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EAN : 9782070400027
355 pages
Gallimard (14/05/1996)
3.94/5   118 notes
Résumé :

Quand Auguste réorganisa le monde romain sous la forme de l'empire, l'érotisme joyeux, anthropomorphe et précis des Grecs se transforma en mélancolie effrayée. Des visages de femmes remplis de peur, le regard latéral, fixent un angle mort. Le mot phallus n'existe pas. Les Romains appelaient fascinus ce que les Grecs appelaient phallos. Dans le monde humain, comme dans le règne animal, fasciner contraint celui qui voit &#... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Cet ouvrage est superbe, c'est un livre d'art très richement illustré, dont la présentation est très soignée. Un beau livre qui trouve sa place sur les rayonnages d'une bibliothèque luxueuse... mais la bibliothèque d'un érudit spécialisé dans l'histoire des civilisations gréco-romaines.
Malgré toutes ces qualités, j'abandonne ma lecture, pour deux raisons :
- texte bien trop pointu qui s'adresse à des spécialistes, ayant une bonne connaissance des moeurs de ces peuples de l'Antiquité, de ses auteurs, de ses personnages historiques... et de la sexualité de ces sociétés.
- le texte est imprimé en blanc sur des pages noires, la lecture est donc fatigante pour les yeux.
J'abandonne cette lecture avec regrets, à mi-parcours. Je dois avouer que j'ai un peu de mal avec les essais de l'auteur, mais que j'apprécie beaucoup ses romans.
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L'esthète dans toute sa splendeur ! Quand Quignard vous pond -c'est Pâques, pardon, mais je n'avais pas d'autre verbe en bouche, oeufs en chocolat obligent, mais avec délice, vous l'aurez compris- quand il vous pond, dis-je, un ouvrage sur le sexe dans l'iconographie et les textes antiques (grecs et romains s'il vous plaît), ça donne un feu d'artifice de références les plus passionnantes qui soient. Choisir l'édition de luxe, accompagnée des images, parce que celle en poche vous prive de l'essentiel ! Il m'épate toujours un peu plus avec le temps, Quignard. Si profondément nourri d'histoire, si familier des textes sources qu'il vous donnerait envie d'y plonger vous-même! le fascinus : that is the question ! C'est plus joli que"pénis", vous en conviendrez, même si ce dernier résonne lui aussi très latin! N'empêche que si notre société a toujours tourné autour de cette même chose-là, c'est bien à cause des romains! On tourne autour, on regarde en biais, jamais bien en face... Tiens ça me rappelle ce visiteur d'Orsay croisé il y a quelques années devant L'origine du Monde, dont les yeux ont été renvoyés comme un ressort à l'extérieur du tableau, comme si ça lui avait brûlé la pupille! Il était un spectacle à lui tout seul à vouloir regarder sans regarder! Incroyable tout de même que cette chose qui nous engendre, le sexe, soit ainsi voilée, périphrasée, métaphorisée ! Les grecs, eux, n'y allaient pas par quatre chemins! Et on a mis la pruderie occidentale sur le dos de la religion, pas du tout ! Quignard l'explique parfaitement, et c'est si incroyable de richesses à la fois littéraires, linguistiques et iconographiques qu'il faut prévoir un peu de temps pour le lire, lentement, doctement, histoire de faire honneur à tout ce travail et à cet écrivain vraiment épatant.
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Les Romains de l'antiquité se servaient du terme « fascinus » pour désigner le sexe masculin en érection. Pascal Quignard s'intéresse au fascinus et au regard en biais, effrayé, qui a pu lui être associé dans la peinture, ainsi qu'aux moeurs de l'époque. Il oppose la sexualité grecque, joyeuse et dionysiaque, à la sexualité romaine déjà liée à l'effroi et à la mort. S'il y a eu un changement dans la façon d'aborder la sexualité en Europe, ce n'est pas le christianisme qui en est la cause, mais l'empire romain, l'abandon de la république par le peuple et sa soumission à Octavien Auguste. le christianisme n'a fait que s'appuyer sur cette servilité pour inventer la pudibonderie et le sentimentalisme.
Je préfère Pascal Quignard comme essayiste que comme auteur de fiction. Il est toujours passionnant quand il joue les érudits et on sent davantage son amour de la langue. Mais lire ses romans ultérieurs à la lumière de cet essai peut certainement changer le regard sur son oeuvre, ou au moins apporter un nouvel éclairage. Il y a un lieu central dans « le sexe et l'effroi », c'est la Villa des Mystères de Pompéi avec sa grande fresque murale. Il faudrait s'imaginer entrer par l'étroite porte de cette chambre et découvrir ce mystère.
L'érudition dont il fait preuve est impressionnante et on apprend énormément de choses même si c'est un livre orienté, avec une thèse primordiale. Certaines traductions et analyses étymologiques, sans être fausses, pourraient être remises en cause ou mériteraient un plus grand développement. J'aurais aimé qu'il cite ses sources précisément ou s'explique davantage, mais des notes et une bibliographie complètes auraient au moins duodécuplé le volume. de toute façon il ne cherche pas à étaler sa culture ou à enseigner, et il parle lui-même « d'interprétation » et même de « délire » au sujet de ce livre.
