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Citations sur La trilogie des survivants, tome 2 : Arène deux (15)

J’ai treize ans, Bree en a six, et nous nous trouvons sur
une plage de sable fin. Mon père tient ma main et ma mère,
celle de Bree, et nous traversons tous les quatre le sable
chaud pour nous rendre à l’océan. La bruine fraîche des
vagues est tellement agréable sur mon visage, atténuant la
chaleur de cette journée d’août. Les vagues s’abattent tout
autour de nous, et papa et maman rient, insouciants. Je ne
les ai jamais vus si détendus. Je les surprends à se regarder
avec tant d’amour que j’imprime l’image dans mon esprit.
C’est une des rares fois où je les ai vus heureux ensemble, et
je ne veux pas oublier ce moment. Bree hurle de plaisir,
excitée devant chaque vague qui s’abat à hauteur de sa poitrine, par le ressac au niveau de ses cuisses. Maman la tient
fermement, et papa resserre ma main, nous retenant contre
l’attraction de l’océan.
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- Combien de temps j’ai dormi? je demande à Logan.
Il hausse les épaules.
—Peut-être une heure.
«Une heure», je pense avec étonnement.
Je vérifie la jauge d’essence et constate que le réservoir
est à moitié vide. C’est de mauvais augure.
—Tu as vu des endroits où on aurait pu trouver de l’essence? je demande.
Dès que j’ai posé la question, je constate à quel point elle était stupide.
Logan me regarde comme pour dire «vraiment?»
Évidemment, s’il avait vu un dépôt de carburant, il s’y serait
arrêté.
—Où sommes-nous?
—C’est la région où vous viviez, répond-il. J’allais te
poser la même question.
Je regarde de nouveau le fleuve, mais n’y vois toujours
rien de reconnaissable. L’Hudson est comme ça: il est si vaste qu’il est facile d’y perdre ses repères.
—Pourquoi tu ne m’as pas réveillée? je demande.
—Pourquoi je l’aurais fait?
Tu avais besoin de sommeil.
Je ne sais trop quoi lui dire d’autre. C’est ce qu’il y a avec
Logan: je l’aime bien et je sens qu’il m’aime bien aussi, mais
je n’ai pas l’impression que nous ayons beaucoup de choses
à nous dire. Le fait qu’il soit constamment sur ses gardes,
comme moi, ne facilite pas les choses.
Nous poursuivons notre route en silence, l’écume jaillissant sous la coque, et je me demande jusqu’où nous allons
pouvoir nous rendre. Qu’allons-nous faire quand nous
manquerons d’essence?
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—Je veux faire un arrêt.
Logan se retourne vers moi et me regarde comme si
j’étais folle. Je vois bien qu’il n’aime pas beaucoup l’idée.
—De quoi tu parles?
—La maison de mon père. Dans les Catskill. À environ
une heure d’ici vers le nord. Je veux y arrêter. Il y a là-bas
plein de choses que nous pouvons récupérer. Des choses
dont nous aurons besoin. Comme de la nourriture. Et... je
veux enterrer mon chien.
—Enterrer ton chien? demande-t-il en élevant la voix.
Es-tu cinglée? Tu veux tous nous faire tuer pour ça?
—Je le lui ai promis, je dis.
—Promis? rétorque-t-il. Tu as fait une promesse à ton chien? À ton chien mort? C’est une blague.
Je soutiens son regard, et il s’aperçoit rapidement que je ne rigole pas.
—Quand je promets quelque chose, je respecte ma parole. Je t’enterrais, si je te le l’avais promis.
Il secoue la tête.
—Écoute, je lui dis d’un ton ferme. Tu voulais aller au
Canada. Nous aurions pu aller n’importe où. C’était ton
rêve. Pas le mien. Qui sait si la ville dont tu m’as parlé existe même? Je te suis sur une intuition. Et ce bateau n’est pas seulement le tien. Tout ce que je veux, c’est arrêter à la maison de mon père, prendre des trucs dont nous avons
besoin et enterrer mon chien. Ça ne sera pas long. Nous
avons une bonne avance sur les chasseurs d’esclaves. Et en
plus, nous avons un petit bidon d’essence là-bas. Ça n’est
pas beaucoup, mais ça nous aidera.
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—Et le chien? demande Rose.
—Hors de question de donner de notre nourriture au
chien, dit Logan d’un ton brusque. Qu’elle se débrouille.
