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Critique de PatriceG


Ce n'est pas le bac 2023, mais une Manon que j'ai connue le mois dernier qui me fait revenir vers Manon Lescaut.
De grandes choses ont été écrites sur l'amour au 19 e siècle avec en sous jacence la passion torride née du puissant désir pour la femme qui évoque une sorte de tsunami dévastateur emportant tout sur son passage. Et s'il arrive des bricoles à la femme, y compris le pire, on en sort de tout ça avec ce que même le pire n'efface pas, la force qu'elle inspire à mener l'homme par le bout du nez ; et à se cantonner sur le pire, on ne saurait éluder les dégâts collatéraux qu'elle suscite qui sont énormes. Incontestablement l'homme est en dessous, et la morale qui n'a pas assez de mots pour l'homme qui emporte sa proie comme une bête semble généralement plus réservée le concernant quand l'affaire est consommée, parce que c'est la femme qui concentre sur elle tous les regards, mais aussi parce que l'homme devient ridicule quand ce n'est pas pitoyable. Elle n'est en somme jamais éteinte, même si elle est atteinte par l'homme en se livrant au jeu de la passion .. elle en sort inaccessible, mystérieuse dans une rémanence qui survit à la mort.

En préambule des grands romans d'amour du 19 e siècle, il faut lire les phares qui préfigurent l'émergence de ces cimes littéraires que sont à mes yeux en tout cas, Manon Lescaut de l'Abbé Prévost, et les Liaisons dangereusesDe Laclos, datées 18 e siècle.

NB 18 e et 19 e siècle réunis, ces grands littéraires sur le sujet ont tous trébuché sur l'amour. On peut oser dire que leur expertise ne s'explique que par ça, d'avoir goûté au fruit défendu au point de ne jamais s'en remettre jusqu'à afficher une faiblesse de taille dans leur bilan de vie. Ce fut une cause perdue comme une guerre, mais la grandeur n'est-elle pas de se l'avouer quand il n'y a que ça en finalité qu'on n'a pas dompté ! L'intérêt est que l'affaire peut arriver à tous et parle donc à tous, on enlèvera du lot bien sûr les maladroits et les manchots qui ne suscitent respectivement que moquerie et silence (les protagonistes s'exprimant peu sur le sujet, on ne se vante pas de ses conquêtes, c'est le propre des jaloux, encore qu'il fallût percer ce mystère !)
Autre remarque insigne, ces grands littérateurs étaient des maniaques de l'écriture, un sacerdoce immanquablement ; ils avaient quelques dons innés qui les démangèrent sans attendre ! Ils pouvaient y aller insatiablement, leur os à ronger était non seulement éternel, mais aussi une deuxième écriture de leurs exploits dont ils furent les premiers à tempérer. Il me semble que l'Abbé Prévost se livra encore à l'exercice malgré les difficultés de l'époque, après Manon Lescaut. On a appelé ça comment ? Récit autobiographique, roman épistolaire polygraphique en se sachant pas trop quelle était la vraie part de la vie de l'homme sous l'auteur. Il arrivera que grand roman d'amour, énorme, suffira !
Je terminerai par dire que ces géants littéraires de l'amour mirent tout leur art dans l'exercice, ayant sans doute le sentiment que là était leur grande oeuvre : "une immortelle histoire d'amour" - même s'ils n'en convenaient pas toujours -, peu importe ce qui gravitait autour qui a rapidement décroché quand ce n'est pas l'oubli qui y a mis fin. le coeur a ses raisons que la raison ignore.
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