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Critique de latina


Je ne regarde plus le robinet de ma cuisine de la même façon qu'avant, depuis que j'ai lu ce roman.
Il faut dire que j'ai passé quelques heures angoissantes parmi les habitants d'un nouvel immeuble, le Mayerling (rien à voir donc avec le drame de Mayerling de 1889, j'en connais qui auraient fait le lien dès l'énoncé du titre).


Alors là, c'était angoissant, mais jubilatoire ! Quelle ironie de la part de cet auteur belge Bernard Quiriny !
Effectivement, il s'est déchainé contre notre civilisation du béton et ses chantres : les architectes, les promoteurs, les agences immobilières aux noms mystérieux et leur attirail d'affiches aguichantes et mensongères.


Mais son énervement a pris la forme d'une fable jouissive, présentée en trois parties.
La première met en scène le contexte de ce 21e siècle bâtisseur, non de cathédrales mais d'habitats collectifs. « le phénomène est général, et touche la plupart des résidences modernes construites à la va-vite avec des matériaux défectueux : vos voisins, spécialement ceux du dessus, sont vos ennemis. Leurs murs prolongent les vôtres. Leur tuyauterie se raccorde à la vôtre. Vous les appelez vos voisins, mais la vérité, c'est qu'ils habitent avec vous. Eux et vous n‘êtes pas les habitants séparés de deux logis distincts, mais les copropriétaires uniques d'un ensemble unique, divisé fictivement par des murs chétifs et par une dalle en béton léger qui propage le bruit. Cela donne des envies de tuer ».
Partie très amusante à lire, très vraie, aussi !


La deuxième partie nous fait vivre des portions de la vie des nouveaux résidents de cette résidence « Mayerling », qui vont connaitre au fil des mois les pires souffrances : tuyauteries qui refoulent une eau noirâtre, bruit infernal de la part des voisins, et je vous épargne tous les ennuis domestiques cumulés et exponentiels. Même le mental de ces gens est touché.
Ce qui leur fait déclarer que l'immeuble est hanté par une présence maléfique. L'immeuble lui-même serait vivant.
Je me suis tellement mise à la place de ces pauvres gens que j'en ai fait un cauchemar.


La troisième partie nous montre la rébellion de ces résidents contre cette puissance de béton, et ils s'en donnent à coeur joie, enfin, ne parlons pas de joie ici, mais d'opiniâtreté, pour détruire leur possession.

Bref, ce roman fantaisiste en apparence pose les bonnes questions. Allons-nous calquer nos vies sur celles de nos voisins à force de vivre en promiscuité dans ces immeubles ? le béton a-t-il une incidence sur le caractère et la façon de vivre ? Allons-nous nous faire bouffer par le béton ?

« Satire visionnaire de l'architecture inhabitable, du cadre de vie impossible », ce roman-fable fait peur. Et pourtant, j'habite à la campagne !

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