J’éprouve un autre élan de colère vis-à-vis de Logan,
même si je sais qu’il a raison. Pourtant, en voyant les regards
déconfits de Rose et de Bree, et en entendant de nouveau
japper la chienne, je ne peux pas supporter de la laisser
mourir de faim. Je me résigne à lui donner une partie de
mes propres rations.
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Je scrute le fleuve pour éviter de le regarder. Pendant
que l’eau s’agite au milieu du rugissement constant du
moteur, je prends conscience que je ne suis pas seulement
furieuse parce qu’il me déçoit, mais parce que je commençais à avoir de l’affection pour lui, à compter sur lui. Il y a
très longtemps que je n’ai pas dépendu de qui que ce soit.
C’est inquiétant de dépendre à nouveau de quelqu’un, et je
me sens trahie.
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J’éprouve un frisson, me redresse et regarde autour de
moi, immédiatement sur mes gardes. Il y a très longtemps
que je ne suis pas tombée endormie durant le jour, et ça
m’étonne. Je reprends rapidement mes esprits et aperçois
Logan debout, imperturbable derrière le volant, les yeux
fixés sur l’eau, remontant l’Hudson. Je me retourne et vois
Ben, la tête entre les mains, les yeux hagards, perdu dans
son propre monde. De l’autre côté du bateau se trouve Bree,
assise, les yeux clos, affalée contre son siège, sa nouvelle
amie Rose blottie contre elle, endormie la tête sur son
épaule. Son nouveau toutou, le chihuahua borgne, dort sur
ses genoux.
Je suis surprise de m’être laissée aller à dormir aussi,
mais en baissant les yeux sur la bouteille de champagne à
demi pleine dans ma main, je prends conscience que l’alcool, que je n’ai pas bu depuis des années, doit m’avoir assommée — l’alcool combiné à tant de nuits sans sommeil
et tant de journées marquées par la surexcitation. Mon
corps est si tuméfié, si douloureux qu’il doit s’être endormi
de lui-même. Je me sens coupable: je m’étais promis de ne
plus quitter Bree des yeux. Mais tandis que je regarde
Logan, sa présence si rassurante, je me dis que je dois m’être
sentie suffisamment en sécurité près de lui. Sous certains
aspects, c’était comme si mon père était revenu. C’est peut-
être la raison pour laquelle j’ai rêvé de lui.
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Ça m’inquiète aussi qu’il ne veuille pas m’accompagner jusqu’à la maison de mon père. Je n’y avais pas
pensé. Je sais que Ben ne voudra pas venir et j’aurais
apprécié un peu d’aide. Quoi qu’il en soit, je suis quand
même décidée. J’ai fait une promesse et je vais la tenir avec
ou sans lui.
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Je pense à la maison de mon père, un peu plus loin en
amont. Nous allons passer tout près. Et je me souviens de
ma promesse faite à mon vieux chien Sasha de l’enterrer. Je
pense aussi à toute cette nourriture là-haut, dans ce chalet
de pierre —nous pourrions la récupérer, et elle nous alimenterait pendant des jours. Je pense aussi à tous les outils dans le garage de papa, à toutes les choses qui pourraient nous être utiles, sans parler des vêtements de rechange, des
couvertures et des allumettes.
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Logan ralentit le bateau à mesure que nous nous en
approchons. Notre vitesse descend rapidement, et notre
hors-bord se balance violemment. Des fragments de métal
tordu se dressent dans toutes les directions, et Logan louvoie entre eux, créant son propre petit chemin. Je lève les
yeux tandis que nous passons sous les vestiges du pont. J’ai
l’impression qu’il s’élève à des centaines de mètres, une
sorte de témoin de ce que l’humanité a déjà été en mesure
de faire avant que nous commencions à nous entretuer.
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Je parcours des yeux l’horizon: l’Hudson ressemble à
une vaste mer. Nous progressons en son milieu, loin des
deux rives, Logan nous tenant sagement éloignés de tout
prédateur éventuel. Les souvenirs me reviennent, et je me
retourne immédiatement, cherchant un quelconque signe
des chasseurs d’esclaves. Je n’en vois aucun.
Je regarde devant nous et n’aperçois pas de navire non
plus. Je regarde les rives et n’y vois aucun signe d’activité.
C’est comme si nous avions le monde à nous seuls. C’est à la
fois réconfortant et désolant.
Lentement, je me détends. J’ai l’impression d’avoir dormi
pendant une éternité, mais d’après la position du soleil,
nous ne sommes qu’au milieu de l’après-midi. Je n’ai pas pu
dormir plus d’une heure. Je cherche alentour quelque repère
familier. Après tout, nous approchons d’où nous habitions,
mais je n’en vois aucun.
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