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Critique de horline


Prenez n'importe quel fait divers, sous le poids de l'opinion populaire et de l'exploitation pharisienne qu'on en fait, il éparpille bien souvent sa prise en particules tellement fines qu'il parvient à faire disparaître la victime. L'histoire qui oppose ici un riche banquier aux habitants d'une bourgade rurale semble suivre la même trajectoire.
Quand la fille d'un homme influent se noie sous ses yeux dans la Tamassee, dernière rivière sauvage de Caroline du Sud, c'est un affrontement clivé qui s'annonce dans le récit. Sous les yeux des autochtones et des media, une faille immense sépare la famille endeuillée aux écolos et l'obstination que l'on prête à chacun les y précipite.
Mais dans le chant de la Tamassee, Ron Rash a construit un récit qui invite à dépasser ce qui émerge à la surface et se défaire des certitudes trompeuses que l'on forme au début. Car dans ce roman cristallin à l'écriture limpide, évidente, l'auteur américain nous gratifie d'un récit qui transfigure le conflit apparent et fait rejaillir à la surface de l'histoire des éléments plus profonds que l'effet médiatique passe sous silence. le retour d'une journaliste née dans ce territoire jusque-là préservé de ce qu'on appelle communément la modernité n'y est pas étranger...

On a l'impression de lire un drame intelligemment nuancé, nourri de tensions, confrontations et fuites qui donnent une puissance poétique qui se diffuse lentement, et même en-deçà des soubassements du texte.
Il possède en quelque sorte une force tranquille parce que le roman exprime aussi une profonde authenticité ; le goût pour les espaces sauvages, le sens de la dignité et le pardon parcourent chaque page. Et les descriptions majestueuses de la nature, en particulier de la Tamassee, sont tellement hypnotiques et entêtantes que l'écriture parvient à nous imprégner d'une mélodie enchanteresse.
C'est une belle histoire qui aurait pu donner naissance à un sacré roman si la vie personnelle particulièrement tortueuse de la narratrice n'était pas venue s'insérer de manière assez maladroite. Son histoire d'amour très mélodramatique apparaît malheureusement dissonante au regard de la dimension quasi spirituelle du récit principal.
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