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Critique de Charybde2


Le point d'orgue de la trajectoire de balle lente, désabusée et pourtant curieusement fringante, du policier chilien Santiago Quiñones.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/11/17/note-de-lecture-la-legende-de-santiago-boris-quercia/

Troisième et a priori dernier épisode des aventures de l'inspecteur Santiago Quiñones dans les méandres noirs du Chili contemporain, après « Les rues de Santiago » (2010) et « Tant de chiens » (2015), le « La légende de Santiago » de Boris Quercia, écrit en 2018, publié en espagnol en 2019 et traduit dès 2018, toujours chez Asphalte, par Isabel Siklodi, porte avec brio à son paroxysme la course désabusée de ce policier peut-être pas tout à fait comme les autres.

Hanté désormais par un drame familial paradoxal dont il ne s'attendait certainement pas à ressentir autant de culpabilité (drame en étrange cascade qui occupe les premières pages du roman), Santiago (dont le prénom à nouveau, avec sa résonance capitale au Chili, jusque dans le titre ici, porte son poids de symboles et de quiproquos possibles) se débat entre une rupture amoureuse qui semble cette fois vouloir prendre des allures définitives, une série de crimes racistes et xénophobes particulièrement spectaculaires qui met la ville en émoi (et plus encore le gouvernement) et un règlement de comptes entre gros dealers (à moins qu'il ne s'agisse de tout autre chose), auquel le policier aisément accro à la coke se retrouve mêlé de beaucoup trop près pour son confort personnel, par le jeu de son nez parfois avide et de ses mains parfois poisseuses. de proche en proche, le fil d'équilibriste sur lequel Santiago avançait malgré tout, mauvaise réputation en bandoulière, depuis plusieurs années, semble de plus en plus tremblant sous ses pas.

Poussant beaucoup plus loin la fatigue existentielle et morale que l'emblématique Pepe Carvalho de Manuel Vazquez Montalban (conçu, lui, avant le temps de la mondialisation heureuse pour les nantis et les criminels de tous pays), le personnage de dur à cuire ultime créé par Boris Quercia porte en lui, plus encore que ceux modelés dans un état d'esprit souvent comparable, par le Brésilien Edyr AugustoBelém », 1998) ou par l'Argentin Leonardo OyolaGolgotha », 2008), le télescopage fatal entre le politique et l'intime, à l'heure où le XXIe siècle semble plus que jamais trahir les espoirs un temps placés en lui par celles et ceux qui entrevoyaient un retour au bon sens collectif par delà les avidités individuelles trop rarement rassasiées. Avec cette qualité cinématographique qui ne peut étonner de la part d'un auteur qui est aussi acteur et réalisateur consacré, sans jamais se laisser aller à la parodie ou au pastiche (les blessures physiques et morales qui accompagnent ici encore le personnage ont une résonance autrement dramatique et profonde que celles du John McClane de la série « Die Hard »), « La légende de Santiago » conclut en beauté forcément tragique l'un des cycles noirs les plus curieusement attachants de ces dernières années.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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