Roman dur comme la langue rêche de ce paysan dont on ne fait qu'effleurer la sensibilité qu'il noie sous des tombereaux de mépris, mépris pour la femme – les femmes, Vulve, sa femme, celle qui est à lui et qu'il bat – et mépris pour les enfants – il ne sait pas les prénoms des siens – et mépris – mais est-ce vraiment du mépris ? – pour tout ce qui n'est pas ses vaches. Arrive un Portugais pour l'été. Arrive une boule assassine au ventre de sa femme. Est-ce que cela le change ? le lecteur se prend à espérer. Il se dit : pas un mauvais bougre. Puis ça retombe : un beau salaud. Tendre et violent à la fois, ce roman presque d'amour mais de haine, cette plongée dans un esprit perdu, dans les pensées sclérosées, parfois réchauffées, souvent insoutenables, de cet homme dont on devine le malheur à travers celui que sans s'en rendre compte il envoie à grandes pelletées autour de lui, ce roman glace et palpite, il bouscule. Voilà précisément ce qu'on est en droit d'attendre de la littérature.
Commenter  J’apprécie         70