Le royaume de Pierre d'angle, tome 4 : Courage

Je redoutais de le débuter autant que de le terminer, et pourtant je me suis jetée telle une affamée sur ce quatrième et dernier tome de la saga du "Royaume de Pierre d'Angle". J'ai envie de dire ici toute mon admiration pour Pascale Quiviger. Elle conclut en beauté sa série, "boucle la boucle" de façon magistrale. Selon moi, la série n'aurait pas pu connaître un dénouement plus complet et satisfaisant.

Outre un univers absolument passionnant, les personnages qu'elle a développé au fil de l'histoire sont incroyablement riches et nuancés. Ce quatrième tome dans lequel souffle le vent de la rébellion force les personnages à regarder au fond d'eux-mêmes et puiser dans leurs forces tout en luttant contre leurs faiblesses. Aucun personnage n'est oublié, chacun est un rouage de l'histoire, a un rôle crucial à jouer. Si Thibault restera sans doute l'un de mes personnages favoris, nul ne l'égalant par sa droiture mais aussi son sens de la justice et du sacrifice, j'ai également adoré Lucas, Lysandre, Manfred, Esmée et bien d'autres encore. Mention spéciale pour Mercenaire, qui fait une sublime entrée dans ce tome. Quel personnage charismatique ! Aussi charmant que redoutablement intelligent, j'ai été fascinée par cet personnage énigmatique à l'influence décisive.

Contrairement au tout premier tome qui revisitait superbement le roman d'aventure maritime, ce dernier tome sonne comme un pamphlet contre la tyrannie, comme un appel à la Résistance. L'intrigue perd en quelque sorte son souffle aventureux pour se concentrer sur des intrigues de pouvoirs et les multiples manipulations qui en résultent. Ce tome est donc très dense, mais est rendu très dynamique par la multitude de personnages sur lesquels sont centrés alternativement les chapitres.

Une incroyable série qui me hantera longtemps et que je relirai dès que possible.

Un point particulièrement positif pour cette quadrilogie : l'écriture. La plume de Pascale Quiviger est vraiment très belle. Emplie de poésie et d'humour, c'est un délice, que l'on savoure les images nées de ses mots ou un simple dialogue riche en émotions ou en ironie.
La narration est vive et prenante, difficile de lâcher un tome une fois entamé. L'autrice revisite une intrigue à la base assez classique – pouvoir, complot, trahison, secrets – avec une galaxie de personnages étoffés, des légendes et la présence inquiétante et mystérieuse de la Catastrophe. Entre les changements de point de vue, quelques annonces et les petits indices semés ici ou là, le récit est mené de manière efficace et accrocheuse.
De plus, j'ai vraiment apprécié les différentes ambiances et les différents rythmes impulsés par l'autrice. du voyage en bateau du premier volume à la vie de château, le passage des saisons, la présence de la nature et des éléments, des moments plus paisibles et d'autres haletants… je ne me suis jamais ennuyée même quand l'intrigue prenait son temps. le troisième tome est vraiment réussi avec l'ombre de Jacquard de plus en plus proche, la toile mortelle qui se tisse autour de Thibault, les incertitudes sur la suite des événements où tout semble aller de mal en pis... : un tome oppressant, pendant sombre du dernier qui, aussi mal engagée que soit Pierre d'Angle, fait rejaillir l'espoir dans les ténèbres.

