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Critique de syannelle


On commence par une citation,
" Quand on les regarde avec la distance du temps, toutes les périodes passées frappent par leur propre aveuglement. (..) Les siècles prochains auront sans doute le plus grand mal à comprendre notre aveuglement ou notre laxisme face à des problèmes que nous ne concevons même pas. La loi est éternelle, nous n'y échapperons pas."
Je viens de finir le livre de François Reynaert, et franchement, j'ai appris une tonne de choses sur des périodes de l'histoire que j'avais comme tout le monde plus ou moins vu en classe, sauf que lui les présente en tentant de garder une distance avec les évènements et à ne "donner raison" à aucun parti, comme cela se voit souvent.

En effet, l'histoire dépend du point de vue de celui qui la raconte, et qui peut se targuer de rester objectif? Ce n'est qu'en observant les faits, et aussi en analysant les points de vue différents des nôtres, très auto-centrés, que l'on peut réussir à dresser un portrait correct. Je trouve qu'il réussi bien le pari, même si je ne suis pas assez férue d'histoire pour pouvoir toujours peser le pour et le contre dans ce qu'il dit. En tout cas, ce livre regorge d'infos, et m'a relancé sur d'autres références, d'autres livres, ce qui veut bien dire qu'il rend curieux. Quoi de mieux pour un livre?

On parcourt ainsi "vingt siècles en un volume", en regardant le passé, comme le dit Reynaert, "comme on considère le présent, avec de l'esprit critique". Une première partie est consacrée à "la France d'avant la France", ou l'auteur parle tour à tour des Gaulois, des Grandes Invasions, de Clovis, de Charles Martel et va jusqu'au règne de Louis XV.

Le propos permet de se poser des questions. Ainsi, au sujet de Charles Martel: "Si les Arabes avaient gagné à Poitiers, et si, contre toute attente, ils avaient décidé d'étendre leur empire à la Gaule, celle-ci aurait-elle vraiment perdu au change?" La réponse qu'il suggère, tout aussi intéressante, provient d'un autre livre, celui de Henri Pomot et Henry Besseige: "Si les Arabes avaient été les plus fort [...]ils auraient rendu la France plus belle et plus riche. Ils auraient bâti de grandes villes et de grandes maisons [...]. En effet, les Arabes n'étaient pas des Barbares. Ils étaient plus civilisés que les Francs d'alors."

J'aime bien cette façon qu'a l'auteur de remettre en cause la manière "habituelle" dont on nous a présenté l'histoire à l'école ou ailleurs. Ne voit-on pas toujours l'histoire sous le prisme de notre nombrilisme et de notre nationalisme exacerbé?
"J'ai toujours été allergique à cette pathologie qui consiste à mettre la France au-dessus de toutes les autres nations, à la croire mère de tous les progrès, phare de toute la civilisation"

Deuxième partie, "la France monarchique" que l'on parcourt De La Renaissance aux Lumières en passant par les guerres religieuses, l'extrême violence des XVè et XVIe siècles, l'horreur des massacres perpétrés lors de la découverte des nouveaux mondes. En matière de religion, on voit qu'à l'époque, les violences étaient surtout entre protestants et catholiques, alors qu'aujourd'hui l'opprobe est contre les musulmans et l'Islam, avec le cortège d'amalgames dégradants que l'on entend. Cela fait tristement relativiser: la religion rend bien fous dans certains cas et cela ne date pas d'hier!
En ce qui concerne la "conquête" brutale et sanguinaire du Nouveau Monde, on apprend que "près de 90% de la population disparaît" autant au Mexique qu'au Pérou ou dans les autres pays conquis après l'arrivée des Européens!
Il y a tant de sujets traités dans ce livre qu'on ne peut tous les évoquer! Il faut vraiment le lire pour mesurer son utilité.

Une troisième et dernière partie traite de la France après la Révolution, et s'arrête sur notre époque désenchantée et morose. Reynaert évoque l'individualisme forcené dans lequel on vit, l'impression de sombrer dans un monde qui n'a plus vraiment de croyances, si ce n'est celle de l'argent. Il évoque les dérives du "capitalisme financier", et déclare:
"l'opinion en viendrait à douter des fondements mêmes de la démocratie: l'action politique a t-elle encore une quelconque utilité dans un monde où l'économie, les financiers et la cupidité règnent en maîtres?"
Plus loin il décrit notre France comme
" un Etat urbanisé, jouant son développement sur le secteur tertiaire, où la révolution individualiste a rendu les moeurs plus libres, les solitudes plus grandes et les solidarités plus relâchées."
J'aime bien ce portrait en guise de conclusion, même s'il est un peu sombre.
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