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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mon avis :
Depuis Fratricide, je connaissais l'inclination de Patrice Quélard à regarder le monde sous plusieurs angles. Généralement, cela décuple l'intérêt en promettant un récit enrichissant et bien documenté. Dans Disputatio, cette promesse est largement tenue. C'est à travers les regards de religieux catholiques, de « bons hommes » cathares et de laïcs de toute origine, seigneurs, riches artisans ou bandit de grand chemin que nous traversons ce début de XIIIe siècle dans les terres occitanes. Beaucoup de monde, en vérité, et cela ne facilite pas l'immersion. Mais qui a dit qu'une lecture devait forcément être facile ? C'est vrai, quand il n'y a que deux ou trois personnages principaux, il est aisé de s'identifier à l'un ou l'autre, d'autant plus si cet un ou cet autre représente une espèce de parangon, un archétype de l'humain parfait ou presque… Mais ce n'est pas le propos de l'auteur ! Bien sûr, pour notre plus grand plaisir cette tranche de la grande Histoire est en partie romancée. Patrice Quélard y fait intervenir des personnages fictifs, mais ceux-ci sont aussi, en maintes occasions, au coeur de situations ayant bien eu lieu, en compagnie des personnalités qui les ont réellement vécues. le fil rouge de l'histoire est, vous l'avez compris, l'opposition entre les catholiques et les partisans de la pensée cathare, et chaque partie, sur cette même partition, va faire entendre sa voix, développer son argument. Personne ne détient la vérité, ou plutôt, tous ont leur propre vérité et chacun désire la voir triompher. Cette lutte entre les puissances féodales et l'hégémonie de l'église de Rome déborde largement les principaux intéressés puisqu'elle se répercute directement sur la vie de tous, de la plus humble main ouvrière jusqu'au plus riche marchand, en passant par les seigneurs et leur cour, la soldatesque et les routiers sans foi ni loi.
Comme je l'ai dit plus haut, les personnages sont nombreux et ce choix narratif retarde le moment où l'on va avoir le sentiment de bien les connaître. Cela peut éventuellement décourager certains lecteurs, mais ils auraient tort de ne pas persévérer : ces personnages, imaginaires ou ayant existé, ont tous une personnalité, un caractère parfaitement décrit et chacun apporte sa pierre à l'édifice. En les faisant vivre d'une plume brillante et enjouée, Patrice Quélard témoigne avec une grande intelligence et sans parti pris d'une période de l'Histoire qui, si l'on est resté au niveau collège ou lycée dans cette discipline, est assez mal connue. Et comme il le fait avec une élégance tout à fait réjouissante, on se cultive avec plaisir, et moi, je n'ai plus qu'une hâte, c'est de lire enfin la suite.
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Dès les premières pages, on sent que l'histoire va contenir des faits précis, on sent tout de suite le travail colossal qu'a dû entreprendre l'auteur en amont. D'entrée de jeu, l'auteur nous donne la liste des personnages rencontrés et une carte des lieux visités. On se rend tout de suite compte qu'il va y avoir pas mal de personnages.

Je ne vais pas trop revenir sur l'histoire, pour ne rien dévoiler d'abord et ensuite, parce que je ne saurais pas trop comment vous la raconter. C'est compliqué à expliquer et surtout à entrer dans les détails. C'est un récit qui se vit au fur et à mesure. Tout ce qu'il faut savoir, c'est qu'on est au tout début du XIIIème siècle, en 1204 exactement, et que l'on se trouve dans le sud-ouest de la France, entre Carcassonne, Béziers, Narbonne, Albi. En ces temps là, dans cette région, vivaient les Cathares, ou les hérétiques comme les appelaient les catholiques. Les Cathares n'avaient pas du tout la même façon de penser que les Catholiques. Dans cette histoire, on va donc suivre un groupe de prélats qui vont sillonner les routes de cette région et se présenter dans les villes où il y a le plus d'hérétiques afin d'un convertir un maximum à la religion catholique. Je vous laisse imaginer les problèmes devant lesquels ils vont s'engouffrer, entre des batailles d'idées, des conflits entre personnes d'influence, leur tâche sera ardue.
Dans un même temps, on suit une jeune fille, Poncia Taillefer, à Toulouse. Son père a une bonne situation puisqu'il est tisserand, il fabrique des draps pour des personnes hauts placées, et a trouvé une teinture qui va lui permettre de changer la couleur de ses tissus. Il enseigne à sa fille tout son savoir, dans l'optique de lui céder un jour son affaire. Poncia s'entend bien avec son père, qui lui laisse beaucoup de liberté, à l'inverse de sa mère avec laquelle la jeune fille rentre souvent en conflit. Elle aime se promener dans sa ville, surtout les jours de marchés. Elle va y faire une rencontre inattendue qui va lui ouvrir des portes sur un autre monde. Et petit à petit, son père se révélera sous un jour nouveau, pas toujours comme il le faudrait pour Poncia.
Et on suivra enfin une bande de brigands qui a une mission bien particulière à mener, toujours en rapport avec les religions.