Premier point plus mitigé : les personnages. Certes, les personnages qui peuplent Pierre d'Angle sont particulièrement attachants. Dès le premier tome, ils sont parfaitement introduits, on apprend à les connaître tout de suite et ils s'attirent notre sympathie pour le reste de la saga. Thibault en tête est un prince charismatique, à la physionomie et au rire plein de bonhomie que l'on ne peut que soutenir. Et puis, il y a Ema, Lysandre, Lucas, Esmée, Manfred, Guillaume Lebel… tant d'autres personnages qui gravitent autour de Thibault, mais vivent aussi leurs propres péripéties, leur propre trajectoire, qui contribuent à nous les rendre plus vivants encore.
Pourquoi mitigé alors ? Car aussi sympathiques soient-ils, aussi variés soient leurs traits de caractère, ils sont trop gentils à mon goût. Les gentils sont pleinement et indescriptiblement gentils, ce qui limite un peu l'impact des complots et retournements de veste possibles. Ils ne sont pas dénués de failles, mais ainsi, quand ils empruntent le mauvais chemin, c'est finalement par erreur, par faiblesse ou par peur. Ça n'empêche pas de s'y attacher, mais ça simplifie les choses et ça manque un peu de « gris » dans ces beaux personnages blancs. (Et je ne parle pas de Mercenaire dans le dernier tome : je l'ai beaucoup aimé pour son esprit « Sherlock Holmes » qui sait tout, voit tout, comprend tout, mais qu'est-ce qu'il facilite les choses !)
De la même manière, la plupart des personnages « du côté des méchants » sont surtout méprisables, sans attachement possible. Purs produits de la cupidité ou de la vanité, sans épaisseur réelle.
C'est pour cela que, dans le dernier tome, le personnage que j'ai préféré suivre entre tous a été Jacquard. Avec sa mère Sidra, il est, à mes yeux, le seul qui déroge à cette règle du « tout blanc tout noir ». Un personnage sombre et détestable, mais bien moins lisse que les autres, faillible et touchant dans et malgré ses aspérités (parfois plus que tranchantes). de plus, il permet également d'éclaircir le cas de Sidra justement, personnage trouble dont les motivations interrogent pendant les trois précédents volumes.

Second point au bilan plus mitigé : les révélations. Certaines surprises ne m'ont pas tellement surprise, comme le grand et terrible secret de Pierre d'Angle. J'imaginais parfaitement quelque chose de cet ordre-là (mais en pire encore), donc la révélation est tombée un peu à plat. Ou bien elles n'ont pas l'impact attendu, comme dans ce cas – et on revient un peu aux protagonistes – où il apparaît qu'un traître sape le travail de Thibault de l'intérieur du château, un traître apparemment très proche de lui. Personnellement, je me suis forcément amusée à essayer de trouver le félon m'imaginant que son identité serait un déchirement (« nooon, pourquoi as-tu fait ça ? pourquoi ? je t'aimais tellement ! », vous voyez le genre…) et finalement, pas du tout. Il s'agissait d'un personnage au mieux négligeable, au pire méprisable auquel il est impossible de s'attacher. J'ai trouvé cela un peu dommage et un peu facile (oui, j'aurais préféré souffrir).
Cependant et heureusement, l'autrice a su emprunter quelques voies inattendues (pour les personnes les ayant lus, je parle par exemple de la fin du troisième tome), ce que j'ai trouvé vraiment appréciable.

Des péripéties maritimes de L'Art du naufrage aux accents révolutionnaires de Courage, le Royaume de Pierre d'Angle propose des atmosphères diverses, une très belle écriture et une narration efficace et captivante. Certes, cette quadrilogie n'est pas exempte de défauts – son manichéisme étant le plus regrettable – et n'a pas répondu à toutes mes attentes, mais, n'ayant pas boudé mon plaisir au fil des quatre tomes, je trouve néanmoins dommage qu'elle n'est pas été plus visible aux yeux du grand public.
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Et voici enfin mon retour sur ce dernier volume de la saga du Royaume de Pierre d'Angle.
Un dernier volume qui clôt la saga en beauté, constituant le point d'orgue de la série.

Car ça ne finit pas en douceur comme dans un bon roman jeunesse fidèle au schéma narratif traditionnel (une bonne petite situation finale bien propre), ça explose de tous côtés.

Ce dernier tome nous fait atterrir durement en début de volume. L'heure est grave, le régime est renversé, des remous révolutionnaires sont dans l'air. Et pas qu'un peu. Les complots politiques ont éclaté, désormais la révolte gronde de tous côtés dans le royaume.

Les personnages traversent… leur propre désert. Ainsi, l'autrice rajoute de la consistance à ses personnages déjà bien éprouvés et super bien dessinés. Car oui, ils évoluent encore, et de manière vraiment surprenante. Chacun d'entre eux possède sa petite histoire dans la grande qui se joue, c'est comme un tableau de Brueghel où il se passe quelque chose partout.
Tous sont liés, et ça donne du corps à l'ensemble de la pièce.

