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Parfaitement glauque et sordide.
Paul est un paysan frustre, primaire, violent surtout avec sa femme et ses enfants, sauf avec ses bêtes.
On est au plus profond de la campagne profonde, au plus profond d'une âme d'arriéré.
L'arrivée d'un ouvrier portugais venu pour une saison va légèrement modifier sa perception des choses, des gens et de la vie.
le tour de force de ce roman est d'être écrit à la première personne, c'est Paul qui raconte sa vie, sa ferme, sa famille. Et il parle vraiment avec les tournures de phrases du paysan arriéré qu'il est.
le pire c'est que j'en connais un comme lui. Fort heureusement, il est célibataire.
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Roman dur comme la langue rêche de ce paysan dont on ne fait qu'effleurer la sensibilité qu'il noie sous des tombereaux de mépris, mépris pour la femme – les femmes, Vulve, sa femme, celle qui est à lui et qu'il bat – et mépris pour les enfants – il ne sait pas les prénoms des siens – et mépris – mais est-ce vraiment du mépris ? – pour tout ce qui n'est pas ses vaches. Arrive un Portugais pour l'été. Arrive une boule assassine au ventre de sa femme. Est-ce que cela le change ? le lecteur se prend à espérer. Il se dit : pas un mauvais bougre. Puis ça retombe : un beau salaud. Tendre et violent à la fois, ce roman presque d'amour mais de haine, cette plongée dans un esprit perdu, dans les pensées sclérosées, parfois réchauffées, souvent insoutenables, de cet homme dont on devine le malheur à travers celui que sans s'en rendre compte il envoie à grandes pelletées autour de lui, ce roman glace et palpite, il bouscule. Voilà précisément ce qu'on est en droit d'attendre de la littérature.

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"Rapport aux bêtes" est un huis clos pesant, écrit à la première personne dans le langage bien particulier de Paul, le personnage principal dont on suit le cours des pensées. Paul est un paysan "fruste et violent", comme le dit la quatrième de couverture. Plus à l'aise dans son rapport aux bêtes, que dans son rapport aux humains, il donne à ses vaches toute l'attention et l'empathie qu'il est incapable de procurer à sa femme, réduite à sa fonction reproductrice et à ses enfants, nuée parasite et encombrante, aux contours flous.
Lorsque Jorge, l'ouvrier portugais engagé pour l'été, arrive à la ferme, Paul semble s'humaniser peu à peu.

Paul fait partie de ces paysans "à l'ancienne", caricaturaux. Se tuant à la tâche, battant sa femme, refusant de voir le mal qui grandit en elle, il vit dans l'isolement. Paul peut passer une nuit entière au chevet de sa vache qui met bas, mais est incapable de visiter sa femme à l'hôpital. Il connait chacune de ses vaches et veaux par leur prénom, mais ne connait pas celui de ses enfants et semble avoir oublié celui de sa femme, qu'il appelle "Vulve".
Paul passe une main affectueuse sur le dos de ses bêtes, tandis que de l'autre il cogne sur sa femme ou ses enfants. Paul aime ce qu'il comprend, ce qu'il contrôle, ce qu'il peut dominer et maîtriser : les bêtes, les champs, la ferme. L'être humain, avec ses humeurs, ses sentiments, lui échappe complètement. Il réduit donc son rapport à l'humain au strict minimum, tentant d'y amener un semblant d'ordre par le seul langage qu'il connait, celui de la domination et des coups.

L'arrivée de Georges (et non Jorge, on est en Suisse ici!) va agir comme une intrusion du monde extérieur et bousculer l'équilibre précaire de la ferme. Bien bâti, travailleur et dur à la tâche, George bénéficie de ce fait d'une certaine forme de respect de la part de son patron. Avec son verbe facile, sa chaleur du Sud, son instruction, l'ouvrier va insensiblement humaniser le paysan. Avec Vulve tout d'abord, qui semble prendre une place nouvelle au contact de George, allant même jusqu'à réveiller un sentiment de jalousie chez son mari. Éberlué, Paul découvre les besoins de sa femme. Admet cette maladie qui lui ronge le ventre. Et accepte de la faire soigner, allant même jusqu'à lui aménager une chambre pour sa convalescence. Durant une saison, il se prête gauchement aux jeux des relations humaines et de la vie de couple, butant sans arrêt contre ses propres limites, qui semblent impossible à repousser. Et puis, arrivé au terme de son contrat, Georges repart, laissant derrière lui Paul, Vulve, et leur isolement, dans une scène finale qui résonne comme un écho à ce texte de Ramuz, http://pages.infinit.net/poibru/ramuz/citation/livretfamille.htm

Le langage de Paul est aussi brut que son personnage. La syntaxe est approximative et les tournures de phrases souvent tordues. Passée la surprise des premières pages, on se laisse emporter par la poésie et le rythme particulier de cette langue paysanne. Noëlle Revaz a vraiment accompli un travail remarquable au niveau du style, inventant quasiment une langue nouvelle. Ce n'est pas "beau", mais c'est puissant et cette brutalité langagière sert merveilleusement bien le récit.

