Citations sur Amours (187)
De la vie, on ne garde que quelques étreintes fugaces et la lumière d'un paysage.
L'amour est là, où il ne devrait pas être, au deuxième étage de cette maison cossue, protégé par la pierre de tuffeau et ses ardoises trop bien alignées, protégé par cette pensée bourgeoise qui jusque là les contraignaient, et qui, maintenant leur offre un écrin. Point de velours cramoisi, point d'alcôve confortable, mais un lit de fer et une couverture de laine qui leur gratte la peau. L'éblouissement à portée de doigts et de langues.
L’amour est là où il ne devrait pas être, au deuxième étage de cette maison cossue, protégé par la pierre de tuffeau et ses ardoises trop bien alignées, protégé par cette pensée bourgeoise qui jusque-là les contraignaient et qui, maintenant, leur offre un écrin.
Huguette, saisie par la beauté de cette musique, reste sur le pas de la porte avec son plateau. Elle écoute et, surtout, elle remarque la gravité du visage de Victoire, complètement absorbée par la délicatesse avec laquelle les notes sortent de ses mains. Poser doucement la pulpe de ses doigts sur la touche, appuyer juste ce qu'il faut pour en avoir l'âme blessée.
Ils se tiennent tous les trois, les corps battants, les cœurs à l'arrêt, s'engouffrant sans hésitation dans ce monde glissant, fiévreux, exaltant, de l'amour.
Là, les familles se rencontrèrent et se jaugèrent. Tout le monde présentait bien, les mentalités s'accordaient, les portefeuilles aussi. Une ébauche de contrat fut discutée entre hommes, et la date du mariage arrêtée à deux mois plus tard.
Dans la lumière feutrée de chez Maxim’s, les amours se font et se défont dans l’indifférence la plus totale. Céleste et Victoire en ont franchi le seuil, passant de l’extérieur bien pensant, à un intérieur où la volupté dévoile la promesse d’une vie où l’on pourrait s’aimer sans contrainte.
Mon cœur a glissé dans ton corps. Je te touche et c'est moi que je caresse, lui murmure Victoire quand elle la pénètre de ses doigts.
C'est un feu de joie, ils sont tous excités de voir les flammes s'élever. Même Huguette, qui avait du mal à cacher son désaccord tant cette idée lui paraissait saugrenue, se prend à sourire. C'est la première à applaudir lorsque Victoire, dans un geste énergique, lance un corset dans le feu.
- Ah vraiment, bravo, madame ! Vous faites bien. Vous allez enfin pouvoir respirer !
- Et je vais surtout pouvoir m'habiller toute seule !
Pierre observe Victoire. Il réalise que cette femme si élégante qui, d'une certaine manière régit leurs vies, est à la merci des mains de sa femme. Comme une enfant, chaque matin, elle a besoin d'elle pour se vêtir. Leurs existences à tous sont finalement étrangement imbriquées, c'est ce qu'il comprend tandis qu'elle jette un deuxième corset dans un grand éclat de rire. Ils sont tous dépendants les uns des autres, chacun à sa manière, liés aux us et coutumes, liés à leur rang social.
Ces balades-là, elle ne les oublie pas, ce sont ses souvenirs les plus précieux. L'insouciance de courir, de respirer l'humus et la résine des pins, de jouer à se cacher, de savourer ces moments avant de rentrer à la ferme sombre où, tout à coup, on se voûte, on se plie jusqu'à en disparaître pour échapper aux cris du père.