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Critique de Krout


"Nom di Dju de Nom di Dju, ma bonne denrée !"
La soupe aux choux Louis de Funes

A l'écriture de cette critique je suis écartelé entre le zéro pointé et l'infiniment supérieur à cinq étoiles. Une certaine rationalité, que d'aucuns qualifieraient d'honnêteté intellectuelle, mènerait droit à une moyenne de trois étoiles. Preuve s'il en était besoin qu'une moyenne donne souvent une très pauvre représentation de la réalité souscrite, toujours beaucoup plus complexe. Au mieux , elle en est l'image trompeuse de son centre mou alors que les éléments les plus intéressants sont aux extrêmes. C'est à dessein que je sélectionne le verbe écarteler pour son étymologie en référence aux supplices qui y étaient associés.

Rarement, peut-être jamais, n'ai-je été pris dans une lecture par cette rage viscérale d'envoyer valdinguer un bouquin au diable vauvert, tant j'y perçois, par endroits, des interprétations possibles conduisant potentiellement à des dérives d'un tout autre ordre que le scientisme ici décrit. Franchement, des deux maux , je ne veux !

S'attarder sur les manquements d'écriture, le fatras d'idées foisonnantes jetées pêle-mêle sans cette ligne claire si chère à ceux qui ont appris à lire dans Tintin me semble, tout compte fait, totalement accessoire. C'est à mon sens, sur ce terrain, un ouvrage bâclé. Beaucoup par ce manque d'ordonnancement et faute d'un élagage suffisant seront rebutés, voire à jamais révulsés. Je compte dans mes amies Babéliotes une chroniqueuse émérite et particulièrement influente, viendrait-elle à lire ce livre que, pour des raisons que je crois deviner, elle en sortirait mortifiée, profondément outrée dans son intime conviction, totalement bloquée sur un ou l'autre point spécifique. Elle en viendrait, dans une colère noire et irrépressible, à écrire une critique pamphlétaire uniquement à charge, mettant facilement de son côté nombre de rieurs inconséquents et de rationalistes, qui sans en être eux-mêmes, aiment à se réclamer de l'esprit des lumières. A elle, je recommande donc de ne pas lire ce livre-ci , le temps n'est pas venu, elle s'y heurterait inutilement.

Et pourtant ...

Et pourtant, comment ne pas tomber en admiration devant ce grand humaniste qu'est Pierre Rahbi, devant son engagement sans faille pour ses idées, devant ses expériences pilotes amenant des changements concrets et durables sur le terrain, devant, enfin, sa très impressionnante culture qui transparait, ci et là, par petites touches discrètes ? Et quand je découvre sa bibliographie ainsi que la liste des associations qu'il a lancées, que je compare cela à la pauvreté de ce que pourrait être la mienne, une seule question me vient : qui suis-je pour critiquer ?

Du reste, par d'autres chemins, j'arrive sur bien des points à un constat similaire. Comment vous expliquer si ce n'est par une métaphore ? Je reconnais en Pierre Rahbi un de ces marcheurs d'à côté si bien décrits dans le roman Les indociles de Murielle Magellan, j'en suis un moi aussi.

Si je prends l'image d'une galaxie, nous sommes deux étoiles situées aux confins mais en deux points bien éloignés, nos positions singulières nous offrent à chacun une perspective et un point de vue magnifiques sur le centre de la galaxie où s'agittent, en tous sens, la grande majorité des étoiles et des planètes. D'où elles sont, ces étoiles et planètes croient bien connaître la galaxie et, comme elle sont les plus nombreuses à voir les mêmes choses se renforce leur certitude que leur connaissance est pleine et entière, lors que justement leur position au centre les empêche d'en percevoir toute la richesse. C'est cet éclairage particulier qui fait de Pierre Rahbi un être si rare et si précieux pour l'humanité. de mon propre point de vue , après tri et réflexion, il m'apparaît que la question centrale et d'une brûlante actualité, à l'aube d'une troisième guerre mondiale que je sens de plus en plus inéluctablement s'approcher, posée par Pierre Rahbi à la société occidentale est bien celle-ci p.205 "Qu'est-ce qui fait qu'aux tréfonds de nous-mêmes nous n'arrivons pas à nous affranchir de ce besoin de tuer la vie, notre vie ? Cette pulsion de mort naît de la peur et notre quête désespérée de sécurité. Nous sommes prêts à tout pour échapper aux conséquences de la mort que nous nous infligeons." Amoureux fou de ma liberté qui se réduit de jour en jour à peau de chagrin : comment ne pourrais-je applaudir des deux mains ?

Au fond la légende du colibri qui inspire Pierre Rahbi n'est pas bien différente de l'effet papillon que j'ai déjà en ce site invoqué.

Ainsi donc je crois que ceux qui adhèrent déjà, et parfois malheureusement pour de mauvaises raisons, aux idées de Pierre Rahbi vont tout bonnement adorer ce nouveau recueil, sans pour autant se poser les bonnes questions ; mais beaucoup d'esprits rationnels et scientifiques vont être heurtés et par conséquence s'ancrer davantage dans leur mode de pensée, une occasion gâchée alors que le temps nous est compté pour rassembler positivement les esprits pacifiques avant que la folie de la guerre ne s'empare du coeur des hommes jusqu'à devenir incontrôlable.

Je serais un véritable gougeat de ne pas remercie cette amie, tendre à mon coeur, sans qui autrement , je n'aurais jamais lu La convergence des consciences. Mais elle le sait, mieux que quiconque, c'est sans concession que je note.

Vous comprenez dès lors mes quatre étoiles et combien j'aimerais qu'un jour, aussi improbable soit-il, ma trajectoire croise celle de Pierre Rahbi pour un échange fraternel. Aussi est-ce dans l'espoir potentiel de cette hypothétique amitié que je clôture par cette autre citation :
"Un chti canon, mon Glaude ? "
La soupe aux choux Jacques Villeret.
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