Dans la forêt

Ça m'a fait penser à ces poupées avec des têtes en porcelaine, à l'ancienne, on s'extasie sur leur beauté, personnellement, je les trouve totalement morbides et glauques. Lionel Richerand semble partager mon avis, avec son conte gothique il nous propose un conte noir, gothique à l'extrème, une histoire esthétisante, baroque, d'une préciosité assumée.
Dans une manoir cernée par une forêt magique, vit une femme et sa fille et leur personnel. Un jour, la fille s'enfuit dans la forêt, elle va faire des rencontres effrayantes et va découvrir un terrible secret de famille.
Le conte en lui-même est assez classique, c'est l'invention graphique qui en donne toute sa saveur. Les illustrations sont travaillées avec beaucoup de minutie, pleines de couleurs naturelles mais intenses. Des traits noueux, emberlificotés de façon végétale et viscérale accentuent l'aspect inquiétant du récit, les êtres magiques sont impressionnants, beaux et terrifiants, et certains sentiers de forêt semblent trouer la feuille. L'histoire se finit à la page 66, sur 120, il reste tout un catalogue, bestiaire merveilleux sur le reste du livre.
L'auteur laisse libre cours à son imagination, c'est un livre pour la beauté du geste, sans autres prétentions que d'inventer un conte avant tout graphique, se faire plaisir, flatter l'oeil, le regard. c'est juste une déambulation dans un univers original, poétique et gothique, enfantin et morbide.

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Anna a des yeux de poupée. Rose, une véritable poupée aux yeux aussi grands que ceux de sa maîtresse est sa seule amie et confidente. Entourée de sa mère et de sa bonne, la fillette étouffe dans l'atmosphère pesante d'un triste manoir anglais du XIXème siècle. Anne rêve de toucher les bestioles de la forêt proche, de véritables horreurs selon sa mère. Son souhait est réalisé par des crapauds qui voit en elle une princesse et kidnappe sa chère Rose pour l'obliger à les suivre dans cette forêt.
La suite est un conte fantasmagorique. un cauchemar pas si méchant que Anna suit de ses grands yeux éveillés. Un conte écrit pour elle bien avant sa naissance et que la forêt veut lui faire partager.

Un conte assez particulier car souvent absurde et qui mélange les récits dans une seule histoire. Les dessins sont particuliers, d' un style qui peut paraitre enfantin et fouillé à la fois. Mais on est dans un conte , alors tout est permis. Et si nous allions nous aussi nous rendre dans les bois?

Anna est une petite fille étrange qui laisse trainer ses poupées partout dans sa maison. Mais la vérité est que ces dernières lui servent à garder un oeil sur ce qui l'entoure. de plus, elle n'a que peu le droit de sortir de la maison car la forêt est trop présente dehors.
Un soir, sa poupée, Rose, est enlevée par des crapauds charmants.... mais dans quel but ?

J'ai beaucoup aimé ce volume. le graphisme donne une inquiétante étrangeté à l'histoire, crée même la plus grosse part de l'atmosphère de celle-ci.
L'histoire en elle même n'est pas originale, mais l'originalité est présente dans les petits détails comme les différents personnages de la forêt qui ne sont développés que dans le guide de cryptozoologie présent à la fin du volume.
Un vrai régal pour les yeux et pour le moral qui m'a bizarrement fait penser à Princesse Mononoké !
Je déplore uniquement la fin qui fait sens mais que j'aurais voulu moins ouverte... cette BD n'en reste pas moins un magnifique récit allégorique de passage à l'adolescence !