le mensonge de l'Autre est parfois nécessaire pour aboutir à sa propre vérité.
Nos possessions nous possèdent.
Les deux salons d'attente étaient toujours aussi encombrés de patients abîmés dans leurs réflexions. On ne peut décrire que ce qu'on imagine? J'étais là pour être ailleurs : même en faisant un effort, je ne me souviens de rien. Ni de la couleur des murs, ni du nombre de chaises, pas davantage que je me rappelle la position des lampes - y avait-il des lampes ? -, la teinte de la moquette ou l'emplacement des guéridons.
Même l'ennui m'était devenu jouissance, l'ennui surtout, qui m'avait enseigné cette vérité : 'On est ce qu'on fait" pour le regard de l'Autre, pour le sien, "On est ce qu'on jouit"'.
Un menteur dit : "Je mens."
En disant : "Je mens", il dit la vérité.
Donc, en la disant, il ne ment plus. Dans ces conditions, il ment encore, mais s'il ment, ce n'est que parce qu'il dit la vérité en avouant être un menteur.
Par conséquent, disant la vérité lorsqu'il reconnaît mentir, il redevient menteur en prétendant qu'il ment.
Conclusion : On peut mentir parce qu'on dit la vérité, et inversement, dire la vérité lorsqu'on ment.
Je n'avais qu'à m'installer dans le provisoire que j'avais construit.
Jusqu'à ce que la mort m'en chasse.
Dans les premiers temps d'une immersion totale, l'analyse provoque un dangereux état de tension qui se traduit d'abord par une perte du sens d l'humour. Impossible de se dédoubler, d'établir entre les autres et soi l'indispensable distance du détachement où l'aumône d'un sourire vous décolle de l'absurde.
Ainsi procédaient les maîtres zen, à coups de pied.
Moins on jouit, plus on explique? Moins on comprend, plus on affirme. En ce sens, les essais sur la création sont aussi cocasses que les études sur le temps.
Je lui parlais de la fonction du saint, de l'ascèse, du renoncement, du retrait. Il haussait les épaules :
- c'est de la pure perte.