Avec ces groupes de personnages, on se rend compte de la différence qu'il peut exister dans leurs modes de vie. Les prélats ont une vie assez confortable, mais pour mieux faire passer le message de leur dieu, ils n'hésitent pas à faire leur chemin à pieds nus, à dormir dehors et refuser les abris. Poncia a la vie d'une jeune fille à la bonne situation, mais elle préfère côtoyer les personnes plus pauvres. Et enfin, les brigands, eux, ont une vie très pauvre, très dure, ils ne sont pas tendres entre-eux.
C'est intéressant de voir comment fonctionnent les différentes classes de la société d'alors au travers de ces différents personnages venant d'horizons bien distincts. L'auteur les a très bien dépeints, il est d'ailleurs très pointilleux dans les descriptions, celles-ci apportent beaucoup de réalisme à l'histoire sans pour autant apporter trop de longueurs. J'ai appris énormément de choses sur les Catarhes, sur leurs vies, sur leurs combats, sur leurs pensées. Il en est de même du côté des catholiques, avec les travers que peut avoir l'Église à cette époque. La société civile est quant à elle très bien représentée avec la famille Taillefer. J'ai beaucoup aimé la suivre, voir son mode de vie de cette époque, comprendre comment la société fonctionnait, avec ses mesquineries et ses secrets. J'ai suivi avec plaisir Poncia et l'ai vue évoluer dans les rues de Toulouse. J'ai aussi aimé voir comment vivaient les troubadours dans les châteaux. Leurs vies ne tiennent bien souvent qu'à un fil et sont tributaires de leurs bons mots. En bref, l'auteur a extrêmement bien détaillé chaque caste, dans ce qu'elle a de bien ou de moins bien.

Je ne peux pas dire que je me suis attachée à tous les personnages. Celui qui m'a marquée le plus et que j'ai aimé suivre en particulier est celui de Poncia. Elle m'a beaucoup touchée par sa force de caractère. Les autres sont tellement nombreux que je n'ai pas eu le temps de m'attacher à eux. On passe des uns aux autres suivant les chapitres, cela donne du rythme à l'histoire, mais cela m'a perdue plus d'une fois aussi. Je ne savais plus dans quel camp était le personnage que je retrouvais dans un nouveau chapitre, s'il était cathare ou catholique, certains noms se ressemblent beaucoup, je devais donc souvent revenir au début à la liste donnée par l'auteur pour savoir qui est qui. Cela ne me dérange pas plus que cela d'habitude, mais c'est pour moi toujours plus pesant à faire quand je lis sur la liseuse. Avec un livre papier, je trouve toujours plus facile de revenir en arrière, il y a beaucoup moins de manipulations qu'avec le numérique. Mais bon, cela n'a rien à voir avec le roman, c'est juste une question logistique lectrice.

