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Critique de Cricri124


Caroline du Nord dans un petit vallon des Appalaches en 1918.

La falaise de granite qui surplombe la ferme des Shelton la recouvre tel un linceul de son ombre. Une terre d'ombre que le soleil ne parvient pas à pénétrer. Une terre maudite qui attire le malheur depuis la nuit des temps d'après la croyance populaire. Les villageois fuient ce lieu et ses résidents comme s'ils étaient atteints d'une maladie contagieuse. Laurel et son frère Hank en savent quelque chose, eux qui ont subi et subissent encore leurs calomnies et leur mépris. En particulier Laurel, que sa tache de naissance désigne « naturellement » comme une sorcière. Il n'y a guère que le vieux Slidell qui ose les approcher, un personnage charismatique, taiseux, austère, dur comme de la roche.

Pourtant Hank est revenu de la guerre, amputé d'une main certes, mais vivant. Cela sera-t-il suffisant pour conjurer le sort ? A moins que cela vienne de cet inconnu, ce vagabond muet qui joue de la flute comme un virtuose ?

Un roman sombre sur les superstitions, les préjugés, la xénophobie. La tragédie se met en place lentement comme les premières feuilles d'automne. On la devine dès le prologue avec la découverte de ce crane. La première feuille, tombée bien avant les autres, et pourtant déjà annonciatrice d'un cycle immuable. Les descriptions de la nature sont superbes, même si elles concourent à cette atmosphère pesante. Au milieu de toute cette noirceur, la jeune Laurel ressemblerait presqu'à un arc en ciel. Elle, si lucide, si courageuse, si touchante, semble vivre en suspension au milieu de cette nature, en attente de quelque chose, en attente que sa vie commence peut-être…

« Si vous ne pouviez pas croire que deux ou trois bonnes choses peuvent vous arriver dans la vie, alors comment continuer ? »

On a beau tenter de s'agripper aux étoiles qui passent, on est inévitablement aspiré dans un trou noir.
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