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Critique de Kenehan


Avant de démarrer ma chronique je tiens à remercier Babelio et les éditions Presses de la Cité pour cette lecture à la croisée des EMI et des mythes celtes.

Je vais rentrer directement dans le vif du sujet. Inutile de tourner autour de ce vieux chaudron mystique. Ce premier roman de Sophia Raymond m'a laissé une double impression : la première n'est pas bonne du tout et la seconde est plus clémente. Pour faire clair, la première moitié du livre m'a agacé avec ses nombreux défauts alors que dans la seconde partie, le récit a pris suffisamment le dessus pour que je ne lâche plus l'histoire.

Les personnages :
Ce sont tous des caricatures. Autant les personnages principaux que secondaires. Ce sont des portraits types qui collent parfaitement à ce genre de roman historico-ésotérique. Peu recherchés, sans profondeur, et connu de tous tellement ils sont usés jusqu'à la corde. Malheureusement, le concept de vie antérieure n'apporte rien à leur banalité. Entre le beau journaliste, célibataire endurci, sceptique (mais pas vraiment en fait), ambitieux, à la carrière prometteuse ; la charmante illustratrice hantée par des visions infernales, claustrophobe (mais pas tant que ça en fait), fragile et torturée ; le grand méchant milliardaire condamné par un cancer en quête d'immortalité (et qui fait presque office de figurant tellement ses apparitions se font rares) ; l'homme de main robotique, tueur à gage sadique, aussi froid qu'un iceberg et peu loquace ; le duo de flic suffisamment stupide pour tout gober et s'empêtrer dans des hypothèses fondées sur aucun élément tangible ; etc.
A cela s'ajoute les personnages-objets, ceux que les auteurs utilisent clairement pour leurs desseins avant de les jeter aux ordures (ou de tout simplement les tuer…).

Le style :
Sophia Raymond a un style très simple. Elle va a l'essentiel, ne s'embarrasse pas de descriptions ou alors nous propose des décors attendus (cf. le bureau du professeur Bapteste = diplômes au mur, revues scientifiques sur le bureau…). Il n'y a que peu de place à l'originalité dans ce livre. Les clichés sont récurrents. C'est convenu.
Elle a un style que je qualifierais d'auto-spoilant. En d'autres termes, elle a tendance, dans sa manière de présenter les choses, à annoncer la suite du récit. Il n'y a aucun suspense, aucune subtilité, aucune surprise. C'est d'autant plus flagrant que les chapitres sont courts et que l'action va vite.
Sophia Raymond utilise également une tournure de phrase que je ne supporte plus en littérature pour conclure un passage ou un chapitre : "Et Will était loin de se douter que ce message allait bouleverser sa vie à tout jamais." (p. 25) ; "Il ignorait encore que tous ceux qui franchissaient cette frontière n'en revenaient jamais indemnes." (p. 78). C'est au mieux une forme de spoiler.
L'utilisation des évènements historiques est, quant à elle, plutôt bonne bien que certaines coïncidences sont parfois un peu poussives, même pour un récit de vie antérieure.

L'histoire :
C'est probablement ce qui sauve l'honneur de ce roman.
J'ai bien aimé l'idée des EMI négatives (seule découverte pour moi ici) mais ce n'est pas assez approfondi à mon goût. Dès les premières pages, j'ai fait le lien avec le film "Au-delà" de Clint Eastwood qui traite en partie de ce sujet (et d'ailleurs, on y retrouve aussi dans ce long métrage une Cécile de France victime du tsunami de 2004 comme Anna Jensen dans ce roman).
Puis, on dérive bien trop rapidement vers le concept de vie antérieure qui n'a pas vraiment de rapport mais qui est tout aussi intéressant. Là aussi, j'aurais aimé quelque chose de moins superficiel. Mais pour cela il aurait fallu des personnages plus profonds. Sophia Raymond effleure l'idée, à travers les propos de Dervenn, que les âmes se retrouvent cycliquement que ce soit les âmes amoureuses, amicales ou ennemies. Il est dommage qu'elle ne le mette en pratique que pour l'amour entre Will et Anna. Une utilisation plus globale, avec tous les personnages, auraient pu être sympa également.
J'ai parfois eu le sentiment que Sophia Raymond mélangeait les notions de vie antérieure et d'ancêtre. C'est clairement le cas avec Will et son aïeul Thomas de Trécesson, le doute est permis avec Dervenn et son ancêtre et pour Anna c'est peu probable. Ce serait une déception que de limiter la réincarnation à une lignée. Le roman y perdrait.


Une lecture douloureuse dans un premier temps mais plus prenante par la suite. Il est dommage que tout soit si facile dans la succession des évènements. Je pense qu'à ce propos, ce qui m'a le plus gêné c'est la première et unique séance de thérapie par l'hypnose qui débloque tout comme par magie.
Les sujets abordés sont intéressants et assez originaux comme les mythes celtes (pas si souvent utilisés en littérature) ou encore les EMI et la réincarnation. Ce roman se lit vite à condition que l'on ne bute pas trop sur les défauts. Le petit plus, c'est d'avoir Google pas trop loin pour faire des recherches sur Dinas Bran (le château), le château de Trécesson ou encore l'Estrela Basilica si l'on veut mieux visualiser les lieux mentionnés. On voyage moins bien qu'avec Dan Brown, mais on voyage un peu quand même.
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