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Critique de motspourmots


Comment résister à un tel titre ? Déjà un roman à lui tout seul... Vincent Ravalec, je connaissais de nom, je n'y avais jamais goûté et voilà que je découvre que nous sommes dans la même catégorie des "en train de devenir vieux et pas franchement ravis à l'idée". Écrire là-dessus ? Sujet casse-gueule qui nécessite une dose d'autodérision, un brin d'humour si possible pas lourdingue et un peu de fond histoire d'éviter l'empilement de clichés. J'y suis donc entrée sur la pointe des pieds, je me suis détendue au fur et à mesure, j'ai bien ri mais pas que.

Il fallait déjà soigner la posture. L'auteur est écrivain, pas vraiment porté sur l'auto-fiction (moi non plus ça tombe bien) ce qui l'aide certainement à trouver le recul nécessaire pour lui permettre de se regarder comme un personnage. Un écrivain donc, qui ne roule pas sur l'or (pléonasme me direz-vous) et ressent l'approche de la soixantaine comme une réelle menace. Une hanche qui lance, un corps qui se relâche, un milieu professionnel en pleine tourmente, des mouvements sociétaux qui le fatiguent et un gap générationnel de plus en plus difficile à combler. Voilà pour le "pauvre vieux" et le "monde hostile" du titre. Mais notre homme est bien décidé à faire face et trouver enfin les idées qui lui permettront de s'assurer un peu plus de sécurité au moment de la retraite, corollaire du vieillissement. Ce n'est pas une pandémie mondiale qui va l'arrêter, ni la sensitivity reader que son éditrice a embauchée pour veiller à ce que ce livre qui s'écrit sous nos yeux ne heurte aucune sensibilité.

Le fond est bien là sous la forme des défis qui attendent notre héros contraint de s'adapter à l'évolution des moyens de promotion du livre (d'ailleurs, ce titre... pour le référencement web c'est pas top) mais également à sa posture de "mâle blanc dominant" susceptible de lui causer des problèmes inédits. Quant au volet financier, il est l'occasion d'une incursion savoureuse dans le nouveau concept de "silver economy" pour en admirer le délicieux cynisme. Pennac avait rédigé son Journal d'un corps, Ravalec élargit le sujet et lui offre un update 2.0.

Voilà un bouquin qui devrait parler à tous les plus de cinquante ans (ça tombe bien ce sont eux qui achètent les livres) un peu ahuris face aux images que leur renvoient leurs écrans (ce monde est dingue) et leurs miroirs (non, c'est moi ça ?), qui se demandent comment on en est arrivé là mais refusent de désespérer et se disent qu'il vaut mieux en rire, surtout lorsque la conscience de la mort se fait plus prégnante. A ce stade, je pense aussi qu'il vaut mieux commencer l'année en riant, on ne sait pas ce que nous réservent les jours suivants.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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