Point de sang, point d'assassinat ni vengeance...il s'agit d'une tragique (et belle?) histoire d'amour, où toutes les situations sont provoquées par les sentiments des personnages.
Point de batailles... et c'est sans doute pour cela que les critiques ne furent guère élogieuses à sa sortie et dans les siècles qui suivirent...Une pièce trop sentimentale ?... où un empereur romain peut balancer comme le dernier des hommes entre son amour et son devoir ?
Voltaire écrivit "Je n'ai jamais cru que le tragédie dût être à l'eau de -rose ; l'églogue en dialogue intitulée
Bérénice...était indigne du théâtre tragique (...) ce grand maître Racine eut beaucoup de peine, avec tous les charmes de sa diction éloquente, à sauver la stérile petitesse du sujet"
Il est vrai que Titus ne sort pas grandi de cette histoire...a-t-il jamais assez aimé
Bérénice ? N'a-t-il pas fait preuve d'égoïsme dans les cinq ans qui virent grandir leur amour ? n'a-t-il même pas le courage d'annoncer en face à
Bérénice son bannissement pour le bien de l'empereur, de sa gloire ?
Bérénice, elle, est l'héroïne tragique...prête à tout donner, à tout sacrifier. Mais elle est plus touchante quand elle abandonne ses pleurs et ses plaintes au cinquième acte pour parler froidement et dignement et décider pour ses deux soupirants Titus et Antiochus. Ainsi s'adressant à Antiochus dans la scène finale :
"Sur Titus et sur moi réglez votre conduite :
Je l'aime, je le fuis; Titus m'aime, il me quitte.
Portez loin de mes yeux vos soupirs et vos fers.
Adieu. Servons tous trois d'exemple à l'univers
De l'amour la plus tendre et la plus malheureuse
Dont il puisse garder l'histoire douloureuse."
Une histoire d'amour éternelle servie par la mélodie de la langue de Racine.