Mon point négatif ira donc à ce grand nombre de personnages que je n'arrivais pas à assimiler. J'ai trouvé en plus que l'histoire mettait du temps à s'installer, j'ai commencé à véritablement rentrer dedans au bout des cent premières pages. Après, lorsqu'en fouillant sur internet, je me suis rendue compte que c'était en fait une trilogie, que je lisais donc le premier tome, j'ai compris que celui-ci servirait surtout à poser la base de toute l'histoire avec la présentation des personnages que l'on va suivre sur trois tomes. Il est donc tout à fait normal que la mise en place ait été plus longue que pour un roman classique. Je pense que si ça n'avait pas été une lecture pour le Prix des Auteurs Inconnus, j'aurais fait une pause dans ma lecture. Celle-ci demande en effet une certaine concentration et application de la part du lecteur, et j'ai lu ce livre à un moment compliqué pour moi dans ma vie personnelle et cela n'a pas aidé non plus. Donc, la « faute » de ce ressenti revient totalement à mon état du moment et non pas au livre et à l'auteur. Je pense d'ailleurs que je lirai les parties suivantes, pas tout de suite car j'ai besoin de lectures plus faciles, mais j'ai très envie de savoir ce qu'il va arriver à tous ces personnages. Car le final est plein de suspense, des faits de dernière minute corsent l'histoire et présagent ainsi un second tome très intéressant.

J'ai apprécié le style et l'écriture de Patrice Quélard, recherchés, aboutis, il a un grand talent. Il a très bien su adapter ses mots avec l'époque, tout en les expliquant à la fin du livre. Il a un vocabulaire très riche, des phrases très bien construites, le lire est vraiment très enrichissant sous tous les points de vue. Il rapporte et décrit très bien les différents enjeux sociétaux de l'époque, le climat social, la pauvreté du peuple contre l'extrême richesse du pouvoir. On sent que l'auteur s'appuie sur de grands écrits de spécialistes du monde cathare et c'est hautement appréciable et donne beaucoup de réalité à son récit. D'ailleurs, quand on lit la liste des personnages au début, l'auteur nous montre que certains ont existé réellement et ne sont pas inventés par lui, cela m'a épatée, car ça demande un travail encore plus précis pour arriver à mélanger des personnages fictifs aux réels. Peut-être m'a-t-il manqué juste une touche de passion ou de sentiments en plus, que j'ai trouvé dans les chapitres concernant Poncia, mais moins dans les autres. D'ailleurs, chaque chapitre nous emmène dans un autre monde, avec un nouvel enjeu, un nouveau défi à relever pour les différents personnages.

C'est une lecture vraiment très enrichissante. J'aime beaucoup quand mes lectures ont ce double rôle de me divertir et de m'enrichir de nouvelles connaissances. J'ai déjà lu des romans sur les Cathares et celui-ci est au même niveau que les plus grands noms d'écrivains. Je pense que je n'oublierai pas de sitôt cette lecture. Et dès que je serai sortie de ma période un peu chamboulée, je me procurerai la suite pour savoir ce qui arrive. Ce sont des périodes de l'Histoire qui me sont encore un peu méconnues, et je suis friande d'en apprendre plus.

Si vous aimez les romans historiques, les livres qui vous enrichissent, ce roman est fait pour vous. Je suis en tout cas très satisfaite d'avoir fait cette double découverte, celle de l'histoire des Catarhes et celle d'un nouvel auteur que je vais m'empresser de noter dans mes auteurs à suivre.

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Bon sang que ce monsieur est talentueux et bon sang qu'il fait du bien aux mirettes et au coeur de lectrice en mal de belle écriture.
Tout est beau chez Patrice Quélard. Il sous-entend un viol, vous narre comment une pauvre femme s'est retrouvée esclave d'une bande de types dégueulasses ou vous décrit le massacre de quatre bonshommes tout aussi dégueulasses que les précédents, et c'est dit avec des mots, des tournures et une originalité qui vous poussent à lire encore et encore, toujours plus. Alors imaginez lorsqu'il s'agit d'une scène de voyage à pied ou au coeur d'un marché bondé, de dialogues succulent ou d'instants historiques. Un délice.
Définitivement, mon admiration pour cette écriture ne cesse de grandir. Une écriture qui, j'en suis persuadée, peut tout me raconter même lorsque le sujet de base ne m'attire pas forcément. Comme « la croisade contre les cathares » par exemple…

Une fois de plus, le lecteur est plongé au coeur d'une période qu'il n'a évidemment pas pu vivre mais qu'il découvre à travers des personnages plus vrais que nature, une intrigue passionnante et prenante ainsi qu'une maîtrise du sujet par l'auteur qui retransmet les connaissances historiques et religieuses qu'il a engrangées avec encore plus de passion que moi j'en ai pour parler de ses livres. Et pourtant, j'en ai à revendre !

