Se souvenir, ce n’est pas cultiver la haine comme on le ferait avec un ennemi héréditaire. C’est surtout marquer un jalon de l’histoire et chercher à comprendre pourquoi l’homme est capable d’exactions telles que l’imagination est insuffisante pour les concevoir.
Se souvenir où peuvent conduire
le racisme des uns
et le désintérêt des autres.
Se souvenir, ce n'est pas cultiver la haine.
Huit semaines après, il ne restera rien de ces enfants.
Rien.
De la cendre en Pologne.
Les opprimés et les indifférents vivent désormais sur des planètes distinctes.La désespérance n'a pas la même signification, selon les situations. Les uns attendent une amélioration du ravitaillement, les autres, la fin de l'oppression.
Nous ne savions pas que c’était la police française que nous devions craindre.
Nous ignorions que cette institution irait au-devant des revendications des nazis.
Comment pouvions-nous envisager que les chefs de la police française allaient suggérer à la Gestapo, non seulement l’arrestation des femmes, mais également celle des enfants.
Hypothèse invraisemblable.
Complices forcenés des bourreaux, les responsables de la police française estimaient qu’il ne devait pas rester de traces de leurs méfaits.
Il ne fallait pas de survivants pour se souvenir des exactions commises en France par des Français.
Les enfants ne devaient pas pouvoir témoigner sur l’assassinat de leurs parents.
Au four, les enfants !
Comme le dit une vieille chanson du folklore yiddish :
"Oh comme je suis devenu vieux rapidement.
On ne m'a pas laissé le temps de rester un enfant.
Les jeunes années s'en sont allées.
Oh , comme je suis devenu vieux rapidement..."
Il est déjà clairement établi que seule la police française passera à l’action dès que l’ordre lui en sera donné.