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Critique de entrecrituretlecture


Proust n'est pas une découverte pour moi ou presque. Je ne l'avais jamais lu. Pourquoi ?

Parce que j'en avais peur. Peur du texte, influencée par les critiques faites à son sujet, à son chef-d'oeuvre, à sa personne.

Marcel Proust faisait partie de moi ou plus précisément de ma vie, de mon univers tel un fantôme. Nous avions un point commun : Balbec. Comme lui, j'y passais mes vacances, mes week-end depuis ma tendre enfance. Marcel Proust était partout. Son aura circulait dans le Grand hôtel, sur la place, dans les jardins, dans le musée de la Belle époque, la villa du temps retrouvé. Il était présent dans chacune des librairies et dans n'importe quel format : BD, poche, broché, beaux livres, essais, collection La Pléiade, hors-série journalistiques (Figaro, Lire), roman graphique, partout.

Et, puis, 2022, l'année du centenaire de sa mort, pléthore d'ouvrages sont sortis dont « Clara lit Proust » de Stéphane Carlier et « Proust, un roman familial » de Laure Murat, rencontrée, justement à Balbec à l'automne dernier. J'ai dévoré ces deux ouvrages, j'ai acheté la nouvelle réédition « d'A la recherche du temps perdu » chez Folio, fière d'avoir le plus grand écrivain du 20e siècle dans ma bibliothèque comme Victor HUGO pour le 19e.

Et, puis à l'aune de l'année 2024 et contre toute attente, TIKTOK lance une lecture commune d'A la recherche, à commencer par le premier volet : « du côté de chez Swann ». Ce fut un choc. Ce fut une découverte. J'avais, enfin, percé le mystère de la madeleine de Proust, devenue une célèbre expression lancée à tout va.

J'avais rencontré un auteur que j'allais aimer et à la fois, un peu détester. Davantage lui reprocher ses longues phrases, ses relatives à l'infini, sa ponctuation interminable comme ses comparaisons, ses mots inventés, c'est-à-dire, ses sempiternelles digressions rendant la lecture peu aisée.

Lire Proust est une aventure. Une aventure personnelle, une aventure avec l'écrivain. Il faut s'accrocher, s'encourager. Il faut lire, puis relire, parfois plusieurs fois. Ce que je fis. Relire pour comprendre : le rythme, son intention, son inspiration, pour prononcer ses mots, s'évader, quitter le monde pour rejoindre la pensée de l'auteur, son univers. Parfois, c'est un peu compliqué : phrases à la forme négative, pronoms relatifs, conjonctions de coordination, passé simple et subjonctif imparfait, présent et imparfait. Mais au-delà de la technicité syntaxique, le champs des possibles s'ouvre comme une porte vers une autre galaxie, celle de la poésie. La poésie proustienne et son romantisme.

Proust est un poète et un romantique au sens littérale du terme. Ces descriptions sont magnifiques de réalisme, bucoliques, sensorielles. Les sens sont en éveils. Avec Proust, je vois. Je regarde. J'admire. Avec Proust, je sens, je goûte et ressens. Je sens mon coeur battre plus fort dans ma poitrine. Avec Proust, j'écoute, aussi : la musique (piano, violon), les bruits de la nature et celui des gens (voix, rires, critiques, moqueries).

Quelle délectation, le passage de la madeleine, la promenade sur les bords de la Vivonne, les nénuphars, le vent dans les arbres… Promenade du côté de Guermantes à Combray.

Quelle délectation, la description de l'église de Combray, des clochers de Martinville, la cuisine de Françoise, le jardin de son enfance. L'émoi ressenti à l'évocation de sa vocation d'écrivain.

Les premiers émois amoureux avec Gilberte Swann : la joie et la souffrance mêlées causée par l'indifférence de la jeune fille. Nous avons tous ressentis les montagnes russes du sentiment de l'amour. La recherche, c'est cela ! La conception de l'amour est liée à la souffrance, l'obsession et la jalousie.
Sentiments exacerbés dans « Un amour de Swann » la seconde partie « du côté de chez Swann » dans lequel Charles Swann passe par toute ces émotions vis-à-vis d'Odette de Crécy. Des passages assez pompeux, je dois le reconnaître. Des passages dans lesquels j'avais un peu de mal à rester concentrer.

Autant, j'ai adoré les parties relatives à l'enfance de Marcel (Combray I et II puis nom de pays : le nom), autant la relation amoureuse de Charles Swann était un peu difficile. Proust y décrit les affres du sentiment dans lequel Charles perd pied, soumis à ses ressentis. le désir, la possession, le harcèlement, le doute, le manque de confiance, l'espionnage, le mensonge… sont poussés à l'extrême, précipités par la lettre anonyme que Charles Swann reçoit, décrivant une Odette dépravée. L'amour chez Proust n'est qu'illusion.

Proust est un spectateur passif parce qu'il est observateur, depuis son enfance. Il observe. Il observe les gens, leurs comportements. Il écoute, il entend. Il regarde comme un tableau, le théâtre de la vie qui se joue autour de lui. Sa position lui permet un regard critique sur la société de son époque.

Proust, c'est aussi, sa relation avec le temps. La recherche de temps précieux et perdus car passés. Il cherche à revivre certains évènements, il sonde sa mémoire à travers des accidents, des imprévus, des actions, des ressentis. Ces étapes sont fondamentales chez Proust car c'est ce qui le conduit à écrire et à devenir écrivain.

On est dans un mouvement littéraire du culte de soi. le roman psychologique, influence de Freud et de Bergson puisque Proust l'avait étudié à la faculté.

Quoiqu'il en soit, je m'accorde une pause avant de le retrouver dans le second volet intitulé "A l'ombre des jeunes filles en fleurs" prix Goncourt en 1919.



Lien : https://entre-ecriture-et-le..
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