Et dans ce volume, la magie prend son essor; elle qui était plutôt discrète, la voici qui s'épanouit pleinement, et elle n'est pas spécialement bienveillante. On en apprend davantage sur la forêt de la Catastrophe, et on prend la mesure de ce qu'elle représente pour le royaume.

Finalement, tout s'éclaire ici. Tous les fils narratifs se rejoignent, et ce final est grandiose, inattendu, surprenant, original.

J'ai vraiment beaucoup aimé cette série, que j'ai trouvé novatrice, riche et passionnante, avec des personnages qui m'ont fait rire, râler, crier de désespoir aussi (l'autrice ne vous ménagera pas dans cette saga). Elle est super comme série ado, mais tout aussi géniale pour des adultes qui y trouveront un second sens de lecture, le tout dans une écriture entraînante, mais aussi cocasse.

Une série que je conseille fortement !
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Une pure merveille. C'est beau, c'est émouvant.
Nos personnages, qui sont devenus nos amis, sont présents ; malheureux. Leur développement est d'une tristesse infinie. Ils ne se parlent plus, la confiance est rude et la trahison n'est jamais loin. La disparition de Thibault se fait ressentir dans chaque page : immense, douloureuse. Leur reconstruction et celle de Pierre d'Angle est lente et dure alors je ne peux nier le fait d'avoir été essoufflée, rapidement. C'est très déprimant à lire, lorsqu'on se souvient du premier tome.
Mai les actions s'enchaînent et la beauté est toujours là ; l'amour, quant à lui est présent dans chacune des pages. Une belle leçon de vie s'offre à nous.
Les émotions se ressentent, elles sont dépeintes avec précision ; dans les mots de l'auteure, dans le regard des personnages...On passe du rire aux larmes, on hurle d'injustice, on sourit d'amour.
Et cette plume...Cette plume si poétique, si minutieuse. Qui nous embarque dans ce si beau voyage, c'est tellement agréable de lire Pascale Quiviger !
C'est une lecture splendide, d'un cran au dessus des autres : splendide.
Cette saga est un coup de coeur mémorable, que je recommande pour absolument tous ses aspects, particulièrement celui-ci.
Une fin qui clôt parfaitement cette incroyable histoire.

J'ai mis énormément de temps à lire ce beau bébé (qui fait quasiment 700 pages) mais ne vous méprenez pas, ce n'est pas mauvais signe pour autant ! Au contraire, j'ai adoré ce tome qui a conclu avec brio une saga que j'aime énormément.
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Si vous avez lu le troisième tome, vous imaginez bien que ce dernier tome s'est déroulé dans un contexte assez particulier qui crée une vraie rupture avec les tomes précédents (même si, d'après moi, chaque tome a été très différent du précédent). Malgré tout, on retrouve avec plaisir la plupart des personnages qu'on aime suivre depuis le début de la saga, ainsi qu'un tout nouveau personnage que j'ai particulièrement apprécié.
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Pendant l'essentiel du livre, il y a quand même eu un personnage qui m'a posé souci : celui de Jacquard que je trouvais vraiment sans relief et assez caricatural, là où tous les autres personnages sont tout en nuances. Heureusement, à l'approche de la fin du roman, on comprend enfin pourquoi ce personnage a été conçu de cette manière et j'ai trouvé cette révélation bien amenée et originale (contrairement au cliché du personnage qui a eu une enfance malheureuse et a donc décidé de devenir méchant qu'on peut voir un peu partout).
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Malgré la taille du roman, je n'ai vraiment trouvé aucune longueur et j'ai trouvé les révélations et rebondissements bien gérés. Évidemment, l'autrice est toujours aussi dure avec ses personnages, ce qui donne lieu à des destins assez cruels et tragiques, mais ça n'empêche pas la fin d'être très satisfaisante. du début à la fin, cette saga m'aura fait passer d'excellents moments.