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Critique de lebelier


Après le « jadis », Pascal Quignard continue sa réflexion contemplative, poétique, philosophique des résurgences du passé dans l'origine de la vie et la vie elle-même. La reproduction sexuée est un bon exemple de cet abîme, ce tourbillon en perpétuel mouvement du temps aboli et recréé. Ce n'est pas résumable. Les chapitres s'enchaînent traitant tantôt d'histoire antique, tantôt de réflexion sur des gestes humains ou animaux, de la sensualité, des caresses qui se répètent, ou encore et toujours de l'origine des mots, du monde ou du langage. Les thèmes s'enchevêtrent pour mieux approcher ces fameux abîmes, du temps, de l'espace dans lesquels on perçoit une répétition de l'histoire ou des histoires humaines. L'auteur va jusqu'à s'interroger sur la finalité de son ouvrage.

« Ce que je suis en train d'écrire compte parmi les dernières pattes de mouche, à tomaison intermittente, d'une encyclopédie, elle-même à usage privé. Un des derniers livres de raison du royaume – à ranger dans le tiroir de droite du buffet d'un vieux lettré qui prit la décision de se perdre dans sa province parce qu'il ne comprenait rien de rien à ce monde. »

Comme toujours, les phrases sont ciselées, pesées, pensées. L'auteur se fait à la fois conteur de merveilleux, poète de l'aphorisme et philologue. Il parle comme nul autre du passé, du jadis, de la nostalgie.

« La nostalgie est une structure du temps humain qui fait songer au solstice dans le ciel. »(42)

Toute phrase isolée, séparée des autres comme celle-ci, invite à la méditation. Il faut le temps de les faire fondre, de les goûter, de les retourner. Quoi qu'il en soit, on s'en imprègne bien vite.

« Dans la volupté se perd le désir d'être heureux. » (54)

Les écrivains écrivent en noir et blanc.

« Il n'y pas de récit qui ne soit un retour. » (99)

On revisite les auteurs de l'antiquité et l'on se prend à rêver d'avoir Quignard comme professeur d'Humanités. En le lisant, on a l'impression de l'écouter non pas faire un cours mais illustrer, enluminer ses phrases et ses paragraphes comme un moine copiste du jadis recomposé. Nos habitudes de lecture changent avec ce genre d'ouvrage et l'on y trouve peu d'inconvénients car on peut y replonger après l'avoir longtemps délaissé. Mais sitôt le livre ouvert, il happe l'attention.
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