Enfant, mon livre d'histoires préféré narrait les plus mémorab
les aventures du Baron de Münchhausen.
Lorsque j'ai remarqué que les aventures du Baron recueillies par
Rudolf Eric Raspe figuraient dans la sélection Masse Critique, j'ai bondi sur cette occasion de titiller mes souvenirs d'enfance tout en redécouvrant un classique de la littérature allemande dans son intégralité.
C'est pour ne rien gâcher un superbe ouvrage que publient là les Éditions du Lampion. Très beau papier, mise en page agréables, et surtout superbes illustrations de
Ronald Searle, connu pour avoir assisté au procès de Nüremberg et imaginé Saint Trinian, école dont les turbulentes élèves ont inspiré plusieurs films.
Son dessin imaginatif aux traits déliés correspond à merveille au personnage surréaliste, et pourtant bien réel, qu'était le Baron de Münchhausen.
Les anecdotes de cet aventurier fantasque, quant à elles, ont inspiré aux médecins le syndrome de Münchhausen, une pathologie consistant à mentir pour attirer l'attention. Jugez plutôt : le Baron est allé deux fois sur la Lune, dont une fois en bateau, a séduit Vénus ce qui lui a valu d'être chassé par Vulcain, et galopé sur un demi-cheval.
J'ai tiré de ce récit (traduit en français par
Théophile Gautier, s'il vous plaît) une réflexion sur les procédés littéraires visant à asseoir la crédibilité d'un récit, qui s'inscrit bien dans la continuité de mes dernières lectures. Pourquoi après tout passer des centaines de pages à faire l'étalage d'un savoir encyclopédique sur une espèce toute entière ou insister longuement sur le scepticisme du narrateur en émaillant l'intrigue d'adresses réalistes, lorsqu'on peut se contenter d'envoyer le lecteur dubitatif vérifier par ses propres moyens ?
Lien :
http://stendhal-syndrome.fr/..