Whitefield était, sous bien des rapports, inférieur à Wesley; mais plus entraînant dans la prédication et plus absolu dans la doctrine, il se laissa emporter aux extrémités du calvinisme en matière de prédestination, sorte d'excès dont Wesley sut toujours se défendre. La témérité de Whitefield le rendait peut-être plus propre à tenter l'inconnu.
L'unité, dit-on souvent, est le caractère éminent de la société française et le résultat de toute son histoire. C'est un bien sans doute, mais ce bien n'est
pas sans mélange, et une bonne partie de nos tentatives de réforme politique a pour but d'atténuer les inconvénients, d'écarter les dangers de cette unité sous son nom administratif décentralisation. La religion, considérée comme institution sociale, a subi cette influence, cette sorte de nivellement qui semble dans l'esprit de notre nationalité, et peu à peu l'Eglise catholique est devenue presque tout le christianisme français.
On ne voit pas ce que cache de tiédeur et d'impuissance cette obéissance de pure imitation qui n'a rien de spontané ni de réfléchi; la foi passive n'est pas la foi vivante, et la religion imposée d'autorité n'est pas l'adoration de Dieu en esprit et en vérité. Dans le despotisme il n'y a point de patrie, disait un sage du dix-septième siècle; j'ajouterais volontiers : il n'y a point de piété.
Wesley éprouvait cependant un vague besoin d'étendre le cercle de son activité; il avait refusé la succession pastorale de son père qui venait de mourir, "Le monde est ma paroisse, " devait-il dire un jour.