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Critique de Biblioroz


De ces pages de Barbara Pym, au délicieux accent vieillot, s'échappent de pittoresques ecclésiastiques, d'attendrissantes vieilles filles encore dans la fleur de l'âge, divers tricots en cours, des petits tracas récurrents soulevés par le choix de repas à servir aux invités, des sermons plus ou moins soporifiques et des litres de thé ! le tout blotti dans un joli petit village anglais où les coeurs battent toujours vers la recherche d'un être à aimer.

Deux soeurs nous ouvrent leur porte. Harriet et Belinda affichent chacune une belle cinquantaine. Franche et enjouée, prompte à s'enticher de chaque nouveau vicaire (Ah, les jeunes ecclésiastiques !), Harriet se soucie de son apparence et prend plaisir à assortir chacune de ses tenues. Belinda, timide mais observatrice, douce et romantique, garde son coeur intact depuis trente ans en restant fidèle au pasteur de leur paroisse, l'archidiacre Hoccleve. Quel dommage que celui-ci ait épousé la rigoureuse et barbante Agatha !
Ce soir, le dernier vicaire en date, le jeune révérend Edgar Donne, doit venir souper et l'effervescence est à son comble chez nos irrésistibles anglaises.

Rien d'ébouriffant ni d'exceptionnel dans la vie de ces vieilles filles, mais quel plaisir de se plonger dans cette atmosphère surannée, simple et douillette ! Avec toutefois de nombreuses observations où pointent une adorable moquerie, comique et subtile, sur bon nombre de personnages, nous dévoilant les petits défauts des uns et des autres.
L'archidiacre par exemple, d'après Belinda, est loin d'avoir toutes les qualités qu'un homme d'église est censé avoir mais il a tant de charme ! Même si ses sermons sont ennuyeux à mourir, elle trouve toujours des excuses face aux critiques proférées par sa soeur. Il se dérobe pourtant facilement devant les tâches fastidieuses, aime se lever tard, se plaint de sa femme… le sentiment amoureux est plein d'indulgence…
Revenons à nos soeurs célibataires qui s'activent pour les kermesses, s'inquiètent d'un repas servi à la couturière, se gênent pour une pièce non époussetée, tricotent des chaussettes ou un chandail avec une laine d'un joli gris ecclésiastique. Harriet gâte le jeune vicaire de fruits juteux et de friandises et refuse inlassablement les demandes en mariage d'un conte italien pourtant plein d'élégance et de gentillesse et qui, le pauvre, parcourra le roman en amoureux transi éternellement éconduit.
De demandes en mariage, il en sera question mais faut-il vraiment prendre le risque de chambouler une existence bien huilée ? Celle-ci peut sembler monotone mais elle a le charme ouaté et confortable d'une vie prévisible sans devoir affronter « les vicissitudes inconnues de la vie conjugale. »
Et puis il ne faut pas oublier les convenances afin de ne pas alimenter les cancans colportés si promptement par les domestiques. Irrésistibles sont les petits dialogues sur les petites choses gênantes du quotidien qui font rougir dès que ces sujets légèrement scabreux sont abordés dont ceux qui se réfèrent aux petits coins sanitaires. Est également d'une grande importance le fait de réfléchir sur le choix approprié ou non de tel ou tel hymne chanté à l'église. Alors, est-elle si monotone que cela la vie de deux vieilles filles, dames patronnesses dans la campagne anglaise ?
Elles ont même de nombreux vers réconfortants offerts par quelques poètes anglais pour étayer certains évènements ou sentiments et dont Barbara Pym embellit son texte.

« Comme une gazelle apprivoisée » nous invite juste à prendre le thé, enfin plusieurs théières de tea, tout en écoutant les commérages d'une paroisse, les sermons passionnants ou assommants qui y sont donnés et surtout les quêtes d'un être à aimer et c'est déjà beaucoup pour une petite récréation estivale avec la nostalgie des choses simples et désuètes !
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