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Critique de LN


LN
18 octobre 2011
Dans ce magnifique album, David Prudhomme rend hommage aux rébètes, « déracinés de Turquie et des îles grecques survivant dans les bidonvilles aux portes des grande ville. » Ces hommes déclassés se réunissent pour chanter leur mal-être, le Rébétiko, appelé aussi quelquefois « le blues grec ». David Prudhomme erre aux côtés de ces hommes désoeuvrés, souvent anesthésiés par le haschich qu'ils fument, et nous convie à leur rencontre dans une atmosphère nostalgique et comme suspendue. La violence est tapie dans l'ombre, à chaque instant une esclandre peut éclater, des policiers chargés peuvent surgir pour les arrêter et casser leurs instruments de musique, les bouzoukis, parce qu'ils sont devenus les bêtes noires du gouvernement en place :

« Tu sais qui est le général Métaxas ? Il a décrété la loi martiale à la suite des grandes grèves communistes du 4 août. Il a pris le pouvoir, fait de ce pays une dictature. C'est un fasciste, tu sais, un de ces hommes qui apprécient ce qui est en train de faire Hitler en Allemagne, Mussolini en Italie, Franco en Espagne… Métaxas condamne un amollissement moral de notre société, supposée décadente… Sa propagande déisgne les coupables de cette prétendue immoralité… et l'impute à cette part d'Orient qui habite en nous. Il dit qu'il va laver la Grèce de toute influence turque. Tu saisis de que ça signifie ? Non, moi non plus, nous sommes mêlés à l'Orient depuis toujours. Nos origines se confondent… Mais tu le sais bien, rébète, vous servirez de symboles, (…) coupables d'unir Orient et Occident en un chant hypnitique.» (p. 18)
Leur vie n'est que course poursuite, coups, blessures, prison pour certains. Ils tentent de noyer leur malheur dans l'alcool et la drogue, et dans l'amitié surtout qui les réunit autour de leur passion pour la musique. le soir, ils se racontent en chantant leur journée, dans un chant teinté de mélancolie. Et, un instant, la musique les sauve…

« Quelques fumeurs de haschich ont rencontré la mort,

Lui demandent si aux Enfers les gars s'amusent encore.

Dis, la Mort, c'est comment, la vie au fond de la nuit ?

Y'a du fric dans l'Hadès ? On y boit du raki ?

Y'a des chansons ? du bouzouki ? Des fêtes ?

Des coups fumants ? Des coins sympas pour les Rébètes ?

Dis-nous, y'a des poupées chez toi, des bonnes frangines

Qui prennent leur pied, soufflant le hasch par les narines ?

Dis-nous, la Mort, sois bonne : les clodos, pauvres mecs,

Ils picolent aux Enfers, ou sont au régime sec ?

Ceux qui arrivent chez toi dans la plus noire déprime,

Ils guérissent, dans l'Hadès, ou plongent au fond de l'abîme ?

Prends cette poignée de kif, du fort, du parfumé :

C'est pour nos potes en bas, qu'ils puissent un peu fumer. » (p. 102)


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