Patrice Quélard est un auteur à part, à l'identité plus que propre (dans tous les sens du terme), capable de nous faire voyager et de nous apprendre des choses en restant les pieds en éventail sur un canapé. Catharsis Disputatio m'en a mis plein les yeux et je ressors, une nouvelle fois, grandie de cette lecture exigeante qui m'a rembourré la cervelle. Merci Monsieur.
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On retrouve ici la plume affûtée de l'auteur du magistral Fratricide, dans un registre différent mais tout aussi prenant. J'ai déjà lu pas mal de romans sur les cathares, mais celui-ci a le mérite de nous plonger dans la période qui précède leur massacre. Patrice Quélard décrit avec détail la situation qui a amené le rejet, puis la chasse de ce mouvement religieux.
C'est puissant et passionnant. Il n'y a qu'en comprenant les mécanismes entraînant un événement qu'on peut espérer tirer des leçons de l'histoire. C'est désormais chose faite !
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C'est une histoire de Cathares, mais pas encore de croisade...
De petit bois qui construit petit à petit un grand feu...
Bienvenue dans « Catharsis Disputatio », T1 de la série cathare de Patrice Quélard !
Qu'est-ce que j'ai aimé ce roman ! En même temps j'aime tout de Patrice '^' xD

Le récit se situe avant le début de la croisade albigeoise et on suit vraiment différents personnages qui vont permettre de poser l'ambiance de la période et son évolution, j'ai vraiment adoré ce parti pris ! Comme les romans sur les Cathares se déroulent souvent pendant la croisade, ça change et ça pose des bases géniales !
On va suivre des marchands toulousains, des routiers dans la région, et bien évidemment des bons hommes et les prélats du pape envoyés évangéliser tout ça xD
Et j'ai adoré suivre tous ces personnages, voir les investis par la thématique de l'hérésie, ceux qui s'en servent, ceux qui s'en fichent, le roman peint vraiment extrêmement bien une ambiance autour des croyances en Occitanie, avec les sources qui vont bien.
De plus, les personnages évoluent très bien, que ce soit les historiques qui ressemblent vraiment à ce qu'on imagine, que les inventés qui ne sont pas épargnés et voient leurs relations faites et défaites tout du long, ça rend le roman ultra vivant et surprenant.

En bref, que Patrice Quélard s'attaque à la Première Guerre mondiale ou aux Cathares, ses livres sont tout simplement géniaux ! Toujours un plaisir de le lire, et j'ai très envie de lire rapidement la suite !
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Bonjour et bon dimanche à tous,
Dans le cadre du prix des auteurs inconnus, j'ai eu la chance de lire Catharsis de Patrice Quélard. Mais alors whaou, c'était mon premier Quélard et certainement pas le dernier, j'ai eu un véritable coup de coeur pour ce roman de fiction historique. Nous sommes en 1200 en Occitanie et la lutte commence entre la religion catholique et les hérétiques. J' ai vraiment adoré l'histoire, les personnages, le contexte historique le tout fort bien documenté, argumenté. Bref j'ai vécu à cette époque au travers de la plume de cet auteur. Je vais vite lire la suite.
Quatrième de couv.TOME 1 — Occitanie, début du XIIIe siècle. L'hérésie cathare gagne du terrain. Est-elle une cause à défendre, ou un fléau à abattre ? Dans un récit choral teinté d'inexorable, les uns affûtent leurs arguments, les autres leurs lames. Et si beaucoup ont déjà choisi leur camp, il n'y aura pas de place pour les indécis.
Pour plus d'informations sur le Prix des Auteurs Inconnus, rendez-vous ici:
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