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Critique de Pancrace


« Tu montes, chéri ?
Non merci, madame. Je préfère éviter la syphilis qui donne de terribles éruptions cutanées et a tué des génies comme Maupassant ou Baudelaire. Je me réserve pour la malaria. »

Et puis, ce n'est pas du tout son genre à Léon, prude comme il est.
S'il est à St Nazaire, Léon, c'est dans le but d'embarquer pour la Guyane pas pour la gaudriole.
Une carrière de capitaine de Gendarmerie et un détour par la grande guerre ont forgé un homme qui sait se faire respecter et pour qui les valeurs humaines d'honnêteté, de droiture et de loyauté sont les références fondamentales.

Depuis son engagement dans l'armée coloniale pour échapper à un père alcoolique et brutal, Marcel, pauvre bougre ne subit que brimades et humiliations sans réel fondement. Il n'a que sa mère gravée dans le coeur et « Pas de chance » tatoué sur le torse.
Pour des broutilles de désobéissance, la sanction sera aussi exemplaire que l'on aime les exemples.
De mal en pis, tel de Charybde à Scylla, de Biribi à Cayenne, Marcel va subir des sévices inconcevables de sadisme et d'horreur autant par les gaffes que par les fagots eux-mêmes. (Comprenez les surveillants et les forçats).
Je m'interroge comment des hommes si endurcis soient-ils puissent endurer de tels supplices particulièrement bien traduits par un auteur parfaitement documenté ?

L'injustice est trop forte pour Léon qui sait le calvaire de Marcel et pour lequel il se sent quelque peu responsable…

Ce roman est un plaisir de lecture, au-delà de l'intrigue principale, Patrice Quélard me régale avec de truculents détails de l'après-guerre comme l'existence à St Nazaire d'un colossal stock de matériel de guerre que l'armée américaine nous a laissé et revendu à milliards exagérés. La France l'a si mal géré que la corruption l'a digéré. La plus grande gabegie de l'histoire.

Ce roman est aussi une dénonciation de l'injustice et des abus de toutes sortes qui règnent et qui régissent les bagnes de Cayenne et des iles du Salut et qui selon l'auteur est une honte pour la France. Albert Londres en sera avisé et écrira « Au Bagne » en 1923 et sera un des plus virulents lanceur d'alerte des ignominies et autres abjections de cette faune pervertie du directeur du bagne au dernier des porte-clefs. (Forçat privilégié, destiné à ouvrir et fermer les ferrures durant la nuit.)

J'ai également goûté à la découverte de cette Guyane méconnue qui me semble tellement inhospitalière avec sa jungle agressive, ses marais putrides et ses mangroves peuplés de myriades de moustiques, d'araignées et de serpents que sans être bagnard, j'aurai trop envie de m'évader.

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