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Critique de l-ourse-bibliophile


Un point particulièrement positif pour cette quadrilogie : l'écriture. La plume de Pascale Quiviger est vraiment très belle. Emplie de poésie et d'humour, c'est un délice, que l'on savoure les images nées de ses mots ou un simple dialogue riche en émotions ou en ironie.
La narration est vive et prenante, difficile de lâcher un tome une fois entamé. L'autrice revisite une intrigue à la base assez classique – pouvoir, complot, trahison, secrets – avec une galaxie de personnages étoffés, des légendes et la présence inquiétante et mystérieuse de la Catastrophe. Entre les changements de point de vue, quelques annonces et les petits indices semés ici ou là, le récit est mené de manière efficace et accrocheuse.
De plus, j'ai vraiment apprécié les différentes ambiances et les différents rythmes impulsés par l'autrice. du voyage en bateau du premier volume à la vie de château, le passage des saisons, la présence de la nature et des éléments, des moments plus paisibles et d'autres haletants… je ne me suis jamais ennuyée même quand l'intrigue prenait son temps. le troisième tome est vraiment réussi avec l'ombre de Jacquard de plus en plus proche, la toile mortelle qui se tisse autour de Thibault, les incertitudes sur la suite des événements où tout semble aller de mal en pis... : un tome oppressant, pendant sombre du dernier qui, aussi mal engagée que soit Pierre d'Angle, fait rejaillir l'espoir dans les ténèbres.

Premier point plus mitigé : les personnages. Certes, les personnages qui peuplent Pierre d'Angle sont particulièrement attachants. Dès le premier tome, ils sont parfaitement introduits, on apprend à les connaître tout de suite et ils s'attirent notre sympathie pour le reste de la saga. Thibault en tête est un prince charismatique, à la physionomie et au rire plein de bonhomie que l'on ne peut que soutenir. Et puis, il y a Ema, Lysandre, Lucas, Esmée, Manfred, Guillaume Lebel… tant d'autres personnages qui gravitent autour de Thibault, mais vivent aussi leurs propres péripéties, leur propre trajectoire, qui contribuent à nous les rendre plus vivants encore.
Pourquoi mitigé alors ? Car aussi sympathiques soient-ils, aussi variés soient leurs traits de caractère, ils sont trop gentils à mon goût. Les gentils sont pleinement et indescriptiblement gentils, ce qui limite un peu l'impact des complots et retournements de veste possibles. Ils ne sont pas dénués de failles, mais ainsi, quand ils empruntent le mauvais chemin, c'est finalement par erreur, par faiblesse ou par peur. Ça n'empêche pas de s'y attacher, mais ça simplifie les choses et ça manque un peu de « gris » dans ces beaux personnages blancs. (Et je ne parle pas de Mercenaire dans le dernier tome : je l'ai beaucoup aimé pour son esprit « Sherlock Holmes » qui sait tout, voit tout, comprend tout, mais qu'est-ce qu'il facilite les choses !)
De la même manière, la plupart des personnages « du côté des méchants » sont surtout méprisables, sans attachement possible. Purs produits de la cupidité ou de la vanité, sans épaisseur réelle.
C'est pour cela que, dans le dernier tome, le personnage que j'ai préféré suivre entre tous a été Jacquard. Avec sa mère Sidra, il est, à mes yeux, le seul qui déroge à cette règle du « tout blanc tout noir ». Un personnage sombre et détestable, mais bien moins lisse que les autres, faillible et touchant dans et malgré ses aspérités (parfois plus que tranchantes). de plus, il permet également d'éclaircir le cas de Sidra justement, personnage trouble dont les motivations interrogent pendant les trois précédents volumes.

Second point au bilan plus mitigé : les révélations. Certaines surprises ne m'ont pas tellement surprise, comme le grand et terrible secret de Pierre d'Angle. J'imaginais parfaitement quelque chose de cet ordre-là (mais en pire encore), donc la révélation est tombée un peu à plat. Ou bien elles n'ont pas l'impact attendu, comme dans ce cas – et on revient un peu aux protagonistes – où il apparaît qu'un traître sape le travail de Thibault de l'intérieur du château, un traître apparemment très proche de lui. Personnellement, je me suis forcément amusée à essayer de trouver le félon m'imaginant que son identité serait un déchirement (« nooon, pourquoi as-tu fait ça ? pourquoi ? je t'aimais tellement ! », vous voyez le genre…) et finalement, pas du tout. Il s'agissait d'un personnage au mieux négligeable, au pire méprisable auquel il est impossible de s'attacher. J'ai trouvé cela un peu dommage et un peu facile (oui, j'aurais préféré souffrir).
Cependant et heureusement, l'autrice a su emprunter quelques voies inattendues (pour les personnes les ayant lus, je parle par exemple de la fin du troisième tome), ce que j'ai trouvé vraiment appréciable.

Des péripéties maritimes de L'Art du naufrage aux accents révolutionnaires de Courage, le Royaume de Pierre d'Angle propose des atmosphères diverses, une très belle écriture et une narration efficace et captivante. Certes, cette quadrilogie n'est pas exempte de défauts – son manichéisme étant le plus regrettable – et n'a pas répondu à toutes mes attentes, mais, n'ayant pas boudé mon plaisir au fil des quatre tomes, je trouve néanmoins dommage qu'elle n'est pas été plus visible aux yeux du grand public.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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