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Critique de Biblioroz


Comment tout cela a-t-il commencé ? S'interroge Dulcie. Eh bien parce que Barbara Pym, comme à son habitude, lui a donné le rôle de la trentenaire encore désespérément, et même, disons-le franchement, honteusement célibataire. Pourtant, Dulcie était fiancée mais ce statut ne convenait pas à cette histoire alors, dès l'ouverture du livre, le fiancé a rompu, sous le prétexte flatteur pour Dulcie qu'il se jugeait indigne de son amour. le résultat n'en reste pas moins un coeur brisé et surtout, la continuité d'une vie de célibataire.
Pour en finir avec les premiers mois d'abattement, elle se rend à un colloque, le temps d'un week-end, où écrivains et membres du clergé vont débattre de quelques questions du monde intellectuel.
Dulcie y fait la connaissance de Viola, une autre célibataire, qui travaille comme elle dans ce qu'elle qualifie de tâches ingrates et monotones en périphérie des écrivains : correction d'épreuves, bibliographie et élaboration des index.
Dans les participants, elles cherchent, sait-on jamais, les hommes séduisants et Aylwin Forbes, directeur d'une revue, beau blond aux yeux foncés, peut amplement mériter ce qualificatif. Viola a déjà travaillé pour lui et, tout en essayant de fausser compagnie à Dulcie, elle compte bien attirer vers elle ce conférencier dont la femme vient de quitter le domicile conjugal.
Et Dulcie de s'exclamer « Mon Dieu, comme il est beau ! »
Alors qui, de ces deux célibataires, arrivera à charmer Aylwin Forbes afin d'y gagner un mariage qui représente une fin en soi dans ces années soixante, l'accomplissement indispensable pour être une « vraie femme » ?

Barbara Pym, avec cette saveur quelque peu désuète qui s'attache à ses romans, observe la vie de ces deux Londoniennes. Une vie plutôt terne qu'il faut donc pimenter un peu avec la recherche d'un mari. Pourtant, dans ces pages, les hommes présents ne brillent pas par leur clairvoyance, ni leur force de caractère !
De retour à Londres, où Dulcie vit dans une maison trop grande pour elle seule, elle va héberger une nièce venue prendre des cours de secrétariat sur la capitale. Puis ce sera au tour de Viola de lui demander l'hospitalité pour un temps. le caractère de cette dernière reste assez insaisissable, plutôt morne et peu sympathique.
Dans ce trio de femmes bien peu assorties, on assiste à des conversations pleines d'embarras, au mépris de la jeune nièce Laurel pour les deux trentenaires trop ringardes, à la honte d'habiter en banlieue de Londres, si loin des quartiers plus branchés, plus animés et plus riches.
Mais surtout, on va suivre Dulcie qui a enfin trouvé un dérivatif passionnant à sa solitude en farfouillant dans la vie du beau quadragénaire. «J'adore faire des découvertes sur les gens, reprit Dulcie. Je suppose que c'est une espèce de compensation pour pallier la monotonie de la vie quotidienne ».Après quelques infos glanées dans le Who's Who, elle se lance avidement dans ses recherches, multipliant les approches auprès de la femme, du frère pasteur ou de la mère du bel Aylwin. Elle est elle-même surprise et confuse, avec quelques scrupules faisant surface, de sa détermination et de son indiscrétion.

Encore une fois, rien de trépidant dans ce roman de Barbara Pym mais une moquerie douce amère autour du mariage coûte que coûte alors que des mésalliances existent bel et bien. Dulcie s'acharne à trouver un mari mais n'en demeure pas moins consciente que les mariages raisonnables sont peu nombreux, ceux mal assortis par faute de goût des hommes sont beaucoup plus fréquents.
Tout en prenant des tasses de thé et d'Ovaltine, ou occasionnellement quelque chose de plus corsé comme du sherry ou même du gin, Dulcie dérive sur la vie et ses déconvenues « Peut-être la vie répondait-elle à quelque dessein en fin de compte. C'était peut-être comme un roman bien élaboré, où chaque incident contenait sa propre signification particulière et s'avérait indispensable à l'intrigue. »
Ces ingratitudes de l'amour m'ont moins passionnée que mes deux précédentes lectures de l'auteure, peut-être parce que ces deux célibataires-là sont plus lisses, plus ternes que celles qui évoluaient dans les autres titres. L'écriture, elle, reste toujours aussi délicieuse et ce petit échantillon romanesque de la vie londonienne se savoure tout de même, coloré par son irrésistible mordant so british.
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