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Critique de Arakasi


Etant tombée raide-dingue, l'année dernière, du magnifique roman « le loup des mers » de Jack London et particulièrement du fascinant personnage de Loup Larsen, capitaine nihiliste aussi brutal que cultivé, c'est avec optimiste et curiosité que j'ai ouvert l'adaptation BD de Riff Reb's. Bien m'en a pris, car, dès les premières pages, j'ai été happée par l'extraordinaire travail graphique de l'illustrateur ! Chaque planche est un éblouissement, un subtil travail de colorisation et de luminosité qui subjugue le lecteur par sa virtuosité. Afin de renforcer les différentes ambiances de son album, Riff Reb's a choisi une gamme chromatique par chapitre, alternant couleurs froides et chaudes : bleu sombre pour les nuits maritimes étoilées, rouge sang pour les déchainements de violence, etc… Sans verser dans l'hyper-réalisme – style que je n'apprécie guère en bande dessinée – son dessin est aussi d'une rare finesse. Très expressif et détaillé, il campe avec une égale habilité personnages et décors. Les scènes de tempête sont particulièrement superbes et immersives : on sentirait presque les vagues glacées nous fouettaient la face et le hurlement des bourrasques dans nos oreilles. À couper le souffle !

Niveau adaptation, l'album de Riff Reb's est également une belle réussite. A l'exception d'une importante (mais plutôt bienvenue) modification à la fin du récit, il reste très fidèle au roman de Jack London, reprenant la trame de l'intrigue presque scène pour scène. N'ayant pas le roman sous les yeux, je ne pourrais dire à quel point les dialogues et les confidences du narrateur sont conformes à ceux de l'oeuvre originale, mais Riff Reb's restitue indubitablement fort bien l'âpreté et l'ironie féroce de London. C'est donc un vrai plaisir que de redécouvrir, par le biais de son pinceau, les mésaventures du malheureux marin d'eau douce Humphrey van Weyden. J'ai tout de même un petit regret à formuler – un tout petit petit petit regret, je l'admets, mais qui prend à mes yeux une importance disproportionnée… – à propos de la caractérisation du capitaine Loup Larsen. Si l'auteur parvient à merveille à retranscrire l'écrasante volonté, ainsi que la puissance physique et intellectuelle de Larsen, il échoue à revanche à lui donner l'aura tragique, le fond de désespoir, qui le caractérisait chez London. Cette diabolisation excessive du personnage est probablement volontaire, mais je la trouve dommageable puisque celui-ci y perd en nuances et en subtilité.

A ce détail près, « le loup des mers » de Riff Reb's n'en reste pas moins une adaptation fort réussie, doublé d'un très bel objet qui devrait séduire tout bédéphile, même si toute ma tendresse va prioritairement au roman de London. Que voulez-vous ? Les premiers amours sont comme ça, difficiles à surpasser…
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