il devait perdre, sauf rares exceptions, en découvrant la parole et trop souvent le bavardage. Eve, comme la première femme, mais Lilith, on le sait, la précéda selon certains textes et certaines civilisations, parfois aussi assimilée au serpent de la Création. le personnage de Lilith-Eve est donc multiple, protéiforme, insaisissable. A le fin du livre on n'est pas sûr d'avoir saisi l'essentiel, mais on a voyagé dans un monde impalpable et fugace, de pellicules détruites, de fatales attractions, de léthales répulsions.

Passionné de cinéma j'ai emboîté le pas du narrateur, Philippe Pratx doit parfois lui ressembler, sur les traces de Lilith, qu'en cinéphile déférent il tire du côté de Garbo, femme dont on finit par douter de l'existence, une sorte de femme-départ disponible pour des lendemains d'interrogations, toute une palette de lieux sous influence littéraire,Villiers de l'Isle-Adam ou picturale, Chirico, Delvaux. On y croise des personnages réels, Chaplin, un tout petit peu, ou Michael Curtiz du temps de Mihaly Kertesz, ,ou Tod Browning, ou de vrais producteurs, Zukor, Laemmle, tous venus de l'Est. Ou des êtres tout droits sortis de la fertile plume de Philippe Pratx. Ambiance expressionniste très Mitteleuropa, la sanguinaire Comtesse Erzsebeth par exemple, mais le surréalisme pointe parfois son nez et la construction chapitrée du livre évoque les serials, les Fantomas ou Les Vampires à la Feuillade.

le soir, Lilith est un beau roman, riche, trop parfois, sous influence mais sachant aussi battre sa propre mesure, faisant appel au lecteur, troisième part de cette trilogie après l'auteur et les personnages. Quant à moi, blanchi sous le harnais des salles obscures, j'ai pensé à Murnau, à Stroheim, à Sunset Boulevard. Mais c'est avec Paulina 1880 que commence le livre de Philippe Pratx, figure emblématique d'une littérature assez difficile, personnage si complexe entre le criminel et le sacrificiel. J'avoue que ça m'a fait peur, peu conquis que j'ai été par la lecture d'ailleurs récente du roman de Pierre-Jean Jouve. Des embûches, il y en a d'autres au long de le soir,Lilith, de celles qui font la littérature dont on sort, heureux et fatigué, après avoir tenté des annés durant de comprendre qui était vraiment Lilith. Exigeant et envoûtant, c'est parqué sur la quatrième de couverture.Exact.

N'ayez pas peur, et abordez l'histoire de Lily aux côtés du narrateur, lui qui peine tant à écrire la biographie de Lilith, enquête-hommage par delà la pellicule de passage, par delà le souvenir incertain, par delà le mystère accompli. Homme de son temps, Philippe Pratx accompagne son roman de cette belle vidéo starring Garbo, un condensé des films d'Eve Whiteland, qu'on croit avoir vus, c'est dire la réussite de l'entreprise. Merci Philippe.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Lilith a peur de se cogner la tête au ciel dont elle s'approche, elle a peur que la lave bleue du ciel emplisse sa bouche et l'étrangle, elle a peur de ne pas savoir l'avaler sans mâcher, sans en détruire l'essence pure et fragile. Elle a peur mais elle vibre tout entière de joie. A présent les lacs ne reflètent plus que le ciel. Et à présent il n'y a plus de lacs. Seulement l'immensité verticale d'un crépuscule qui n'est pas humain et qui n'est pas terrestre. Cela fait peur aussi : ne plus voir son reflet dans l'eau douce des lacs ; mais cela, Lilith, te fait aussi tout entière vibrer de joie.
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Lilith m'a appris sur ce que l'art n'est pas : une régurgitation de la vie. Combien j'en ai connu qui se faisaient forts de nourrir leur art à coups d'"expérience" et de "vécu"... "Comment parler de ce que l'on n'a pas vécu ?" Ils ont toujours dit ça avec toute la morgue qu'ils étaient si satisfaits de croire légitime, sans contestation possible... Pourtant, que l'art serait désespérant et méprisable s'il n'était que cela !... Lilith interprétait merveilleusement ses rôles, avec l'intensité de Vie que l'on ne connaît que pour ce que l'on n'a jamais vécu... Avait-elle jamais été une reine, un fantôme, une ogresse ? Et elle les était si bien !
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Comme je t'aimais quand, dans notre fuite, tu courais sur la route en avant de moi pour me protéger. Tu étais bien jeune encore, bien jeune, et alors, oui alors, tu étais un homme. Maintenant tu dors dans les caves de mon rêve, et tu regardes comme avec une écœurante indifférence, par le soupirail, un coq sur une branche, le matin fatal derrière la vitre.
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Et puis il y a ceci aussi, que Lilith m’a appris, sur ce que l’art n’est pas : une régurgitation de la vie. Combien j’en ai connu qui se faisaient forts de nourrir leur art à coups d’ « expérience » et de « vécu »… « Comment parler de ce que l’on n’a pas vécu ? » Ils ont toujours dit ça avec toute la morgue qu’ils étaient si satisfaits de croire légitime, sans contestation possible… Pourtant, que l’art serait désespérant et méprisable s’il n’était que cela !... Lilith interprétait merveilleusement ses rôles, avec l’intensité de Vie que l’on ne connaît que pour ce que l’on n’a jamais vécu… Avait-elle jamais été une reine, un fantôme, une ogresse, la fille d’un médecin anglais au fond de l’Asie lointaine ? Et elle les était si bien !
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Les souvenirs ne se trient pas, mademoiselle. J’ai envie de lui dire qu’on ne trie pas des souvenirs. On ne trie pas les odeurs qui montent de la forêt. On ne répartit pas dans les alvéoles d’une ruche bien ordonnée les morceaux de songe ni les morceaux de vie.
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Videos de Philippe Pratx (3) Voir plusAjouter une vidéo
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Extraits de Karmina Vltima mis en voix par Béatrice Machet.
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