Citations sur Le Magasin des jouets cassés (158)
Vers seize heures, une femme a l’outrecuidance d’entrer dans la boutique afin de lui demander si elle fait relais-colis. Sans répondre, car Martine Pichon ne tient pas à user sa salive pour des balivernes, elle montre du doigt la boutique en face. Ce n’est quand même pas compliqué. Est- ce qu’elle ressemble à un magasin de chaussures ?
Ils entrent dans l’ascenseur étroit. Léon tient à appuyer sur le bouton et Lola le laisse faire, avec dans sa tête le compte à rebours qui les emmène vers cette séparation. La première d’une longue série qu’elle ne pourra jamais entièrement accepter. Arrivés dans le hall de l’immeuble, elle s’agenouille pour fermer le gilet du petit garçon, profitant de ce moment pour le serrer brièvement dans ses bras, un peu plus fort que de raison.
Dans la vie, nous sommes tous des signes de ponctuation, chère Clarisse. Et vous, vous êtes le trait d’union. Celui qui relie les gens, qui les rassemble les uns et les autres.
Paul-Henry est un observateur, un hédoniste des choses simples. Un contemplatif de ses contemporains. Pour lui, comme il aime à se le répéter souvent, la vie est un poème.
Si on regarde bien autour de soi, il y a tant de beauté dans trois fois rien.
Lorsque Lola se sent coupable, elle abreuve son fils de petits noms. Mon chat. Mon trésor. Mon amour. Mon bébé. Autant de mots doux pour tenter de faire avaler la pilule. Lorsqu'elle s'entend affubler son fils de ces diminutifs un peu trop sucrés, elle sait qu'elle est sur la mauvais pente. Ca sonne faux, comme des images d'Épinal qui cachent autre chose lorsqu'on les regarde plus près. Cette illustration de ma mère courage qui est en réalité une vieille sorcière édentée.
Les livres sont des messagers. Ils sont porteurs de ce qu'on n'ose pas dire. Ils te parlent de ce que tu ignorés de toi-même, et mettent en lumière ces sentiments que tu n'oses avouer à personne. C'est comme ça qu'ils te soulagent. Parce qu'ils viennent te parler de toi, cet illustre inconnu. C'est pour ça que parfois, un livre nous transperce et que jamais, jamais, on ne l'oubliera. Quoi qu'on lise après.
C'est une légende, indienne, je crois. On me l'a racontée quand j'étais môme, et elle m'a marqué. Elle raconte que nous avons deux loups qui cohabitent en nous. Deux bêtes sauvages qui se battent en permanence. L'un représente la peur, et l'autre, l'amour. Et toute notre vie, ils se battent l'un contre l'autre. Et la morale de l'histoire, c'est que c'est celui que l'on décide de nourrir qui gagne. Je crois que je ne sais pas encore lequel va gagner à la fin...
Le premier con venu, anobli de quatre ou cinq abonnés, se voit doté d'une parole, d'une légitimité venue de nulle part qui lui donne le droit de claironner son petit avis sur tous les toits, comme un gamin qui fait un caprice mais que personne n'écoute. Une sorte de brouhaha ininterrompu où chacun tente de tirer la couverture à soi.
Ce carrousel rassemble à son existence. Un éternel recommencement, cette façon de tournoyer à l’infini, de se saouler de bruit et de lumières clignotantes.
J'ai vécu de lui. Sans lui. Je l'ai aimé à la hauteur des rêves fous que l'on peut faire pour deux. J'ai aimé toute ma vie quelqu'un qui n'existait que dans mon souvenir