On n'arrive pas à aimer Paul, on n'arrive pas non plus à le détester totalement. On rit, parfois un peu malgré nous, face au caractère désespérant de Paul, qui malgré ses tentatives, semble incapable de dépasser sa vraie nature. On va même parfois jusqu'à s'attendrir. Mais "Rapport aux bêtes" reste un roman désabusé qui laisse peu de place à l'espoir. Poignant et remarquable.
Lien : https://pointplume.blogspot...
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Mille merci à ma copine Lulu qui m'a fait découvrir ce livre qui m'a permis de faire la connaissance du Paul, de la Vulve et et du Georges.
Si Noëlle Revaz veut bien nous donner de leurs nouvelles, je serais pas contre de gaspiller la pièce en achetant les feuilles de papier qui narre leur vie de l'intime.
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Paul est agriculteur ancienne génération, vissé au travail de la ferme, aux horaires étirés, au labeur de toutes saisons, attaché à ses bêtes plus qu'à sa famille. Il néglige ses enfants et encore plus sa femme, inconsidérée et si dévalorisée à ses yeux qu'il se permet de la battre allègrement. Un jour il accueille Jorge, un ouvrier agricole venu du Portugal pour l'aider une année aux travaux de l'exploitation. Il dort dans la serre parce que c'est mieux ainsi même si la chambre de feu le grand-père est inoccupée. Entre hommes ils discutent mais Paul ne veut pas céder à ce discours qui lui demanderait d'être à l'écoute de son épouse, de s'ouvrir aux sentiments, de l'accompagner dans sa maladie...

Ce roman, c'est d'abord un style oral très torturé, très incorrect, et très travaillé par l'auteur, d'un bout à l'autre du livre, pour retranscrire les pensées de cet agriculteur caricatural. Il en ressort très choquant et c'est presque insupportable de voir qu'il appelle sa femme Vulve, et qu'il considère ses enfants comme une banale portée. L'auteure utilise très subtilement un champ lexical propre au bétail, ou à la limite, lorsque ce narrateur évoque ses semblables. Ce style très particulier peut être difficile à suivre, mais je l'ai accepté et j'en ai admiré la cohérence et l'improbable familiarité.

(la suite sur le blog)
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Un livre et un langage très dur !
Mais je me suis infiniment attachée à ces personnages et cette ambiance paysans.
J'ai dévoré ce livre avec beaucoup d'émotion.
Un monde tellement loin du mien... et pourtant si proche.
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Acheté lors de la « Fête du livre de Saint-Etienne 2010 » car l'auteure était en résidence pour l'année, j'ai voulu essayer.

Le narrateur est Paul, le fermier -pas agriculteur, car il s'occupe de sa ferme à l'ancienne- avec sa façon bien particulière de s'exprimer comme le suggère le titre. A la longue, sur 273 pages, c'est fatiguant, et la lectrice que je suis aurait bien eut besoin de pauses.

Sans oublier qu'il appelle sa femme « Vulve », si, si : amis de la poésie, bonjour. Ceci également, au bout de quelques pages, cela devient lassant et limite énervant.

Car le personnage principal n'évolue pas, malgré Georges, l'universitaire-employé de ferme-portugais, qui tente de faire avancer les choses ; malgré la maladie de sa femme qu'il ne va même pas voir à l'hôpital et lui fait passer une lettre par Georges dans laquelle il parle... de la ferme.

Sans oublier qu'il bat sa femme et ses petits allègrement, qu'il vit dans le culte du Père mort et dont il va nettoyer la chambre régulièrement. On finit par comprendre que ce brave Paul n'en a pas trop dans le cabochon, ne comprend pas le monde dans lequel il vit, et que ça lui va bien.

Presque un roman sans issue et qui aurait mérité d'être plus court.

L'image que je retiendrai :

Celle de la fête organisée pour le retour de Vulve mais auquel Paul n'assiste pas car une vache met bas à ce moment-là.
Lien : http://motamots.canalblog.co..
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Ce livre est un monologue rendant les pensées du narrateur. Il raconte une saison de la vie de Paul, paysan engoncé dans son petit monde, brute au coeur tendre qui s'émeut aux larmes devant la nature et en particulier devant ses vaches bien-aimées. Mais qui est, en revanche, profondément méfiant face aux autres être humains, qu'il suspecte systématiquement d'être paresseux et malhonnêtes. Sa femme, devenue telle un peu par hasard et sur un coup de tête (un viol initial), ne fait pas exception. Il l'insulte et la frappe régulièrement et trouve cela normal. Ses enfants, qu'il ne connaît pas vraiment, ne font pas non plus partie de ses préoccupations. Un ouvrier portugais, présent pour l'été, homme apparemment charismatique et avenant, va l'inciter à devenir un peu plus empathique et à montrer ses sentiments. Avec un succès vraiment très mesuré.
La langue construite par Noëlle Revaz pour rendre les pensées de Paul peut désarçonner un peu le lecteur. Grammaire approximative, parfois vulgarités, avec aussi des mots d'un registre supérieur ("ostentation", "ténèbres", "étioler"...). ça donne un mélange étrange, qui reste bien compréhensible, mais comme tiraillé entre la caricature d'un parler paysan sommaire, un peu idiot, et des pensées plus subtiles. C'est un exercice difficile, aussi bien pour l'auteure, je suppose, que pour le lecteur. On s'y habitue et après 20 ou 30 pages, on le lit sans plus aucun effort. Mais j'ai quand même trouvé ça lassant. Je me suis un peu forcé à lire les derniers chapitres et je trouve le livre un tantinet surévalué. Bref, ce n'est pas une lecture très légère. Si vous avez aimé Musso, passez votre chemin. Mais dans l'ensemble, j'ai apprécié cette expérience littéraire et l'effort de l'auteur pour se mettre dans la peau de ce personnage pétri de petitesse, d'ignorance, de fermeture d'esprit et de mesquinerie.
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j'ai déjà fréquenter des " Paul " pour qui les bêtes étaient plus importantes que le reste mais son parler trop rustre est insupportable sur 270 pages , j'aurais préféré entendre aussi les autres personnages, leurs points de vue pour casser ce monologue.
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Une écriture dépouillée à l'extrême, des mots qui sonnent justes, un univers rural rude voire brutal. Noëlle Revaz parvient à insuffler une vraie humanité à ses personnages. A découvrir pour l'atmosphère déroutante et étonnante.
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