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Critique de Sea


Sea
30 novembre 2015
CASTRO L'INFIDELE
SERGE RAFFY
8,5/10

LE BOURREAU DES TROPIQUES

Serge Raffy nous fait partager un fascinant voyage lucide sur la politique inspiré parfois de Napoléon Bonaparte, parfois de Staline, mené par F.Castro à Cuba. L'ogre des discours fleuve propangandistes est effectivement infidèle de plusieurs façons, en privé comme sur la scène internationale. F.Castro a toujours avancé masqué, il a toujours brouillé les pistes pour reprendre l'avantage in- extremis. On peut d'ailleurs lui reconnaître une habilité certaine en matière de manipulation et de longévité au pouvoir il est devenu une véritable légende vivante. Serge Raffy nous conte depuis son enfance la vie de Fidèle, en s'appuyant sur les faits et événements survenue sur l'île, ou lié à la perle des Caraïbes. Depuis 1959 l'année du renversement de Batista, Fidel a mené son combat contre les Etats-Unis et toutes formes d'opposition avec une maîtrise parfaite digne des plus grands tortionnaires de l'histoire. Il fut impliqué de prêt ou de loin à plusieurs événements du Xxième siècle parce que l'île était stratégiquement positionnée et que son régime était l'allié de l'ancien ennemi des Etats-Unis durant la guerre froide. Etrangement son combat ne prend pas fin avec la chute du mur de Berlin, Castro continue de défier son ennemi de toujours l'impérialiste Nord Américain et le capitalisme. Bientôt il ne devient même plus gênant c'est sans doute le drame de Castro. Après avoir provoqué des incidents pouvant provoquer une troisième guerre mondiale, «la crise des missiles». Après avoir été impliqué de près ou de loin dans l'assassinat de J.F Kennedy. Après avoir crée plusieurs martyrs dont Ernesto Che Guevara. Après avoir limogé, exécuté ou emprisonné bon nombre de ses camarades de sa révolution. Après avoir survécue à de nombreuses tentatives d'assassinat via la mafia, via la CIA, ou encore via une de ses nombreuses compagnes. Après avoir affamé et fatigué son peuple. Après avoir fait fuir des millions de Cubains en Floride. Après avoir réprimé férocemment toute possibilité de démocratie. «El viejo» comme l'appel affectueusement les enfants de sa dernière femme, est presque ignoré sur la scène internationale parce que devenu non stratégique. Il indiffère finalement, heureusement que son île connaît ce climat, car sans la mâne venu du tourisme Cuba serait aujourd'hui encore plus qu'exsangue. Quoi de pire pour lui que cette quasi indifférence, lui qui ne vit que dans l'urgence d'un combat imminent et qui fit de sa prise de pouvoir en 1959 son ultime but de guérillero. Castro n'est peut-être pas fait pour l'exercice du pouvoir mais seulement pour son renversement. Enfant il était le rebel de la famille, son père Don Angel Castro venu de Galice en Espagne au début du siècle, n'a jamais réussit à mater cette incroyable force de contestation. Il y a plus de cinquante ans, l'épopée d'une cinquantaine de barbus, débarqués d'un rafiot prévu pour vingt personnes, malades et nauséeux, arrivant sur l'île pour y mener une guérilla, au départ ignorée, ne présageait pourtant pas tant de victoires et de drâmes. Tout le phénomène Castro s'affiche à partir de là. Plus le but est inespèré plus il se bat. Et le combat n'est pas fini l'homme ne vit que pour cela, sa parano, il attend l'invasion improbable venu du nord. Il a tout mis en place avec la partie de sa famille qui ne lui a pas encore tourné le dos, pour assurer une succession à la gloire de ses idées et de ses méthodes d'un autre âge. Sa fameuse technique provocation, intimidation, élimination survivra t-elle ?
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