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Après la lecture de Veyne, je reprends Quignard pour les splendides illustrations du Sexe et l'effroi. Dans son dernier chapitre, « La Villa des Mystères », il écrit une phrase obscure qui résume son approche « Les yeux qui ont peur éloignent qui les voient ». Quand Veyne est familier jusqu'à l'humour, Quignard est fasciné par le caché, la réclusion, l'interdit, la chasse, la prédation, la violence, la peur et l'omniprésence du sexe. Lucrèce violée assume de façon exemplaire sa responsabilité civique par le suicide, elle n'a pas d'autre choix pour la violence faite à l'honneur de sa gens et au bien de son époux, toute responsabilité morale est hors champ, on achève bien le cheval blessé. « La fougueuse violence des duri venatores du clan primitif, l'élan d'impétuosité violente de l'origine, la menace immédiate de la mort qui fait le héros » (p 194). « L'idée de la mort exaspère la frénésie de vivre » (p 206). Quignard détaille les horreurs pédophiles prêtées par Tacite à Tibère. Il écrit — et je regrette qu'il ne référence pas précisément ce concept : « Épicure fut au IIIe siècle avant l'ère ce que Freud fut au XXe siècle et le rôle social que leurs doctrines assumèrent fut d'une contagion comparable. Leur thèse initiale est la même : un homme qui ne jouit pas fabrique la maladie qui le consume. L'angoisse, ajoutent-ils tous deux, n'est que de la libido sexuelle qui flotte, se retourne contre elle-même et intoxique » (p 150).
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L'auteur fait une brève histoire de la sexualité depuis l'empire romain jusqu'à nos jours. Il s'appuie pour cela sur de nombreux tableaux et une érudition impressionnante. Si le propos est très intéressant et fort accessible, je trouve le style un peu en dessous. Mais on se prend quand même à se demander comment aurions-nous vécu notre sexualité dans un monde où la morale judéo-chrétienne n'existerait pas?
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Je cherche à comprendre quelque chose d'incompréhensible : le transport de l'érotisme des Grecs dans la Rome impériale. Cette mutation n'a pas été pensée jusqu'ici pour une raison que j'ignore mais par une crainte que je conçois.
Durant les cinquante-six ans du règne d'Auguste, qui réaménagea le monde romain sous la forme de l'empire, eut lieu la métamorphose de l'érotisme joyeux et précis des Grecs en mélancolie effrayée. Cette mutation n'a mis
qu'une trentaine d'années à se mettre en place (de - 18 avant l'ère à 14 après l'ère) et néanmoins elle nous enveloppe encore et domine nos passions. De cette métamorphose, le christianisme ne fut qu'une conséquence, reprenant cet érotisme pour ainsi dire dans l'état où l'avaient reformulés les fonctionnaires romains que le principat d'Octavius Augustus suscita et que l'Empire durant les quatre siècles qui suivirent fut conduit à multiplier dans l'obséquiosité.
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La jouissance menace le désir et il est normal que le désir puisse haïr la jouissance, puisse éprouver une totale aversion à l’encontre de la détumescence (c’est le puritanisme mais c’est aussi l’art). Le désir est le contraire de l’ennui, de l’épuisement, de la satiété, de l’endormissement, du dégoût, de la flaccidité, de l’amorpheia. Tout conte, tout mythe, tout récit vise l’exaltation du désir et porte son combat contre la jouissance. Le roman érotique ou la peinture pornographique (par définition il n’y a pas de roman pornographique ni de peinture érotique) ne cherchent en aucun cas à faire jouir mais à faire désirer : ils cherchent à érotiser le langage ou le visible. Ils cherchent à abréger la période réfractaire. Ils livrent la guerre au taedium.
Voilà pourquoi le taedium vitae, le dégoût qui suit la jouissance s’attache les arts comme les branches des arbres s’attachent à leur tronc. L’art préfère toujours le désir. L’art est le désir indestructible. Le désir sans jouissance, l’appétit sans dégoût, la vie sans mort.
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Psychè regarde la beauté insoutenable de l'homme qu'elle étreint dans l'obscurité chaque nuit. Car insoutenable à la vue des femmes est le fascinus. Comme est insoutenable à la capacité des hommes l'érection fascinante. Aussitôt l'éros et la psychè s'éloignent. Aussitôt Eros, devenu oiseau, passe par la fenêtre et se pose sur la branche d'un cyprès.
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« Ne cherche pas à connaître la figure de ton mari (de forma mariti) », dit Eros à sa jeune épouse. « Si tu le vois, tu ne le verras plus ! (Non videbis si videris !) » Psyché accepte dans l’obéissance (obsequium). Chaque nuit, elle attend son « mari sans nom (maritus ignobilis) ».
Pavet (elle a peur). Plus qu’aucun malheur, « ce qu’elle redoute est ce qu’elle ignore ». Timet quo ignorat : cette sentence d’Apuleius de Madaura pourrait être écrite sur le pavement de la chambre des Mystères.
Dans la nuit, Psyché tend la lampe à huile dans le silence pendant que son époux dort sur le lit. Aussitôt elle est consternée (consternata) et muette. Ce monstre est beau. Mais aussitôt Amor, devenu oiseau, s’enfuit.
Une servante de Vénus, nommée Consuetudino, s’approche de Psyché en criant : « As-tu fini par comprendre que tu as une maîtresse (dominam) ? » Elle l’empoigne par les cheveux et la traîne aux pieds de Vénus (dont le fils a été blessé par la goutte d’huile tombée de la lampe que levait sur son corps Psyché curieuse).
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Il n'y-a qu'une expérience - du sentir vivant - c'est le plaisir, parce qu'il unit le corps et l'âme. Le coït qui est la source du corps vivant est la fin du corps vivant dans sa plus extrême santé.
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Vidéo de Pascal Quignard
L'auteur Pascal Quignard a bâti une oeuvre érudite et sensible. Avec "Compléments à la théorie sexuelle et sur l'amour", il poursuit sa réflexion sur la sexualité et la relation amoureuse et nous parle d'art, de masochisme, ou encore de sirènes... Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Les Amants / René Magritte
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