AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Yaena


En pleine seconde Guerre Mondiale Hank, ancien soldat à qui il manque une main, s'occupe de la ferme familiale en compagnie de Laurel, sa soeur. Celle-ci porte une tâche de naissance qui dans les contrées reculées est encore perçue comme une marque du diable. Beaucoup la considèrent comme une sorcière. Autant vous dire que seule, dans un vallon sombre peu propice à faire pousser quoi que ce soit de comestible, Laurel en a bavé quand son frère était au front.

Seul Slidell un vieil homme au coeur brisé mais toujours débordant d'humanité n'a que faire de ces idioties. Laurel et Hank il les aime comme ses enfants et ils le lui rendent bien. Mais Hank et Laurel sont jeunes et aspirent à autre chose qu'une vie de labeur dans ce vallon qui semble maudit. Une terre qui prend mais qui offre si peu. Cette terre d'ombre où rien ne pousse, où tout meure. D'autant que ce décor et cette désolation ne font qu'alimenter les préjugés sur Laurel et la malédiction qui soit disant l'accompagne. Alors quand entre en scène un jeune homme inconnu, tout le monde se prend à rêver à un avenir meilleur.

Sous ses airs simples et sans prétentions ce roman est d'une grande beauté. Pas de remue-ménage, ni de scènes mouvementées. Lire Ron RASH c'est arrêter le temps. Au milieu de cette nature sauvage et revêche, il nous incite à regarder la vie qui s'écoule au rythme d'une rivière, d'une saison, du son d'une flûte. Il nous invite à apprécier chaque instant même le plus insignifiant et coutumier. A prendre conscience des bonheurs simples. Mais au-dessus de nous plane aussi cette ambiance feutrée, parfois étouffante, et cette menace à la fois insaisissable et omniprésente. Toujours sur le qui-vive mon coeur se serrait à mesure que je sentais l'inéluctable se rapprocher, mais j'étais loin du compte.

Ron RASH nous décrit aussi un tableau sombre de l'être humain, de sa couardise et de sa bêtise. La peur de l'autre de l'inconnu et de la différence n'a jamais amené rien de bon et pourtant cela perdure. Il y a quelque chose de presque palpable dans cette haine latente qui anime les envieux ; frustrés par ce qu'ils ne seront jamais et avides de le détruire pour ne plus l'avoir sous les yeux et ne plus en souffrir : le courage, la force, la fierté, la ténacité... peu importe.

J'ai aimé cette plume mélancolique et poétique. Il y a quelque chose de pure et de viscéral dans ce récit. Habitée par les mots, enveloppé par l'ambiance, c'est une lecture qui se vit.

Commenter  J’apprécie          7128



Ont apprécié cette critique (66)voir plus




{* *}