Citations sur À l'ombre des arbres millénaires (9)
Les mots nous élèvent et nous font chuter, Raami. C'est peut-être la raison pour laquelle je préfère ne pas trop en dire.
Nous sommes tous des mendiants, m'a dit mon père. Peu importe que l'on soit vêtu de loques, d'une robe safran ou de soie. Nous demandons tous la même chose à la vie.
J'étais peut-être née princesse, mais ce mendiant, cet aveugle, qui était probablement né dans la pauvreté et avait sans doute beaucoup souffert, décelait assez de beauté dans l'existence pour vouloir continuer à vivre. Il méritait notre plus grand respect. Sa vie était aussi noble que la nôtre, que celle de tout un chacun, et nous étions tenu de reconnaître sa dignité.
...poussée par le vent elle s'élevait, devenait de plus en plus insaisissable et éthérée, à peine visible, et elle finit par disparaître. Toute la tristesse sembla se dissiper, s'évanouir comme si elle n'avait jamais existé.
Et depuis que j'avais appris à voir les choses au-delà de leur apparence, pour ce qu'elles signifiaient, j'avais compris que, même quand il pleuvait, le soleil pouvait briller et le ciel offrir un spectacle infiniment plus beau que des nuages blancs sur un fond bleu, que les couleurs pouvaient jaillir au moment le plus innatendu.
Et ainsi, tandis que je naviguais sur le terrain humain, que je négociais ma survie, je commençai à appréhender ce que Pok avait voulu me faire découvrir le jour de notre promenade dans les rizières où il me montrait ce qui se passait sous la surface - que, dissimulés dans la monotonie apparemment imperturbable du monde rural, existait des gens qui à l'image des sangsues aiguilles se nourrissaient de sang et de destruction. Pour survivre à mon déracinement et à ma transplantation, il me fallait grandir et m'étirer comme une jeune pousse de riz. Je devais m'élever au-dessus du bourbier et de la fange, au-dessus de la sauvagerie de mon environnement tout en ayant l'air de m'y épanouir.
C'était elle, je m'en souvenais, qui m'avait fait découvrir mon premier arc-en-ciel, pointant son doigt vers le ciel, où des gouttelettes de pluie miroitaient sous les rayons du soleil, en s'exclamant : "Regarde, ma chérie, un toboggan! ".
Et depuis j'avais appris à voir les choses au-delà de leur apparence, pour ce qu'elles signifiaient, j'avais compris que, même quand il pleuvait, le soleil pouvait briller et le ciel offrir un spectacle infiniment plus beau que des nuages blancs sur un fond bleu, que les couleurs pouvaient jaillir au moment le plus inattendu.
Elle avait fini par raccourcir ses longs cheveux bruns et maintenant les pointes lui frôlaient à peine les épaules. Vraiment révolutionnaire, pensais-je. Je songeai que son épaisse chevelure lui avait pesé, de la même manière que devait lui peser sa tristesse. Mais elle ne pouvait pas couper la tristesse.
La poésie fonctionne de cette manière, disait papa. Elle peut venir à toi dans une inspiration, s'évanouir à nouveau en un battement de cils, et au début tout ce que tu auras c'est :
Un vers se faufilant dans ton esprit
Comme la queue d'un cerf-volant d'enfant
Sans rime ni raison
Puis, ajoutait-il, vient la suite -- le cerf-volant, l'histoire elle-même. Une entité complète.