Totalement adepte de James dont je trouve l'oeuvre classieuse, raffinée et intelligente, la proposition m'était alléchante de le lire associé à
François Ravard dont j'avais parcouru avec plaisir « La faute aux chinois » et « Didier, la 5è roue du tracteur ». Contrairement à certaines critiques, je trouve que cette association de malfaiteurs fait mouche ici !
Le duo tiraille la grande bourgeoisie, confronte souvent l'austérité du peuple avec l'épicurisme des gouvernants, ironise sur nos dirigeants, secoue les politiques, évoque les grands problèmes du monde actuel avec humour, fracas et justesse. le pauvre est souvent vu comme un sujet d'étude pour les riches, le petit peuple s'expose au musée, s'étudie, divertit la noblesse observatrice. Je trouve cela souvent caricatural, mais brillant, dur, tragique et inspirant.
Inconditionnel des dessins de presse, si l'on n'évite pas certaines approches déjà vues ailleurs ou que l'on s'approprie certains stéréotypes, c'est toujours à juste titre, pour servir une idée. On évite ici le plagiat et la redite, par la joliesse des tournures de phrases, le traitement non voyeuriste des misères et la « petite vanne » en plus, qui vient souvent après la chute, propre à James, qui ajoute en plus-value.
Certains dessins livrent leur message d'une phrase, d'une situation, à la
Sempé. D'autres se développent sur plusieurs strips, à la
Sempé (que voulez-vous, cet homme a tout fait :-p ). Bref. Ça me plaît, me parle, suscite chez moi des réflexions en masse, la prise de la plume, des envies militantes, j'en redemande, encore et encore.