AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
Les Romains de l'antiquité se servaient du terme « fascinus » pour désigner le sexe masculin en érection. Pascal Quignard s'intéresse au fascinus et au regard en biais, effrayé, qui a pu lui être associé dans la peinture, ainsi qu'aux moeurs de l'époque. Il oppose la sexualité grecque, joyeuse et dionysiaque, à la sexualité romaine déjà liée à l'effroi et à la mort. S'il y a eu un changement dans la façon d'aborder la sexualité en Europe, ce n'est pas le christianisme qui en est la cause, mais l'empire romain, l'abandon de la république par le peuple et sa soumission à Octavien Auguste. le christianisme n'a fait que s'appuyer sur cette servilité pour inventer la pudibonderie et le sentimentalisme.
Je préfère Pascal Quignard comme essayiste que comme auteur de fiction. Il est toujours passionnant quand il joue les érudits et on sent davantage son amour de la langue. Mais lire ses romans ultérieurs à la lumière de cet essai peut certainement changer le regard sur son oeuvre, ou au moins apporter un nouvel éclairage. Il y a un lieu central dans « le sexe et l'effroi », c'est la Villa des Mystères de Pompéi avec sa grande fresque murale. Il faudrait s'imaginer entrer par l'étroite porte de cette chambre et découvrir ce mystère.
L'érudition dont il fait preuve est impressionnante et on apprend énormément de choses même si c'est un livre orienté, avec une thèse primordiale. Certaines traductions et analyses étymologiques, sans être fausses, pourraient être remises en cause ou mériteraient un plus grand développement. J'aurais aimé qu'il cite ses sources précisément ou s'explique davantage, mais des notes et une bibliographie complètes auraient au moins duodécuplé le volume. de toute façon il ne cherche pas à étaler sa culture ou à enseigner, et il parle lui-même « d'interprétation » et même de « délire » au sujet de ce livre.
Commenter  J’apprécie          140



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}